La faible consommation d’essence : réel critère d’achat?
Si vous n’êtes pas de ceux qui ont choisi de passer à la voiture électrique, il est fort probable que le coût du carburant vous concerne. Qu’il s’agisse du diesel qui fluctue à coup de dizaines de sous ou de celui de l’essence qui vacille quasi quotidiennement. La fluctuation des prix peut être telle que les stations modifieront le prix à quelques reprises au cours de la même journée, en fonction du flot de la circulation ou de l’heure. C’est du moins la constatation que je peux faire à l’observation du prix du carburant du Petro-Canada près de chez moi, qui peut par exemple afficher son litre d’ordinaire à 1,65 $ le matin, pour le baisser à 1,61 $ à midi, puis le remonter à 1,64 $ quand les gens reviennent à la maison, en fin de journée...
Maintenant, si vous conduisez une voiture qui requiert de l’essence super, vous aurez aussi constaté que le prix du litre n’est désormais plus augmenté de 10 ou 12 sous. Il est plutôt question de 0,25 $ supplémentaire par litre, et jusqu’à 0,30 $ pour du carburant à 94 de taux d’octane. Une facture supplémentaire qui fait souvent passer le litre de carburant au-delà du seuil psychologique des 2 $.
- À lire aussi: Les crédits gouvernementaux sont-ils trop généreux?
- À lire aussi: Ce que client peut, ce que client veut?
Lorsque l’on magasine un véhicule, il devient donc nécessaire de considérer cet élément. À moins que votre budget pour le carburant ne soit sans borne et que le fait de consommer davantage, voire inutilement, ne fasse guère partie de vos priorités. On peut par exemple comprendre que l’acheteur d’un camion pleine grandeur aux besoins précis se soucie de la performance mécanique avant de s’en faire pour la consommation. Idem pour l’amateur de performances recherchant l’ultime puissance.
Cette semaine, le hasard m’a amené à conduire deux véhicules en compétition directe. Deux multisegments compacts, soit le Kia Seltos 2024 à moteur 1,6 litre turbo (195 ch) et le Toyota Corolla Cross Hybrid combinant un moteur 2,0 litres à deux petits moteurs électriques (196 ch). Vendus approximativement au même prix, ils s’adressent à une très large clientèle allant de la jeune famille à celui qui recherche la polyvalence de ce format de véhicule, doublée d’un certain degré de performance. Parce qu’il y a dans ce segment des véhicules moins performants, qui livreront à peine 150 chevaux.
En effectuant un trajet d’environ 100 km avec ces deux véhicules, la consommation de carburant m’a sauté aux yeux. D’abord, le Kia Seltos SX a affiché une moyenne à 8,2 litres aux 100 km (moyenne combinée à 9,1 litres), ce qui m’a semblé passablement élevé dans ce contexte. Puis, pour le même trajet et dans les mêmes conditions, le Corolla Cross Hybrid SE n’a brûlé que 4,6 litres aux 100 km. Pratiquement la moitié moins, alors que la cote moyenne combinée est annoncée à 5,6 litres aux 100 km.
Constatant cet écart, permettez-moi de vous dire que l’aspect plus moderne et le niveau d’équipement un brin plus cossu du Kia m’ont soudain paru superflus! Et pour cause, j’ai calculé qu’au bout de 20 000 km (en tenant compte de ce seul essai et bien sûr conscient qu’il peut y avoir des variantes), le Kia consommerait annuellement un supplément de 1 224 $ d’essence, considérant un litre d’essence à 1,70 $. Au bout de cinq ans à ce prix, cela signifie donc un déboursé supplémentaire de 6 120 $. Et à ce compte, le Kia ne génère pas plus de puissance!
Évidemment, l’écart entre les deux véhicules est flagrant. Parce qu’il a suffi de choisir un Kia Seltos LX à moteur 2,0 litres, face à un Corolla Cross LE sans technologie hybride, pour ainsi constater une consommation avoisinant dans les deux cas 7,5 litres aux 100 km (moyenne combinée). Toutefois, cela illustre à quel point les véhicules ne sont pas tous développés de la même façon et qu’une technologie ne coûtant guère plus cher (ou parfois à peine plus) peut permettre une économie substantielle à la pompe et, ainsi, contribuer à une réduction des gaz à effet de serre. N’oublions pas qu’un véhicule moins énergivore aura cet avantage de mieux se revendre - et à meilleur prix - qu’un modèle trop gourmand. Parce qu’il ne faut pas se mettre la tête dans le sable : le prix du carburant ne diminuera plus. Surtout pas avec l’horrible conflit israélo-palestinien des derniers jours, qui aura forcément un impact sur votre prochaine facture d’essence...
Alors, est-ce que lors de votre prochain achat, vous prendrez le temps de consulter la cote de consommation de carburant annoncée, qui reflète généralement assez bien la réalité? Parce que sachez ceci : le vendeur ne vous offrira pas un rabais parce que son véhicule consomme plus que la moyenne. Vous devrez en assumer les frais!