Buick Envision - Méconnu ou invisible
Facile pour un utilitaire sport compact de disparaître et de ne jamais se distinguer au milieu de la horde qui peuple le marché actuel! C’est le cas pour la deuxième génération du Buick Envision, apparue en l’an 2021. Pas laid du tout et plutôt bien tourné, il marquait un progrès notable par rapport à un devancier qui n’avait rien d’inoubliable. Il ne lui reste plus qu’à être apprécié à sa juste valeur.
Cet Envision bonifié a été créé dans les studios et ateliers de GM en Chine. Il y est également fabriqué et destiné d’abord au gigantesque marché de ce pays. La marque Buick est vénérée en Chine depuis que son dernier empereur et son premier président ont préféré les voitures de ce blason américain à celles de Rolls-Royce, il y a plus d’un siècle.
Buick vend maintenant environ cinq fois plus en Chine qu’en Amérique. Surtout à une classe moyenne en croissance exponentielle. Sans surprise, ces bonnes gens affectionnent les utilitaires sport et les multisegments, comme partout ailleurs.
La simplicité a meilleur goût
Les bonzes de chez GM ne se sont pas trituré les méninges outre mesure pour cette série. L’Envision est offert en trois versions : Privilégié, Essence et Avenir, en ordre croissant d’équipement et de prix. La première est la seule à être disponible de série avec roues avant motrices. Pour 2 400 $ supplémentaires, on passe à un rouage à quatre roues motrices qu’il faut activer soi-même. On peut aussi allonger encore 1 395 $ pour une version ST au look plus sportif du Privilégié ou du Essence. Elle comporte des roues d’alliage foncées de 20 pouces, des moulures extérieures noires et lustrées, un pédalier en aluminium et un écran rétractable pour le coffre à bagages. Ce groupe optionnel coûte 100 $ de plus pour la version Essence. Sûrement à cause des surpiqûres rouges de ses sièges.
Tous les Envision sont animés par un quatre cylindres turbocompressé de 2 litres qui produit 228 chevaux, jumelé à une boîte automatique à 9 rapports. Ce moteur génère 9 chevaux de moins que sous le capot du Cadillac XT4 qui partage la même architecture. Il possède toutefois l’avantage appréciable de consommer de l’essence ordinaire alors que son cousin exige du super. L’Envision Avenir atteint 100 km/h en 7,8 s, boucle le 1/4 de mille en 15,8 s à 147 km/h et passe de 80 à 120 km/h en 5,4 . En conduite normale, son moteur démontre une belle vivacité, malgré un accélérateur électronique trop brusque en amorce. Il est quand même bien servi par une boîte automatique assez douce, dont le fonctionnement est hélas contrôlé par des boutons séparés plus compliqués à utiliser que ceux de la Corvette C8.
Bon élève, peut faire mieux
Comme dans la majorité des véhicules GM actuels, le système multimédia de l’Envision est clair, logique et généralement efficace et rapide. Le jumelage d’un cellulaire, par exemple, est quasi instantané. L’activation de l’interface CarPlay (ou Android Auto) est facile, en revanche, les textos étaient bloqués dans l’Envision Avenir essayé, au lieu de s’afficher à l’écran. Peut-être l’effet d’un obscur réglage. L’image des caméras de recul est claire et nette. Les réactions haptiques transmises dans le siège du conducteur sont efficaces mais franchement agaçantes. On s’ennuie vite des sonars de stationnement classiques. Buick a pourtant truffé ce petit camion de tous les autres gadgets de l’heure.
La position de conduite est correcte, comme la vue vers l’avant et les côtés. Le volant est moins réussi, par contre. La forme et la texture de sa jante sont banales, sa branche horizontale trop épaisse. La direction de l’Envision Avenir, en sommet de gamme, est légère et relativement vive mais dénuée de qualités tactiles. Elle amorce les virages allègrement mais vous prive ensuite des sensations et réactions qui inspirent et assurent le plein contrôle.
La suspension est trépidante et tremblotante lorsque les roues de 20 pouces des versions Avenir et ST, chaussées de larges pneus de taille 245/45R20, affrontent les fentes et saillies typiques de nos routes. Et ça cogne sec sur les trous et bosses fort prononcés. Cette suspension de banlieue sous-amortie n’a vraiment rien de rassurant. Les routes chinoises sont probablement plus lisses que les nôtres!
Une touche, sur la console, permet enfin de passer du mode Promenade à 2 roues motrices (avant) à un des trois modes à 4 roues motrices : AWD (constant), Sport ou Hors-route. Ça sent un peu le bricolage. La maîtrise des routes de l’arrière-pays québécois en plein hiver n’était sans doute pas une grande priorité. Chose certaine, à défaut d’être le moindrement stimulant ou inspirant à conduire, l’Envision revendique d’excellentes cotes de fiabilité, comme plusieurs modèles chez Buick. C’est toujours ça de gagné, en attendant le passage à l’électrification complète au prochain tour.
Feu vert
- Très bonnes cotes de fiabilité
- Écrans et système multimédia réussis
- Habitacle accueillant
- Commandes efficaces
Feu rouge
- Direction légère et insensible
- Comportement routier quelconque
- Accélérateur électronique trop vif
- Valeur de revente énigmatique