Vinfast : la grande curiosité
Le Salon de l’Auto de Montréal est sur le point de s’achever. Et comme chaque année, j’y suis allé pour rencontrer le public avec qui j’aime échanger. C’est qu’en fait, les gens m’abordent en me posant des questions, souvent en vue d’un prochain achat, sans même se douter de la richesse des informations qu’ils me fournissent.
Évidemment, plusieurs questions et sujets reviennent tour à tour. Par exemple : que choisir entre les Hyundai Ioniq 5 et Kia EV6? Quel est le meilleur VUS hybride rechargeable? Crosstrek ou Corolla Cross? Ou encore : « J’ai commandé un Chevrolet Equinox EV. Peux-tu me dire quand il arrivera? ». Or, il me faut aussi admettre que cette année, les gens ont été très curieux face à Vinfast. Ce nouveau constructeur de véhicules électriques vietnamien, débarqué chez nous depuis l’été dernier, et qui multiplie les efforts pour se faire connaître du grand public.
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Alors, non seulement le constructeur est présent au SIAM, mais il est littéralement le seul à y présenter des véhicules concepts. En l’occurrence, une audacieuse camionnette baptisée Wild, laquelle se distingue notamment par une paroi arrière rabattable permettant d’agrandir la caisse de chargement en exploitant une partie du volume de l’habitacle, façon Chevrolet Avalanche. Puis, le VF 3. Un véhicule urbain fort sympathique, d’à peine trois mètres de long, et qui aurait environ 200 kilomètres d’autonomie, pour un prix estimé à moins de 30 000 $, avant que ne s’appliquent les crédits gouvernementaux.
Or, au-delà du VF 8 qui, pour l’heure, est l’unique produit disponible en concession, Vinfast présente les multisegments VF 6, VF 7 et VF 9, lesquels débarqueront prochainement en magasin, allant d’un format façon Chevrolet Bolt jusqu’au VF 9 à trois rangées de sièges, dont les dimensions se comparent à celles d’un Ford Explorer. Bref, on met le paquet.
Moi-même surpris par l’audace de ce constructeur qui ne se gêne pas pour déballer son sac en présentant à l’avance plusieurs de ses futurs produits, il convient de comprendre l’attrait du public. Un public en quête de véhicules électriques plus abordables et surtout, disponibles, ce qui est clairement le cas du VF 8. Un multisegment de taille comparable au Tesla Model Y, vendu à compter de 53 600 $ (avant l’application des crédits gouvernementaux), et disponible immédiatement. Il suffit de passer devant le point de vente de Ville Saint-Laurent, situé aux abords de l’autoroute 40 pour constater que quelques centaines d’unités y sont présentes. Et tout laisse croire qu’il en sera de même pour le VF 9, le prochain produit à débarquer d’ici le printemps.
Bien que mon intérêt pour cette marque soit surtout dirigé vers les futurs VF 6 et VF 7, aussi charmants par leur design qu’attrayants par leur format, il est évident que le VF 8 vise dans le mille en ciblant les acheteurs de Tesla, mais aussi de Ford Mustang Mach-E, de Hyundai Ioniq 5, de Kia EV6 et de Volkswagen ID.4. Un produit dont l’autonomie promise varie de 354 à 425 km, et pour lequel la facture plafonne à 63 450 $, donc 53 013 $ + taxes, en incluant les crédits applicables.
Naturellement, tout nouveau produit débarqué sur le marché et conçu à partir d’une feuille blanche doit faire ses preuves. Et dans le monde des véhicules électriques, cela vaut autant pour un constructeur ayant plus de cent ans d’histoire que pour un nouveau joueur. Je considère donc qu’il est tout aussi audacieux de se lancer dans l’aventure d’un Chevrolet Equinox EV qu’avec un produit comme Vinfast ou Fisker (une autre marque qui débarquera prochainement), parce que ces produits ont tout à prouver. Maintenant, parce que Vinfast est un nom que l’on ne prononçait guère il y a 18 mois, il est également légitime de s’interroger sur la solidité de l’entreprise.
De ce côté, rien à craindre, puisque VinGroup a les reins solides. Cette société, qui constitue essentiellement le pouls du Vietnam, pourrait sans doute manger tout rond certains autres manufacturiers bien connus. Or, les débuts difficiles de la marque chez nos voisins du Sud en raison d’une mauvaise presse jettent une première ombre au tableau, sachant que les décisions prises pour le marché canadien dépendent toujours de celles des Américains.
Et, soyons francs, le VF 8 n’affiche pas jusqu’ici un bilan parfait. C’est du moins ce que l’on peut constater à la lecture des commentaires de certains propriétaires sur le web, de même qu’après une semaine d’essais continus au Salon de l’Auto de Montréal, où le public est invité à le conduire sur quelques kilomètres.
Cela dit, est-ce que les premières Tesla étaient sans défaut? Non. Et elles ne le sont toujours pas. Ce qui m’amène à dire qu’il est difficile de recommander les yeux fermés l’achat d’un produit Vinfast, ne connaissant rien sur sa fiabilité. Or, voilà un constructeur à surveiller de très près, puisqu’en jouant bien ses cartes, il pourrait connaître un succès exceptionnel chez nous en volant des parts de marchés à des constructeurs qui n’ont pour objectif que de niveler vers le haut et qui sont réfractaires à l’électrification.
Une histoire qui n’est pas sans nous rappeler celle de Hyundai, qui débarquait soudainement en 1983 avec une petite voiture pourtant bien simpliste…