Ferrari 296 - Ravissement hybride
Ferrari possède un sens aigu de l’histoire et de la tradition tout en étant passionnément audacieux et novateur. Le constructeur de Maranello n’aurait jamais donné naissance à la marque la plus couronnée, mythique et légendaire, s’il en avait été autrement. Les nouvelles 296 GTB et GTS deviennent ainsi les premières Ferrari routières à porter le célèbre écusson jaune et noir au cheval cabré avec un moteur à six cylindres sous leur capot. Et c’est loin d’être leur seule distinction.
La berlinette 296 GTB et la 296 GTS décapotable ne sont pas les premières Ferrari dotées d’au moins un moteur électrique. Elles furent précédées en 2013 par la drôlement nommée LaFerrari, dont le V12 et le moteur électrique s’alliaient pour libérer 949 chevaux, avec l’appui d’un système KERS, comme ceux qu’a développés Ferrari pour ses voitures de Formule 1.
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Vint ensuite la SF90 Stradale, lancée en 2019, qui dispose des 986 chevaux que produisent son V8 biturbo et trois moteurs électriques. Une voiture hybride rechargeable, celle-là, dont la batterie de 7,9 kWh permet une minuscule autonomie électrique de 25 km selon Ferrari. Mais l’EPA annonce 15 km pour la Stradale et 13 km pour la Spider. Avec son rouage intégral, la SF90 détient néanmoins le record pour une Ferrari de série au circuit maison de Fiorano.
Le passé inspire l’avenir
Ferrari n’en est pas à son premier six cylindres. En 1958, Mike Hawthorne devenait Champion du monde de F1 dans une Ferrari 246 dont le V6 de 2,4 litres avait été conçu par les ingénieurs Vittorio Jano et Alfredo Ferrari, surnommé Dino, fils chéri d’Enzo. La Scuderia récolta à nouveau ce titre en 1961, grâce à Phil Hill, au volant d’une Type 156 pourvue d'un V6 aux cylindres disposés à 120 degrés. Gilles Villeneuve décrocha enfin ses deux dernières victoires en 1981 à bord d’une 126C propulsée par un V6 à 120 degrés de 1,5 litre. C’était le premier moteur turbocompressé de Ferrari.
Le V6 des nouvelles 296 GTB et GTS en est le digne héritier. Les deux premiers chiffres de son appellation désignent la cylindrée de 2,9 litres et le troisième, le nombre de ses cylindres. Le souffle des deux turbos qui nichent au creux du V ouvert à 120 degrés porte sa puissance à 654 chevaux. C’est un nouveau record de puissance spécifique pour un moteur thermique, à 218 chevaux par litre. Les ingénieurs l’ont surnommé piccolo V12 (petit V12) pour la sonorité fabuleuse qui s’en élève jusqu’à la limite de régime, fixée à 8 500 tr/min.
Entre le vert et le rouge
Le moteur électrique de 164 chevaux, inspiré de ceux qu’emploie Ferrari sur ses F1, se glisse entre le V6 et la boîte de vitesses à double embrayage et huit rapports. Un module permet de découpler les deux moteurs pour rouler en mode électrique, de redémarrer le V6 en douceur et de recharger la batterie lithium-ion de 7,45 kWh qu’on a installée sous le plancher. À la rubrique écolo, une partie de l’énergie cinétique est récupérée au freinage et la faible autonomie électrique sera sans doute réservée à des départs et arrivées en silence. En plus du traditionnel Manettino qui permet de doser le degré d’intervention des aides à la conduite et au pilotage, les 296 possèdent un eManettino qui offre quatre modes pour le groupe propulseur. On choisit eDrive pour rouler purement électrique jusqu’à 135 km/h, Hybrid pour combiner les deux librement, Performance pour l’apport constant du V6 en conduite sportive et Qualify, pour obtenir la puissance maxi sans égard au niveau de charge de la batterie.
Au rayon des performances, Ferrari annonce un sprint de 0 à 100 km/h en 2,9 secondes et une vitesse de pointe de plus de 330 km/h. On pourrait attendre mieux d’une Ferrari de 1 470 kg dont la puissance combinée est de 818 chevaux. C’est peut-être simplement la limite de motricité pour une propulsion. On se consolera en goûtant la tenue de route exceptionnelle dont Ferrari garde jalousement le secret depuis des lustres avec ses grandes sportives à moteur central. D'autant plus que le V6, plus court et léger, a permis de tailler aux 296 un empattement plus court de 50 mm comparé à la F8, ce qui ne peut qu’aiguiser leur agilité.
Ce sera d’autant plus vrai pour les versions Assetto Fiorano, conçues pour briller sur les circuits avec leurs amortisseurs Multimatic (fabriqués en Ontario), leurs pneus Michelin Sport Cup2R, des pièces en carbone pour augmenter l’appui aérodynamique et d’autres pour réduire le poids. Tout comme la lunette arrière ultralégère optionnelle en Lexan. D’après le constructeur italien, les 296 sont déjà les premières Ferrari dont l’aérodynamique variable augmente l’appui plutôt que de réduire la traînée. Côté style, les jumelles 296 GTB et GTS sont merveilleusement élégantes et profilées, avec un clin d’œil aux glorieuses 250 LM des années 60 pour la base élargie de leur toit. Leur habitacle, par contraste, reprend le thème ultramoderne et dépouillé de la SF90 Stradale, avec une abondance d’affichages numériques. Une autre étoile est née à Maranello.
Feu vert
- Silhouette splendide
- Groupe propulseur d’exception
- Prestige inégalé
Feu rouge
- Disponibilité douteuse
- Prix substantiel
- Autonomie symbolique