Ram 1500 - En attendant la révolution
Les grandes camionnettes Ram sont probablement les plus emblématiques de leur espèce, aux yeux du grand public. À ses oreilles également, si l’on songe aux slogans qui ont rendu le chanteur Dan Bigras célèbre bien au-delà de son répertoire de blues. Sans être les mieux vendues, les Ram 1500 et leurs sœurs plus costaudes chauffent leurs rivales de chez Ford et GM depuis des années.
Le gain constant en popularité des Ram s’est amorcé il y a près de trente ans, alors qu’elles portaient toujours le nom Dodge. Le troisième grand constructeur américain de l’époque avait alors parié gros sur un design spectaculaire pour la deuxième génération des Ram, lancée pour l’année-modèle 1994. Ses stylistes s’étaient carrément inspirés de la calandre gigantesque des milliers de camions qui sillonnent les routes de ce continent en tractant de lourdes remorques.
Grâce au succès instantané de ces ersatz de Freightliner et de Peterbilt, les ventes de Ram ont plus que doublé la première année et doublé encore l’année suivante. Elles durent ensuite affronter des versions renouvelées de leurs grandes rivales dont les calandres étaient, sans grande surprise, beaucoup plus imposantes. C’était de bonne guerre.
Pour garder un coup d’avance
Au cœur de cette bataille rangée, dans la plus importante catégorie en Amérique du Nord, Ram ne pouvait s’appuyer uniquement sur le style et le design pour atteindre ses objectifs. Ses ingénieurs, designers et techniciens travaillèrent sans relâche pour élargir la gamme, multiplier les motorisations et augmenter la qualité tout en corrigeant les ennuis de fiabilité des premiers temps.
Ram innova encore, pour la catégorie, en dotant la 4e génération de ses camionnettes d’une suspension arrière à ressorts hélicoïdaux qui améliorait nettement le confort et de coffres verrouillables intégrés aux parois de la caisse. Pour la 5e génération, commercialisée en 2019, le constructeur réalisa surtout des gains substantiels en raffinement, qualité et convivialité. L’espace, la finition et le confort des habitacles les plus cossus sont d’ailleurs exceptionnels. Plus rien à voir avec la camionnette de chantier de jadis.
La pièce de résistance est l’écran tactile vertical de 12 pouces installé de série à bord des deux modèles les plus chers, et disponible dans la plupart des autres. Il est animé par l’interface multimédia Uconnect 5, comme l’écran de 8,4 pouces qu’on peut s’offrir dans tous les modèles, sauf les Limited et TRX, au sommet. Personne ne fait mieux, même avec le modeste écran de cinq pouces et l’interface Uconnect 3 des versions Tradesman et Big Horn. Cela vaut aussi pour les commandes physiques.
En attendant mieux, Ram a marqué des points avec l’hybridation légère, ajoutée de série au V6 Pentastar de 3,6 litres et disponible pour le V8 Hemi de 5,7 litres. Ce système rend quasi imperceptibles les arrêts et redémarrages fréquents qui réduisent (légèrement) leur consommation, tout en adoucissant le passage des huit rapports de leur boîte automatique. La fiabilité de ses composantes, alimentées par une batterie de 48 volts, s’est heureusement bonifiée depuis son apparition. On peut aussi équiper les Rebel, Laramie et Limited du V6 EcoDiesel de 3 litres dont la cote de consommation combinée est de seulement 9,7 L/100 km (avec le rouage 4x4) pour 3 900 $.
Des sœurs aux antipodes
Au sommet de la série Ram, on retrouve encore la version TRX (lire T-Rex) qui a réussi un autre coup d’éclat en offrant une réplique musclée au Raptor de Ford. Son V8 surcompressé de 6,2 litres et 702 chevaux la propulsent de 0 à 100 km/h en 4,53 secondes et lui font parcourir le 1/4 de mille en 12,82 secondes à 175,1 km/h, malgré ses 2 400 kg. Sa cote de consommation combinée de 19,8 L/100 km est évidemment scandaleuse.
Les manières de la redoutable TRX sont étonnamment civilisées en conduite normale. Comme sa douceur et son confort de roulement, même sur une route défoncée. Rien d’étonnant, me direz-vous, avec des amortisseurs Bilstein spéciaux et d’immenses pneus tout-terrain de 35 pouces de diamètre. Et si l'on peut actuellement faire grimper le prix suggéré d’un Ram TRX à plus de 137 000 $ en cochant toutes les options, sachez qu’il faudra souvent payer plus sur le marché de l’occasion. Même avec des milliers de kilomètres au compteur.
De toute manière, l’élite des ingénieurs de la marque consacre actuellement tous ses efforts à rattraper le gros retard qu’accuse Ram dans la conception et le développement de sa première camionnette électrique. On parle au mieux d’un lancement en 2024 pour un véhicule dont on n’a encore vu que de mystérieuses esquisses et la photo d’une grosse batterie dorée, alors que les Ford Lightning et Chevrolet Silverado EV de série arrivent bientôt chez nous. Connaissant Ram, parions malgré tout que l’attente aura valu la peine.
Feu vert
- Groupes propulseurs doux, puissants et souples
- Habitacles splendides et spacieux
- Commandes et systèmes multimédias exemplaires
- Comportement solide en toute situation
Feu rouge
- Consommation stupéfiante (TRX)
- Un seul levier pour essuie-glaces et clignotants
- Fiabilité encore perfectible
- Freinage d’urgence long (TRX)