Acura TSX 2010 , bravo pour le V6 après tout
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La première Acura TSX était nul doute la plus européenne des berlines japonaises offertes chez nous. Rien d’étonnant puisqu’il s’agissait d’une version de la berline de taille moyenne que Honda destinait aux acheteurs d’outre-Atlantique qui sillonnent des routes plus étroites, aiment conduire et n’ont pas le complexe et la fixation nord-américaines pour les grosses cylindrées et les moteurs en V.
Ce clone virtuel de l’Accord européenne était plus svelte que sa cousine américaine et effectivement propulsé par un quatre cylindres de 2,4 litres et 200 chevaux brillant comme sait également les cuisiner le motoriste exceptionnel qu’est Honda pour sa division luxe et performance. Élégante, fine et agile, la première TSX fut lancée en 2004. Elle connut un succès de critique et d’estime mais ne devint certainement pas un best-seller.
Plus grande et plus solide
Une TSX toute neuve a été lancée pour 2009. Inspirée à nouveau d’un modèle européen, elle était cependant plus longue de presque 7 cm, plus large de presque 8 cm et posée sur un empattement plus long de 3,5 cm. Nettement plus spacieuse, on l’a également abaissée de 1,6 cm, ce qui avantage sa silhouette, mais elle a pris 77 kilos. On a toutefois soigné sa carrosserie autoporteuse qui gagne appréciablement en rigidité, que ce soit latérale, verticale ou en torsion. Avec une servodirection électrique plus rapide, un diamètre de braquage aussi court et des suspensions retouchées, la nouvelle TSX était aussi agile que sa devancière tout en offrant un excellent confort de roulement.
La sachant toutefois animée par un moteur de cylindrée identique, on pouvait difficilement être optimiste pour les performances. Or ce quatre cylindres de 2,4 litres est un cousin des excellents moteurs qu’on trouve déjà sous le capot des Accord, Element et CR-V. Sa puissance est quasi-identique, avec une pointe de 201 chevaux à 7 000 tr/min, mais son couple légèrement supérieur est livré à un régime un peu plus bas et les rapports intermédiaires de ses boîtes de vitesses (manuelle à 6 rapports et automatique à 5 rapports) sont plus démultipliés.
Résultat en chiffres: des accélérations nettement meilleures, avec un 0-100 km/h de 8,51 secondes avec la manuelle et 8,93 secondes avec l’automatique alors que les modèles précédents bouclaient les mêmes tests en 9,32 et 10,43 secondes. Plus subjectivement, le nouveau moteur est vif et souple en reprise, un gros progrès par rapport à l’ancienne version.
La boîte manuelle est également précise et rapide à souhait avec un pommeau mince en aluminium et cuir qui rappelle celui de la regrettée Honda S2000. Il s’agit certainement d’une des meilleures boîtes mécaniques actuelles et elle est bien servie par un embrayage léger et progressif de même qu’un pédalier impeccable pour la technique du pointe-talon.
La tentation du V6
Parce que l’attrait de ventes additionnelles était nul doute trop fort, Acura a lancé une TSX à moteur V6 pour 2010. L’intention officielle était de créer un modèle qui comble l’écart entre les TSX à moteur quatre cylindres et les TL dans sa gamme. Le moteur de cette nouvelle variante est d’ailleurs celui des TL à roues avant motrices, un V6 de 3,5 litres à double arbre à cames en tête et calage variable VTEC qui produit 280 chevaux à 6 200 tr/min et 254 lb-pi de couple à 5 000 tr/min.
Le gain en performance de la TSX V6 sur ses sœurs est très net, avec un 0-100 km/h en 6,89 secondes, malgré un gain de poids total de 95 kilogrammes. C’est un peu mieux que les 7,06 secondes de la TL qui lui concède 19 kilos. La sonorité de ce V6 est superbe en accélération, avec des notes rondes et graves à moyen régime. La boîte automatique à 5 rapports est vraiment fine, avec des passages de vitesses toujours très doux et précis qu’on peut contrôler avec des manettes installées derrière la jante du volant. Pas de boîte manuelle pour la TSX V6.
Une fois encore, on pouvait craindre pour l’équilibre et la finesse appréciables de la TSX avec un moteur plus lourd et puissant sous son capot. Or, la TSX V6 s’est d’abord révélée immédiatement plus vive que la TL AWD intégrale essayée juste avant. Ça se sent dans le volant qui transmet des sensations plus nettes. Elle est moins stable, par contre, et on sent des réactions de couple nettes en accélération qui n’ont cependant rien de dramatique pour une traction aussi puissante.
Équilibre intact
À vrai dire, la TSX V6 nous est apparue aussi équilibrée et intéressante à conduire que ses sœurs. Sa direction est tout aussi fine, précise au centre et sensible, avec de belles qualités tactiles. Elle est agile, sa tenue de route est aiguisée et son train avant pointe très bien en virage. L’auto-centrage de la direction est un peu faible, par contre, et le train avant pourrait avoir un peu plus de traînée, ce qui améliorerait la tenue de cap.
Le roulement général est très bon et nettement moins ferme que dans la TL. À vrai dire, la TSX V6 offre un excellent compromis entre maîtrise et confort. Un très bon silence de roulement aussi, sur l’autoroute. Il faut dire que la qualité de son intérieur et son ergonomie n’y nuisent aucunement.
La cabine est lumineuse avec d’excellents sièges, très bien galbés et sculptés. La position de conduite est impeccable. Le volant gainé de cuir lisse est superbe et très bien taillé. Les commandes secondaires qui y sont installées sont pour la sono et le régulateur de vitesse sont superbes. Ce qui est typique chez Acura. La finition est soignée, avec des matériaux de belle qualité jusque sur les contre-portes.
Dans la même veine, les cadrans sont clairs mais la kyrielle de boutons à la console demande d’abord à être repérée et décodée. Le tableau de bord est un peu moins chargé que sur certaines Acura actuelles. C'est-à-dire qu’il n’y a pas cette profusion déroutante de boutons mais il y en encore trop pour la chaîne audio et on ne trouve aucune molette pour contrôler la climatisation.
Détails pratiques
Jumeler un téléphone Bluetooth est moins archi-facile dans la TSX que dans la TL mais on y arrive après un bref coup d’œil au manuel du conducteur. La sono est excellente aussi et le petit bouton qui permet de doser directement la luminosité de l’écran ou de carrément l’éteindre est carrément génial. C’est pourtant si simple et quasiment personne d’autre que les designers d’Acura et Honda n’y a songé.
Nous avons apprécié aussi les lampes qui s’allument directement au plafond à l’avant par une simple pression du pouce ou des doigts. Mais là il s’agit d’une bonne idée que l’on doit au Chrysler des belles années. Dans la même veine, l’image vidéo de la caméra de marche arrière, sur le modèle essayé qui était doté du groupe Technologie optionnel, devrait offrir les lignes de guidage comme plusieurs rivales.
À l’arrière, les places extérieures sont très correctes avec une assise plutôt basse mais un coussin bien taillé et assez long pour un bon maintien des cuisses. La place centrale est de celles qu’on occupe seulement pour les courts trajets. Le dossier se replie en sections asymétriques 60/40 par des tirettes placées dans le coffre mais il n’y a pas de passe-skis. Le coffre lui-même est assez volumineux et d’accès facile.
Le style et la substance
Nous en venons en terminant à la question du style de la carrosserie et surtout du dessin de la calandre. Vous la retrouverez sans doute au premier paragraphe des textes de bon nombre de mes collègues tellement elle suscite de réactions. Chose certaine, cette nouvelle calandre Acura, dont la pointe unique nous rappelle un ouvre-boîte, est controversée pour dire le moins. Elle est toutefois moitié moins accentuée sur la TSX que la TL. La partie arrière de la première est également beaucoup plus classique et assez réussie. La TSX s’est d’ailleurs mérité plusieurs des compliments pour sa beauté durant l’essai. À vous de juger, comme toujours.
Quoi qu’il en soit, la TSX V6 est une des meilleures voitures que j’aie conduites depuis un bout. Elle m’a certainement surpris. J’aimais effectivement beaucoup la première TSX et j’ai été étonné par le comportement et les performances de la nouvelle, avec le moteur quatre cylindres. Je redoutais franchement l’ajout du V6 mais son intégration est tout à fait réussie dans la TSX, ce qui est d’ailleurs assez intrigant.
L’important est de dire que la TSX V6 est une alternative plus légère et agile à la TL qui peut désormais se mesurer plus directement aux ténors allemands chez les berlines de luxe ‘junior’. C’est ce qu’il lui fallait pour sortir de l’ombre. Et la série s’enrichira bientôt d’une version familiale sport ce qui devrait augmenter encore son attrait.