Bentley Continental GT - Discrétion et raffinement
Lorsqu’on souhaite s’offrir un véhicule qui coûte plusieurs centaines de milliers de dollars, il y a plusieurs possibilités. La première, c’est de faire en sorte que tout le monde vous regarde au volant de votre Ferrari rouge écarlate, votre Lamborghini jaune fluo ou votre McLaren bleue électrique. Et quand on n’utilise jamais son exotique sur circuit, l’idée c’est de « flasher », montrer sa réussite avec des couleurs vives et un échappement bruyant et pétaradant.
Pour l’acheteur de Bentley, c’est différent. Une Continental GT, c’est une voiture de grand tourisme, au sens le plus pur du terme. Un coupé à deux portes aux lignes racées, avec un capot interminable et un arrière tronqué. Pas d’aileron surdimensionné, pas de lame en carbone frôlant le sol, ce serait trop vulgaire! À la place, on retrouve une immense calandre grillagée, quatre phares ronds et des lignes douces qui courent jusqu’à la partie arrière. Celle-ci accueille deux feux en amande, des sorties d’échappement ovales et un diffuseur réduit à sa plus simple expression.
Et contrairement à beaucoup d’exotiques, notre modèle d’essai, avec sa teinte grise plutôt discrète, n’a pas vraiment fait tourner les têtes sur notre passage. Il faut dire que la motorisation n’utilise pas un échappement qui pousse des hurlements à la moindre sollicitation. Au contraire, les premières accélérations se passent en douceur. On a droit à deux motorisations différentes: un V8 de 4 litres ou un W12 de 6 litres. Dans les deux cas, c’est la discrétion qui prédomine.
Une autre dimension
Les premières évolutions à basse vitesse confirment que la Continental GT a été remarquablement bien insonorisée. Même sur les routes dégradées de Montréal, il n’y a pratiquement aucune remontée parasite en provenance des roues. Remarquablement bien assis dans son siège, respirant les effluves de cuir qui lui parviennent, le conducteur semble presque coupé du monde. Dans ce superbe habitacle, tendu de cuir de très haute qualité, même les embouteillages ne sont pas un supplice. Il faudra tout de même faire attention à la visibilité réduite vers l’arrière, qui n’aide pas lors des manœuvres citadines.
En ce qui concerne l’intérieur, les designers ont joué la carte de la sobriété, préférant opter pour des lignes simples et classiques. Chez Bentley comme chez Rolls Royce, il n’est pas question de brusquer la clientèle avec des formes taillées à la serpe ou des gadgets en tout genre disséminés dans l’habitacle. Face à conducteur, on retrouve un combiné d’instrumentation traditionnel à aiguilles, agrémenté d’un écran pour afficher les diverses informations nécessaires à la conduite.
Certaines commandes sur lesquelles il faut tirer rappellent l’aviation, et le système multimédia peut même être camouflé grâce à un ingénieux système rotatif. Le conducteur peut consulter et appuyer sur l’écran tactile, ou alors faire pivoter l’ensemble pour ne laisser apparaître qu’un thermomètre, une boussole et un chronomètre. Le tout étant évidemment réalisé avec grand soin. Et pour épurer encore davantage la planche de bord, une dernière pression sur la commande laisse place à un panneau de bois qui épure le design.
Catapulter… mais poliment
Au moment de quitter la ville pour les voies rapides, une accélération plus franche nous confirme que les performances sont bien au rendez-vous. Avec respectivement 550 et 650 chevaux disponibles, le V8 et le W12 ne manquent jamais de souffle. Et même avec la pédale collée au plancher, la Continental GT ne se montre jamais brutale. Elle vous enfonce dans votre siège, mais toujours avec politesse. Cela dit, n’oubliez pas de jeter un coup d’œil à l’indicateur de vitesse, car il grimpe très rapidement!
Avec un 0 à 100 km/h expédié en 4 secondes avec le V8 et 3,6 secondes avec le W12, les grands excès de vitesse vous guettent. C’est d’autant plus vrai que la qualité du roulement et de l’insonorisation tend à diminuer la sensation de vitesse, ce qui fait qu’on a tendance à rouler plus vite qu’à l’accoutumée. Sachant que la GT peut atteindre les 200 km/h en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, mieux vaut demeurer vigilant.
Excellente autoroutière, la Continental se montre un peu moins à l’aise lorsque la route se met à tourner. Plutôt maniable pour une voiture qui tourne autour 2 200 kg, elle n’a pas été conçue pour être malmenée sur des routes de montagne. Et si vous souhaitez tout de même l’emmener dans une danse trop endiablée, elle vous fera rapidement part de sa réprobation en sous-virant excessivement et en faisant crisser ses pneus avant. Pour profiter de ses bonnes manières, mieux vaut adopter une conduite plus coulée et arrondir vos trajectoires. C’est dans ces conditions que vous profiterez pleinement du charme distillé par cette voiture d’exception.
Feu vert
- Moteurs souples et très performants
- Conduite séduisante
- Habitacle sublime
Feu rouge
- Places arrière symboliques
- Visibilité réduite vers l’arrière