BMW i5 2024 : à regarder deux, trois fois…
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Je serai honnête, je n’étais pas convaincu du design de cette berline au moment de son dévoilement, en mai dernier. Toute l’élégance et la grâce de cette prestigieuse voiture étaient pour moi remises en question, sachant de surcroît qu’on allait la décliner en de multiples versions électrifiées. Est-ce que BMW allait réellement gagner son pari, avec une voiture qui, hormis cette incontournable calandre, aurait pu de prime abord porter à peu près n’importe quel autre emblème?
C’est toutefois en la voyant de près que les gènes typiquement bavarois de cette berline allaient ressortir, avec pour résultat un design raffiné et fort réussi, mais qu’il faut par contre prendre le temps de regarder. Parce que la beauté de cette voiture se situe aussi dans les détails, que l’on découvre au fur et à mesure, faisant d’elle une voiture unique, qui passera facilement l’épreuve du temps et, espérons-le, inspirera peut-être les stylistes pour la prochaine Série 3.
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Cette nouvelle Série 5 qui se décline aujourd’hui en modèles à essence ou électriques m’aura donc visuellement séduit à force de la photographier, puis en l’observant aux côtés d’un modèle de précédente génération, constatant que les repères ne sont finalement pas si loin.
Essence ou électrique
Ne proposant pour l’heure que la version 530i xDrive à moteur quatre cylindres de 2 litres, BMW Canada débarque avec une première déclinaison d’un modèle 100% électrifié, la i5 M60 xDrive. Une berline à hautes performances produisant 593 chevaux et qui se situe à l’autre bout du spectre de la grande famille des Série 5. Cela dit, cette dernière ne remplace pas la M5, qui fera son retour en cours d’année 2024 comme modèle 2025, laquelle exploitera un moteur à essence avec hybridation légère.
Entre-temps, la i5 se déclinera aussi en version xDrive40, vraisemblablement au premier trimestre 2024, et aura les mêmes éléments techniques que l’actuelle i4. Puis, sans confirmation officielle de la part de BMW, de très fortes rumeurs font aussi état d’une mouture hybride rechargeable avec moteur à six cylindres, récemment dévoilée pour le marché européen. C’est donc une gamme mi-essence mi-électrique que nous proposera BMW d’ici un an, renforçant ainsi la pertinence de conserver cette voiture commercialisée depuis 1972.
Voilà d’ailleurs une stratégie unique à BMW, qui ne tente pas de réinventer la roue avec comme seule raison le passage à l’électrification. En effet, si du côté de Mercedes-Benz, les EQE et EQS rivalisent en quelque sorte avec les berlines de Classe E et S avec une inutile sous-segmentation des gammes, il en va autrement chez BMW. Une formule empreinte de logique sachant que le marché de la berline est sur son déclin, et qu’il est alors inutile de multiplier les offres en augmentant les coûts de production et de mise en marché.
D’abord, la eDrive40
Comme mentionné, BMW débarquera d’ici quelques mois avec la i5 xDrive40, laquelle produira 396 chevaux, grâce à ses deux moteurs électriques. C’est du moins la conclusion que l’on peut en tirer en lisant la fiche technique de la BMW i4 xDrive40, nouvellement offerte pour 2024. Hélas, nous n’avons pas pu conduire cette déclinaison future, ce pour quoi nous avons plutôt piloté une version propulsée qui boudera le marché canadien, et que l’on baptise eDrive40. Elle exploite la motorisation de la i4 et génère 335 chevaux.
Libérant plus de puissance que la 530i xDrive, mais pour un poids supérieur d’environ 350 kg, la i5 eDrive40 est une voiture fascinante à conduire. Tout comme c’est le cas avec la i4. Et pour cause, on ne perd aucun gène de conduite des modèles à essence, BMW ayant réussi à nous faire oublier le surplus de poids du bolide. Un tour de force exceptionnel qui vient prouver que le plaisir au volant demeure un facteur incontournable dans le développement des modèles de la marque.
Certes, le centre de gravité plus bas de la i5 contribue à cette tenue de route toujours remarquable des berlines de Série 5. Mais en y pensant bien, c’est comme si les ingénieurs devaient ici composer avec le poids supplémentaire de quatre adultes. Malgré cela, la voiture se montre engageante, communicative au chapitre de sa direction, qui se veut également d’une grande précision. Et que dire des suspensions, qui font un boulot magnifique et qui rendent l’expérience de conduite encore plus agréable! Ajoutons que cette i5, avec ses 335 chevaux, fait preuve d’un souffle d’accélération déjà surprenant, qui ne laisse présager qu’encore plus de plaisir avec la version à rouage intégral qui nous sera proposée.
La batterie de 84,3 kWh (81,2 kWh utilisables) de la i5 xDrive40 devrait avoir une autonomie avoisinant les 480 km. Rien d’exceptionnel me direz-vous, bien que ce soit mieux que l’équivalent chez Mercedes-Benz. Et il en va de même pour la i5 M60 xDrive de hautes performances, que nous avons aussi pu mettre à l’essai au second jour d’un périple prévu à cet effet. Dans ce cas, l’autonomie se voit réduite à 412 km, alors que sa rivale chez Mercedes-Benz (AMG EQE) n’en a que 362. Certes, Tesla a de quoi se moquer, bien que le constructeur américain ne réussisse pas à égaler la même solidité structurelle, ni le raffinement au chapitre de la conduite.
M60 : catapulte
Arborant une esthétique plus agressive et chaussant des pneus à hautes performances de 20 pouces, la M60 est plus radicale dans son approche. Sans être aussi ostentatoire que la M5, elle ne laisse au premier coup d’œil aucun doute sur ses allégeances ni sur son muscle. De ce fait, impossible de résister à l’envie d’enclencher le mode sport et d’ainsi entendre une sonorité artificielle, mais fort évocatrice. Pouvant être désactivée, celle-ci donne le ton sur le niveau de performances que cette berline de 593 chevaux est capable de livrer, bouclant le 0 à 100 km/h en 3,8 secondes malgré une masse de 2 475 kg.
Dotée des quatre roues motrices, de roues directionnelles arrière, d’une suspension pneumatique réglable et de divers modes de conduite vous permettant de paramétrer la bête dans ses moindres détails, la i5 M60 est une véritable machine à sensations. Une voiture vous procurant un plaisir de conduire difficile à égaler dans le monde des autos électriques, mais avec laquelle vous perdrez un tantinet en confort, face à une version plus docile comme la eDrive40. Voilà le prix à payer pour obtenir une conduite dynamique… qui ne cadre pas toujours très bien avec l’état de notre chaussée!
À bord de la nouvelle Série 5 se trouvent sans surprise deux écrans dont l’interface a été développée par une filiale de BMW, Critical TechWorks. C’est d’ailleurs dans les bureaux de cette entreprise située à Lisbonne au Portugal, que BMW avait érigé son point de ralliement pour l’événement, où nous étions appelés à assister à différentes présentations et au dévoilement secret de la future Touring (familiale) de la i5, à laquelle les Nord-Américains n’auront malheureusement pas droit.
Pendant quelques heures, on nous a entretenus sur les plus récentes technologiques se trouvant à bord de la i5, incluant notamment la possibilité d’intégrer à travers l’écran des chaînes de sport, YouTube, Netflix, de même qu’une panoplie de jeux vidéos afin de tuer le temps pendant une recharge sur borne rapide. Remarquez, BMW affirme que la voiture peut être rechargée de 10% à 80% en plus ou moins 30 minutes, conséquence d’une vitesse de charge pouvant atteindre 205 kW.
Hélas, on réalise qu’à trop vouloir en offrir, BMW perd peut-être un peu l’essentiel avec ses interfaces : la facilité d’utilisation. Parce que la quantité invraisemblable d’icônes et d’applications fait en sorte que l’on s’y perd très facilement. Et je vous évite les commentaires concernant la confusion causée par un système de navigation mêlé comme un jeu de cartes, ce qui nous ramène toujours à Apple CarPlay ou Android Auto, avec les systèmes qui en découlent. Bref, beaucoup de technologies doublées d’un très bel habillage graphique, mais qui demandent une adaptation et font perdre au conducteur cette précieuse attention de la route.
Encore plus près de la conduite autonome
Ironiquement, BMW corrige cette lacune d’inattention du conducteur causée par une trop grande distraction de ses interfaces en rehaussant d’un cran l’efficacité de son système de conduite semi-autonome. Ce dispositif n’est certes pas parfait, mais il permet tout de même d’activer un régulateur de vitesse intelligent avec maintien de voie et conservant une distance présélectionnée face au véhicule qui nous précède, cette fois sans nécessité d’un contact avec le volant chaque dix secondes. Le véhicule vous permettra en fait de circuler les bras croisés de cette manière, tant et aussi longtemps qu’il constatera que votre attention demeure portée sur la route. Tombez dans la lune, bifurquez votre regard ou pire, fermez les yeux, et un rappel sonore se fera automatiquement entendre.
La i5 peut changer de voie à la seule activation du clignotant, ce qui n’a rien de révolutionnaire. Or, il est vous également possible d’effectuer un changement de voie lorsque vous circulez avec le régulateur de vitesse intelligent, en dirigeant vos yeux vers le rétroviseur du côté où vous souhaitez vous diriger. Ainsi, le véhicule vérifie automatiquement l’angle mort pour ensuite activer le clignotant et s’engager dans l’autre voie, sans que vous fassiez quoi que ce soit! Une technologie franchement impressionnante, mais qui déçoit par le manque de fluidité des changements de voie, un brin saccadés.
Authentiquement BMW, le poste de conduite revêt une somptueuse finition et des matériaux de belle facture, la richesse des teintes et le choix des habillages favorisent une personnalisation que vous ne retrouverez évidemment pas chez Tesla. Cela dit, retenez de cet habitacle qu’en dépit de toute la technologie et le niveau de finition s’y retrouvant, la position de conduite s’avère l’élément le plus convaincant. Cela peut sembler anodin, cependant cela joue sur le sentiment de confiance et sur le plaisir qu’éprouve quotidiennement le conducteur à prendre le volant de sa voiture. Un facteur trop souvent oublié dans le développement de plusieurs nouvelles voitures, dans lesquelles on mise sur la technologie en priorité.
La facture
BMW facture 73 652 $ (transport et préparation inclus) pour une 530i xDrive sans options. Essentiellement, cela signifie environ 85 000 $ avec quelques groupes d’options, ce qui frôlera le prix d’entrée pour la future i5 xDrive40, qui sera sans doute la plus populaire de toutes. Quant à la i5 M60, elle débute à 98 152 $, tout juste sous le seuil psychologique des 100 000 $.
Traduisez ceci par le fait qu’une seule option implique l’ajout d’une taxe de luxe qui ne sera bien sûr que minime, mais qui fera tout de même grimper la facture de quelques milliers de dollars si vous choisissez d’appuyer un peu plus fort sur le crayon. Chose certaine, voilà une auto électrique convaincante, élégante, luxueuse et amusante. Elle surpasse les équivalents de Mercedes-Benz, et en vérité, trône désormais au sommet du segment pour sa qualité, mais aussi, parce qu’elle innove.