Sur la route de la Carrera Panamericana avec la AMG SLS
La Carrera Panamericana c’est 8 étapes pour un total de 3100 kilomètres parcourus de Tuxtla Guitterez au Chiapas jusqu’à Ciudad Juarez dans le Nord du Mexique, une course éprouvante qui fait maintenant partie de la légende du sport automobile. Imaginée par le ministre des transports mexicain en 1950, cette épreuve démentielle allait célébrer le parachèvement de la route reliant le Mexique du Nord au Sud. Les concurrents sont venus de partout : Juan Manuel Fangio, Alberto Ascari, Giovanni Bracco et plusieurs autres pilotes célèbres y ont participé, représentant des marques telles que Ferrari, Lancia, Jaguar, Maserati, Chrysler, Buick, Lincoln et j’en passe… En 1952, la victoire était remportée par Mercedes-Benz avec un doublé des célèbres 300 SL W194 Gullwing, réalisé par les tandems Karl Kling et Hans Klenk ainsi que Hermann Lang et Erwin Grupp. Cinquante-huit ans plus tard, j’ai le privilège de revivre une partie de cette aventure au volant de la nouvelle AMG SLS…
Lorsque j’étais un jeune garçon, je me passionais pour les aventures en bandes dessinées de Michel Vaillant, et c’est à ce moment que j’ai pris connaissance de l’existence de la Carrera Panamericana, d’ailleurs remportée par le héros imaginé par Jean Graton dans le livre « La trahison de Steve Warson ». C’est ce souvenir de jeunesse jumelé à la perspective de vivre personellement une page d’histoire de la course automobile qui m’amène à faire le voyage jusqu’à Mexico, puis Puebla où notre aventure avec la SLS commence.
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Dès la descente d’avion, je m’aperçois que le Mexique est un pays de contrastes et que l’environnement qui m’acceuille n’a absolument rien à voir avec le Mexique de Cancun ou Acapulco. Ici, les gens sont pauvres mais fiers. Pas besoin de vous dire que l’on se sent mal à l’aise à l’idée de traverser leur contrée au volant de voitures au prix astronomique qu’ils ne reverront jamais dans les parages. Deux mondes…
Afin de faciliter notre aventure, des officiers de la Policia Federale du Mexique nous ouvrent la route au volant de leurs Dodge Chargers modifiées. Avec gyrophares en fonction en permanence, notre vitesse atteint souvent les 200 kilomètres/heure sur les lignes droites avec des pointes dépassant les 250 km/h lorsque nous devons rattraper le convoi au hasard des dépassements des véhicules plus lents qui sillonent la route. C’est vraiment le monde à l’envers, lorsque les policiers ouvrent la route à haute vitesse pour notre petit groupe de journalistes puisque c’est souvent le scénario inverse qui a cours…
Le vaste paysage est à couper le souffle, le ciel est immense, et la lumière crue du soleil donne à l’ensemble une couleur presque irréelle. Les petits villages et agglomérations se succèdent, de même que les nombreux « Control Militar », où les très jeunes soldats armés de mitrailletes fouillent les véhicules des mexicains à la recherche de drogues et stupéfiants. A chacun de ces contrôles, j’ai la nette impression d’être devenu un personage du film « Traffic », même si les soldats s’intéressent à nos Mercedes-Benz plus parce qu’ils n’en ont jamais vu et que ça les intrigue et non pas parce que nous sommes suspects.
Sur les routes très souvent dégradées du Mexique, la AMG SLS s’est avérée très rigide, mais j’ai quand même perçu de légers bruits de caisse lors des passages sur des routes particulièrement mauvaises à très haute vitesse. La puissance est phénoménale, les passages de boîte sont très rapides et la tenue de route n’est limitée que par le poids quand même assez imposant de la voiture. Pour un compte-rendu complet sur cette voiture exceptionnelle, je vous invite à lire le texte de mon collègue Denis Duquet qui était présent au lancement mondial de la AMG SLS et que vous retrouverez sur notre site.
À notre arrivée à Oaxaca, AMG procédait au dévoilement d’un tout nouveau modèle de la gamme, et les spéculations allaient bon train au sein de notre petit groupe de journalistes, serait-ce la version Cabriolet de la SLS, ou encore une version AMG du coupé de Classe E? Les dirigeants d’AMG ont donc causé une petite surprise en dévoilant la voiture de course AMG SLS GT3 qui sera inscrite aux courses de sprint et d’endurance à travers le monde aux mains d’équipes et de coureurs assez fortunés pour s’en offrir une afin d’affronter les Audi R8, BMW Z4, Lamborghini Gallardo et Aston Martin DBRS9, entre autres…
Pour AMG, c’est une suite logique puisque les marques rivales allemandes Audi et BMW exploitent déjà ce créneau limité du marché en produisant des voitures de courses de type GT3 pour leurs clients, et aussi parce que les clients d’AMG ayant pris part aux nombreux programmes de conduite de performance offerts par la marque ont exprimés le souhait de faire le saut en compétition, pourquoi donc ne pas leur offrir une voiture de course AMG plutôt que de les envoyer chez la concurrence directe? Le prix de la AMG SLS GT3 n’a pas été divulgué et les dirigeants de la marque ont simplement annoncé leur intention de compléter le processus d’homologation de la voiture au cours de l’année 2010, afin de livrer les premières voitures aux clients avant le début de la saison de courses 2011.
Avec la AMG SLS GT3, Mercedes-Benz boucle la boucle puisque le feu vert à ce projet est donné en 2010, soit exactement soixante ans après que la haute direction de la marque allemande ait pris la décision de produire les prototypes de la 300 SL Gullwing afin de participer aux 24 Heures du Mans, au Mille Miglia ainsi qu’à la Carrera Panamericana. Développée en neuf mois, la 300 SL Gullwing de course était construite sur un châssis de type space frame avec une carrosserie en aluminium, était animée par un moteur six cylindres de 180 chevaux jumelé à une boîte manuelle à quatre vitesses. Ses succès en course ont amené Mercedes-Benz à produire des modèles de série de la 300 SL qui sont aujourd’hui parmi les voitures les plus convoitées par les collectionneurs. Aujoud’hui, soixante ans plus tard, AMG présente sa voiture de course, également développée en seulement neuf mois, et faisant également appel à un châssis de type space frame ainsi qu’à une carrosserie en aluminium et animée par un V8 de 6,3 litres dont la puissance sera déterminée par la FIA dans le cadre du principe d’équilibre de la performance instauré afin d’égaliser les chances entre toutes les voitures participant aux divers championnats de la catégorie GT3 à travers le monde.