Les automobilistes payeront plus cher leurs pièces recyclées

L’exportation de véhicules accidentés et la complexité sans cesse croissante des nouveaux véhicules pourraient créer une rareté de pièces usagées qui entraînera éventuellement une hausse de prix, craint un recycleur québécois.

Éric Pellerin de l’entreprise Recyclage Pellerin a déjà évoqué la hausse sans cesse croissante du nombre de pièces et de leur complexité de plus en grande pour expliquer pourquoi il peut être difficile – voire parfois impossible – de trouver la pièce requise pour effectuer une réparation. Mais un autre facteur entre en ligne de compte : l’appétit de pays étrangers pour les voitures accidentées québécoises.

En se basant sur son expérience, M. Pellerin pense que de 20 à 30% des véhicules accidentés vendus à l’encan – et qui sont pour lui une source importante de pièces récentes – sont exportés, principalement au Moyen-Orient. « Moi-même, un petit recycleur à Plessisville, je vends à des exportateurs de 600 à 800 véhicules par année », révèle M. Pellerin. 

Modus operandi

Un exportateur souligne d’abord à M. Pellerin les véhicules qui l’intéressent dans un encan et convient avec lui d’un prix d’achat. Certains encans donnent même la possibilité à ces exportateurs d’acheter directement. 

La transaction est rapide et intéressante pour le recycleur. « Et si ce n’est pas moi qui lui vends, ce sera un autre, concède-t-il. Ça fait monter le prix des autos à l’encan et la rareté va aussi faire monter le prix des pièces. »

Plus de travail

Et avec des prix plus élevés pour des autos, les recycleurs doivent mettre davantage d’efforts à bien évaluer les véhicules. « Avant, je pouvais passer de 5 à 8 heures par semaine à l’encan. Aujourd’hui, c’est davantage 20 à 25 heures par semaine pour acheter le même volume, fait remarquer M. Pellerin. Un véhicule de 800 à 1000 $ se vend maintenant 2000 à 2500 $. Il ne faut pas se tromper, la marge d’erreur doit être réduite, sinon l’entreprise est en péril. »

Photo: Recyclage Pellerin

George Iny, de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), ne connaissait pas le phénomène de l’exportation des voitures accidentées, mais il souligne que « par le passé, le vol de véhicules améliorait la disponibilité des pièces d’occasion. »

Toutefois, comme le révélait le bureau d’enquête du Journal de Montréal en octobre, des milliers de véhicules volés sont maintenant exportés, notamment vers l’Afrique. Ils ne peuvent plus non plus alimenter le marché des pièces usagées.

« On aimerait que le gouvernement nous aide. Ça prendrait une taxe, croit Éric Pellerin. Les exportateurs ouvrent un commerce au Canada, récupèrent leurs taxes, chargent les véhicules dans des conteneurs et les envoient. Ça prendrait quelque chose pour contrer cela. »

Gagnant-gagnant

Mais les échanges avec les exportateurs n’ont pas que des impacts négatifs sur les recycleurs.

« J’ai un autre acheteur qui m’achète des mécaniques assemblées, moteur et transmission. J’en vends tous les jours. Ça va aussi au Moyen-Orient. Ici, on se débarrasse souvent d’un véhicule à cause de la corrosion. Là-bas, c’est le contraire, ils n’ont pas de corrosion, mais le sable est dur sur la mécanique. C’est bon parce que sinon on jetterait 9 mécaniques sur 10. Il n’y a pas assez de demandes au Québec. Il y a du bon et du pas bon dans l’exportation », estime Éric Pellerin.

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