Mercedes-Benz Classe S - Les reines d’hier

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2023

Pendant plus d’un demi-siècle, les Mercedes-Benz de Classe S ont régné sur la catégorie des grandes berlines de luxe. Durant toutes ces années, elles ont également été les pionnières des technologies les plus novatrices chez Mercedes. Or, cette époque est révolue pour celles qui cèdent tranquillement leur place au sommet de la gamme du doyen des constructeurs, malgré un luxe, des performances et un raffinement toujours inouïs. Électrification et folie des VUS obligent.

Les voitures de luxe européennes sont venues de loin sur ce continent. En 1954, la berline de type W180, surnommée Ponton, devenait la première Mercedes-Benz à carrosserie autoporteuse. Les immenses voitures de luxe américaines de Cadillac, Imperial et Lincoln étaient alors au sommet de leur gloire, avec leurs carrosseries bardées d’ailerons pointus, leurs rivières de chrome et leur gros châssis séparé. En 1965, Mercedes vantait la suspension pneumatique de sa nouvelle W109 alors que les américaines amorçaient leur déclin.

Première de sa classe

La première véritable Classe S fut lancée en 1972 avec une suspension à roues indépendantes, toutes dotées de freins à disque. Elle amorçait son ascension au début de cette décennie sombre, marquée par le premier choc pétrolier et l’imposition de normes de sécurité et de règles antipollution sévères. Durant cinq décennies, au fil de sept générations, les Classe S gagnèrent toujours en puissance, confort, sécurité et raffinement. Elles furent adoptées par des Nord-américains fortunés, mais également par des acheteurs richissimes qui les appréciaient pour leur discrétion.

C’était avant le tsunami des utilitaires sport qui a frappé les segments du luxe comme tous les autres. On peut en dire autant du succès spectaculaire de Tesla avec sa grande berline électrique depuis plus d’une décennie. Il est ironique de songer qu’il aura fallu la montée irrésistible de cette Model S américaine pour fissurer le piédestal qui soutenait, depuis belle lurette, une Classe S fièrement germanique.

Pour la suite des choses

Quoi qu’il en soit, les berlines EQS sont maintenant là pour défendre les couleurs de Mercedes-Benz dans le segment des voitures de luxe électriques. Le constructeur peut donc poursuivre, en parallèle, le développement et le raffinement de sa précieuse Classe S à moteur thermique. Pour l’avenir immédiat, à tout le moins. La septième génération, entièrement remodelée, dont le code est W223, amorce ainsi sa troisième année.

Un peu plus grande que sa devancière, cette Classe S est également plus spacieuse. Sauf pour les épaules à l’arrière, d’environ 30 mm. Elle est offerte sous les traits de la S 500 à empattement court ou de la S 580 à empattement long que préfèrent 90% des acheteurs. La première est animée par un 6 cylindres en ligne turbocompressé de 3,0 litres et 429 chevaux, la seconde par un V8 biturbo de 4 litres et 496 chevaux. Les deux profitent de l’apport additionnel des 21 chevaux et 184 lb-pi de couple du moteur électrique qui assure leur hybridation légère. Les deux sont couplés à une boîte automatique à 9 rapports et au rouage intégral 4MATIC.

La portière de la S 580 est difficile à refermer à moins d’être un orang-outan, tellement elle s’ouvre grand. Le siège du pilote est taillé parfaitement et remarquablement confortable. Le volant est exceptionnel, combinant le cuir et de riches matériaux qui en font un pur objet de luxe. Au prix demandé, ce serait bien qu’il soit chauffant de série. L’interface multimédia MBUX est spectaculaire, avec ses écrans immenses. Elle demeure ahurissante au premier abord, mais c’est mieux qu’avec l’ancien système et sa grosse molette. La sono est excellente, même au FM, avec des basses puissantes et très nettes. La grande S 580 expédie le sprint de 0 à 100 km/h en 4,72 secondes, avale le 1/4 de mille en 12,89 secondes à 180,4 km/h et bondit de 80 à 120 km/h en 3,15 secondes. La boîte à 9 rapports est très bien mariée à ce V8 souple et puissant et le rouage 4MATIC est très efficace sur la neige. Sans surprise, la S 580 est solide en conduite, malgré ses deux tonnes métriques. Avec une direction fluide et précise, elle affiche un bel équilibre en courbe. On peut biffer un soupçon de roulis et de sous-virage en dosant l’accélérateur. Le freinage est chatouilleux en ville, par contre, et ça cogne sec dans le moindre trou.

Cette S 580 est la plus belle des Classe S à ce jour, malgré le rectangle de plexiglas qui protège caméras et capteurs dans sa calandre. Elle est l’équivalent du complet taillé sur mesure : superbement élégante, mais moins pratique et polyvalente que votre tenue relaxe préférée. Quant aux versions Maybach, elles atteignent des sommets d’opulence un peu kitsch, à presque le double du prix, avec des mécaniques identiques. Exclusivité assurée, par contre, si ce n’est que par leur rareté. Une version électrique est même probable.

Feu vert

  • Silhouette élégante et moderne
  • Comportement sûr et stable
  • Silence et confort de roulement
  • Places arrière de limousine (S 580)

Feu rouge

  • Sensibles aux nids-de-poule
  • Certaines commandes ahurissantes
  • Visibilité latérale et arrière limitée (S 580)
  • Fiabilité incertaine

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