États-Unis : La grève étendue chez Stellantis et General Motors
La grève s’étend vendredi chez les constructeurs automobiles américains General Motors et Stellantis faute d’avancée dans les négociations syndicales, contrairement à Ford où de « réels progrès » ont été effectués, et le président Joe Biden a été invité sur les piquets de grève.
Shawn Fain, président du puissant syndicat United Auto Workers depuis quelques mois à peine, a annoncé que les 38 centres de distribution de pièces détachées de GM et de Stellantis étaient appelés à arrêter le travail dès midi vendredi.
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« Comme nous l’avons dit depuis des semaines, nous n’allons pas attendre toute l’éternité pour obtenir des contrats équitables de la part des "Big Three" », surnom des trois grands constructeurs américains, a-t-il lancé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Ces sites, situés dans vingt États des États-Unis, emploient autour de 5 600 adhérents de l’UAW sur les 146 000 travaillant pour les trois géants de Détroit (Michigan).
Les trois usines en grève depuis le 15 septembre, lorsque les conventions collectives sont arrivées à échéance sans accord pour les prochaines, vont le rester, a précisé M. Fain.
Ces trois sites — un pour chacun des trois grands constructeurs— emploient quelque 12 700 adhérents de l’UAW.
C’est la première grève affectant les trois groupes en même temps.
Pour l’instant, l’impact économique pour les groupes a été limité, mais l’extension du mouvement chez Stellantis et GM risque d’avoir des répercussions plus importantes cette fois.
Du côté du personnel, plusieurs centaines d’employés affectés par le manque d’activité du fait des débrayages de la première semaine ont déjà été renvoyés temporairement, sans avoir droit aux indemnités de chômage.
Et les grévistes ne perçoivent que 500 dollars par semaine du fonds syndical d’entraide au lieu de leur salaire habituel.
« Mouvement »
Concernant Ford, Shawn Fain a précisé qu’il y avait eu « du mouvement », mais que de « sérieux problèmes » persistaient.
Selon lui, le constructeur a notamment accepté de rétablir des mesures liées au coût de la vie supprimées en 2009, dans le sillage de la crise financière. Il a aussi accordé de revoir le système de partage des bénéfices et le droit de grève en cas de fermeture d’usines.
Mais « nous n’en avons pas terminé avec Ford », a fait valoir le syndicaliste, ancien électricien chez Stellantis, reconnaissant toutefois que Ford affichait une « volonté sérieuse de parvenir à un accord ».
Le constructeur a réagi immédiatement dans un communiqué, soulignant des tractations « sujet par sujet ».
« Nous nous concentrons sur la négociation d’un accord qui récompense nos employés, qui permette à Ford de conserver sa position unique de plus américain des constructeurs et qui permette à Ford d’investir et de grossir », a ajouté le groupe.
« Nous avons encore du travail devant nous avant d’obtenir un accord », a-t-il souligné.
Par ailleurs, M. Fain a invité le président américain Joe Biden — qui a apporté son soutien aux grévistes à plusieurs reprises ces dernières semaines— à aller plus loin en rejoignant les piquets de grève.
« Nous invitons et encourageons toute personne soutenant notre cause à nous rejoindre sur les piquets de grève, amis et familles et jusqu’au président des États-Unis », a déclaré M. Fain.
M. Biden a notamment plaidé pour un partage « juste » des « profits records ». Et il s’est dit « fier » mercredi que son gouvernement « soit qualifié d’administration la plus pro-syndicat de l’histoire américaine ».
Il a porté cette semaine lors de l’assemblée générale des Nations unies à New York une cravate rouge par solidarité avec les grévistes, a fait savoir la Maison-Blanche.
Le syndicat réclame notamment une hausse salariale de 40 % sur quatre ans, correspondant à celle dont ont bénéficié les dirigeants des groupes ces quatre dernières années.
Il demande aussi la fin des différentes grilles salariales et d’avantages, un ajustement lié au coût de la vie dans un contexte d’inflation ou encore une meilleure couverture sociale pour les retraités.
Vers 11 h 30, l’action Ford gagnait 2,75% à 12,53 dollars, celle de Stellantis prenait 0,85% à 19,50 dollars et celle de GM progressait de 0,67% à 32,93 dollars.