Lotus Emira - Une dernière pour la route...
Regardez-la bien. Moteur thermique, boîte manuelle. C’est la fin d’une époque. Pire, la fin d’une ère. Lotus a annoncé qu’il s’agissait de son dernier modèle à essence avant d’aller vers le 100% électrique. On a un peu l’impression que les ingénieurs sont allés voir la direction en les implorant « Une dernière, s’il vous plait, allez, s’il vous plait… », et parce que c’est Lotus, elle a dit oui.
Mais ne croyez pas un instant qu‘il s’agit d’un produit au rabais destiné à écouler les derniers stocks de pièces. C’est même le contraire! La marque a investi 100 millions de livres sterling (159 millions de dollars) dans une nouvelle unité de production afin d’améliorer la qualité et la finition. Époque oblige, il n’est plus question de miser sur l’extrême dénuement des premières Elise. En 2023, vous devez avoir des écrans tactiles, Apple CarPlay, Android Auto, la navigation, la climatisation, des sièges électriques et toutes les assistances à la conduite possible. L’Emira les a, y compris un système audio KEF à 10 haut-parleurs.
- À lire aussi: Lotus dévoile un spectaculaire concept de voiture sport électrique
- À lire aussi: Combien coûte... la Lotus Emira 2024?
Elle a aussi des espaces de chargement (208 litres derrière les sièges et 151 litres dans le coffre arrière) et on peut y rentrer et en sortir sans avoir atteint un niveau expert de yoga. Les propriétaires d’Elise apprécieront. Tout cela a cependant un prix sur l’autel du poids : 1,4 tonne. Les puristes hurlent déjà! Calmons-nous, ce poids se rapproche de celui de l’Evora, le modèle que l’Emira remplace réellement, et il est similaire à celui d’une Porsche 718 Cayman.
Des évolutions… subtiles
L’Emira repose sur une architecture baptisée Elemental à l’interne. Il s’agit en fait d’une version fortement remaniée de l’Evora, qui utilise principalement des éléments d’aluminium extrudés collés. Les deux modèles partagent d’ailleurs exactement le même empattement et des dimensions similaires. Le style fait appel au nouveau langage de design de Lotus, dévoilé avec la supercar électrique Evija. Développé sous la houlette de Russell Carr, il présente des lignes sculptées et des surfaces nettes. Toutes les ouïes d’aération sont fonctionnelles, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui… Le but était d’optimiser l’efficacité thermique (ingestion d’air frais et évacuation d’air chaud) ainsi que l’écoulement de l’air. Lotus explique que l’Emira offre un appui aérodynamique bien équilibré entre les essieux sans le moindre élément actif. Ce qui permet, toujours selon Lotus, de maintenir des caractéristiques de tenue de route plus consistantes alors que l’appui augmente.
En fait de moteurs, on reste en terrain connu. Du moins, dans un premier temps. Les premiers modèles d’Emira, baptisés First Edition, seront équipés du V6 Toyota 2GR-FE avec compresseur Edelbrock 1740, déjà vu sur l’Evora. La puissance s’élève à 400 chevaux. Deux boîtes de vitesses à 6 rapports seront proposées : manuelle ou automatique à convertisseur de couple. L’acheteur pourra choisir entre deux configurations de suspension à la commande de son auto : tour ou sport (plus ferme avec pneus Michelin Pilot Sport Cup 2 disponibles). Cerise sur le sundae, la direction à assistance hydraulique… une rareté en 2023!
Suivra quelques mois plus tard un modèle « de base » avec un 4 cylindres provenant de chez… AMG, une nouveauté pour Lotus. Le M139 de 2 litres et sa boîte de vitesses à double embrayage à 8 rapports ont été revus pour une application à roues arrière motrices et la puissance a été réduite à 360 chevaux, pour ne pas cannibaliser la version V6. Ce qui ne l’empêche pas de la battre sur le 0 à 100 km/h : 4,2 contre 4,3 secondes. En revanche, le M139 n’ayant pas été conçu pour recevoir une pompe hydraulique, l’assistance de direction sera électrique.
Le matériel et l’immatériel
Mais au-delà des chiffres, l’important dans une Lotus, ce sont les sensations qu’elle est capable de distiller. À en juger par les premiers essais effectués par la presse anglaise, l’Emira semble ne pas décevoir. La direction à assistance hydraulique est précise et remonte bien les informations, le roulis est bien géré malgré une suspension traditionnelle et le châssis s’avère très équilibré. La suspension devrait être un excellent compromis au quotidien (surtout avec nos routes…) alors que la suspension sport se limitera plutôt à des applications sur circuit.
En termes de prix, l’Emira se place correctement face à une 718 Cayman. La First Edition, bien équipée, sera proposée à un peu plus de 110 000 $ et pourra recevoir en option des ensembles Driver (ESP avec mode circuit, son d’échappement actif et pneus Michelin), Convenience (capteurs de stationnement, clé intelligente, essuie-glaces à détecteur de pluie) et Design. La version de base sera offerte à 96 393 $. Et même s’il s’agit du dernier modèle à essence, Lotus a pour elle de grandes ambitions. La marque entend faire passer ses ventes de coupés sport à 5 000 exemplaires par année contre 1 500 à 2 000 pour le moment. Dans le contexte actuel, n’est-ce pas un peu trop ambitieux?
Feu vert
- Dernière Lotus à essence!
- Boîte manuelle et direction à assistance hydraulique (V6)
- Finition en progrès
- Vivable au quotidien
Feu rouge
- Dernière Lotus à essence
- 1,4 tonne quand même…
- Lignes élégantes mais proches de l’Evija
