Dodge Challenger SRT Hellcat Redeye Jailbreak 2023 : que du muscle
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Introduite en 2009 au moment où Dodge abandonnait la familiale Magnum conçue à partir des mêmes bases, la Challenger a connu un succès instantané. Le contexte économique ne pouvait pourtant être pire, puisque la voiture débarquait peu de temps avant la faillite de l’entreprise, en pleine crise de l’automobile. Ce retour de la Challenger, suivi de celui de la Camaro l’année suivante, allait donc faire renaître l’éternelle rivalité des trois grands constructeurs américains, proposant leur muscle car respectif.
La philosophie de Dodge allait toutefois être bien distincte de celle des marques rivales, puisqu’il souhaitait davantage conserver l’ADN d’un authentique muscle car. Une bagnole certes moderne, mais où le muscle prédomine sur l’agilité et les performances routières. Naturellement, plusieurs ont critiqué cette approche, ce qui n’a pas empêché le constructeur de rayonner grâce à ce modèle.
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D’ailleurs, on peut aujourd’hui affirmer que l’image de cette division repose principalement sur la performance, ce qui passe de façon incontournable par la Challenger et la Charger. Il faut dire que les stratèges de Dodge ont choisi de supprimer le Journey et la Grand Caravan, spécifiquement dans l’optique d’apporter plus de saveur à une marque qui a besoin de se distinguer.
C’est donc un défi de taille que de conserver une image de performance, alors que Dodge est sur le point d’abandonner les deux modèles qui l’ont maintenu au cours des dernières années. Et pour cause, une contrainte au chapitre des émissions polluantes, qui ne s’applique ironiquement pas au Durango puisqu’il s’agit d’un VUS... Remarquez, Dodge avait mené à terme l’exploitation de cette plate-forme de la Challenger, tirée de la Mercedes-Benz de Classe E W211, introduite en 2001. En outre, la nécessité du passage à l’électrification passera par l’arrivée prochaine d’une nouvelle Charger, dont le modèle de production sera dévoilé sous peu.
Challenger 2023
C’est la folie. Les concessionnaires s’arrachent littéralement toute la production issue de l’usine de Brampton en Ontario, laquelle fabriquera les Charger/Challenger et Chrysler 300 jusqu’au 31 décembre 2023. Jamais les valeurs de ces voitures n’ont été aussi élevées, alors que l’on paie aujourd’hui une version Scat Pack 392 au prix d’une SRT Hellcat de 2018 ou 2019. Qui plus est, on assiste à une surenchère des variantes les plus poussées, qui peuvent se vendre à des sommes colossales sur le marché de la revente.
À preuve, le propriétaire de notre Challenger d’essai aura à deux reprises refusé des offres de 200 000 $ pour son bolide, le plus performant de tous en excluant bien sûr la Demon 170 fabriquée à 300 exemplaires. Une bombe produisant jusqu’à 1 025 chevaux de puissance, capable de boucler le 0 à 60 mph en 1,66 seconde, et de franchir le quart de mille en 8,91 secondes, à une vitesse de 151 mph (243 km/h).
De la SXT à moteur V6 jusqu’à cette SRT Hellcat au nom interminable, tous peuvent y trouver leur compte. J’ai eu la chance de passer quelques heures au volant de ce monstre de 807 chevaux, histoire de goûter une ultime fois à cet authentique muscle car d’exception. Il impressionne dès qu’on le balaie du regard et devient littéralement intimidant une fois démarré. Surtout, si vous avez sur vous la clé rouge, qui permet d’accéder à sa pleine puissance, sans restriction.
Joliment configurée avec la peinture Bleu B5, des bandes décoratives et des ailes élargies, cette Challenger comporte à peu près toutes les options qu’il est possible d’obtenir en usine, incluant même quelques accessoires de concessionnaire. Sur la route, elle ne passe pas inaperçue. La quantité de « pouces en l’air » et coups de klaxon auxquels j’ai eu droit lors de mon périple fut effarante. Au point où j’étais heureux que le propriétaire ait pris le soin d’y installer des vitres teintées! Parce que l’idée était de pouvoir conduire tranquille et de pouvoir m’immobiliser afin de prendre quelques photos de la voiture. Chose quasi impossible à réaliser, puisque des passants m’apostrophaient systématiquement pour me parler de l’auto, ou de la leur, ou de celle d’une connaissance!
Voilà pourquoi j’ai pris la route en direction de Mécaglisse, un circuit situé à Notre-Dame-de-la-Merci, afin de pouvoir effectuer mon travail loin des regards indiscrets. Chose certaine, cette Challenger fait jaser, fait réagir. Et pourtant, ce n’est pas d’hier qu’on la commercialise!
Peut être docile, mais…
Placez la voiture en mode Auto, et vous découvrirez qu’en conduisant normalement, cette monstrueuse Challenger est capable de se montrer civilisée. Non pas sans une cacophonie mécanique, puisque la sonorité est tout sauf discrète. Cela dit, et malgré la fermeté des suspensions, la taille des pneus et des barres antiroulis, cette bête peut offrir un certain niveau de confort. Merci aux sièges qui ne sont pas conçus pour la piste, mais plutôt pour plaire à l’Américain moyen, proposant ainsi un heureux mélange de soutien et de souplesse. Solide, exempte de bruits de caisse et mieux assemblée qu’à ses débuts en 2009, cette Challenger déçoit néanmoins par une finition intérieure qui n’est clairement pas à la hauteur de la facture qui l’accompagne...
Plastiques bon marché, teintes génériques et surpiqûres optionnelles discutables nous font regretter les efforts de finition récemment faits chez Jeep et Ram, où ces éléments sont peut-être plus importants. Quoi qu’il en soit, l’instrumentation rétromoderne demeure visuellement intéressante, au même titre que l’écran central de 8,4 pouces, auquel se greffe une multitude d’applications relatives à la performance.
Sur la piste, j’ai évidemment pu prendre quelques clichés de la voiture, avant de la pousser. Certainement pas à ses limites, puisqu’il s’agit d’un circuit technique et sans grandes lignes droites. Et surtout, parce que l’idée était aussi de ménager les pneumatiques d’une voiture empruntée à un particulier, qui a bien voulu se prêter au jeu.
À vous faire dresser les poils sur les bras, la poussée d’adrénaline que procure cette voiture s’explique par la force d’accélération, par les transferts de masse, mais également par l’étonnante maniabilité. Certes, loin de celle d’une Chevrolet Camaro ZL1 1LE ou d’une Ford Mustang Shelby GT500, mais tout de même plus impressionnante que dans mes souvenirs. En fait, en dépit de ses lacunes, la voiture communique de manière à ce que vous puissiez anticiper ses réactions. Elle demande du doigté et n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais le mariage du châssis, de la transmission, des pneumatiques et de toute cette puissance est franchement réussi.
Cela dit, pour en ajouter une couche, Dodge a pris soin de lui créer une sonorité qui devient littéralement démoniaque à plus haut régime, conséquence d’un échappement tapageur et d’un compresseur volumétrique qui siffle probablement plus qu’une locomotive. Du pur bonheur à l’oreille, tant que vous ne poussez pas la machine sur une trop longue période. Sans quoi, il se pourrait que vous ayez recours à deux Tylenol!
En deuil
Le retrait du marché d’un tel bolide constitue sans aucun doute la fin d’une époque. Un passage obligé, mais qui survient alors que l’on conserve tout de même des Ram TRX, Durango SRT Hellcat et Wrangler 392 en production. Inutile de vous dire que si j’avais eu à choisir, certains de ces monstres auraient disparu bien avant la Challenger. Et il est clair que le public est de cet avis, constatant l’engouement de dernière heure pour les Charger et Challenger, qu’importe la version. Même les corps de police s’arrachent la production des Charger Pursuit, sachant sans doute qu’ils devront bientôt patrouiller uniquement avec des VUS et camionnettes.
Envie d’une Challenger? C’est donc maintenant où jamais. En terminant, jetez un œil aux Scat Pack 392 à moteur de 6,4 litres (485 chevaux). Elles sont extrêmement attrayantes, surtout la mouture Last Call avec l’ensemble Swinger, où les artifices esthétiques sont franchement réussis. Il faut également savoir qu’à l’inverse des Hellcat, cette version et la R/T à moteur Hemi de 5,7 litres peuvent être commandées avec une boîte manuelle Tremec à six rapports, ce qui ajoute selon moi au plaisir. Oui, la boîte automatique fait du très bon boulot, mais tant qu’à se la jouer nostalgique, autant le faire jusqu’au bout! Parce que je vous l’annonce en primeur, il s’agit aussi de la dernière Dodge de l’histoire à pouvoir être commandée avec une boîte manuelle.