Honda Ridgeline - Invincible et invisible
Le Honda Ridgeline a maintes fois mérité le titre de Meilleure camionnette intermédiaire que décerne le Guide de l’auto, au grand dam des amateurs de « vraies » camionnettes. S’il n’a pas le profil carré de ces dernières, le Ridgeline possède assurément des qualités qui leur échappent. Notamment un confort, une fiabilité et un comportement exemplaires, auxquels s’ajoutent une conception ingénieuse, une polyvalence imbattable et une excellente valeur de revente. Avec une mise à jour côté techno, il serait quasiment parfait.
Si le Ridgeline est à ce point différent des camionnettes qui sillonnent ce continent depuis un siècle, c’est qu’au lieu de singer la recette des constructeurs américains comme certaines rivales, Honda a simplement inventé la sienne. Une approche qui lui a réussi, autant dans le monde de l’automobile que celui de la motocyclette, des petites mécaniques, de la F1 et même de l’aviation. Parce que l’innovation a toujours été vitale pour la compagnie fondée par Soichiro Honda il y a plus de sept décennies.
Sur une fondation solide
Contrairement à la quasi-totalité des camionnettes, le Ridgeline possède une coque autoporteuse (ou monocoque) comme celle des voitures modernes, plutôt qu’une carrosserie posée sur un châssis séparé. Et cette structure ultrasolide, que le Ridgeline partage en grande partie avec le Pilot, lui permet d’offrir un comportement, un confort, un silence et une qualité de roulement exceptionnels pour une camionnette. Toutes les versions du Ridgeline sont animées par un V6 de 3,5 litres qui livre 280 chevaux. Ce moteur, qui a fait ses preuves, est jumelé à une excellente boîte automatique à 9 rapports. Elle permet au Ridgeline de sprinter de 0 à 100 km/h en 7,18 secondes, de franchir le quart de mille en 15,31 secondes à 148,5 km/h et de passer de 80 à 120 km/h en 5,2 secondes. Dans tous les cas, c’est environ 0,3 seconde de mieux qu’avec l’ancienne boîte à 6 rapports.
Avec une garde au sol de 194 mm et des angles d’approche et de dégagement modestes, le Ridgeline n’est pas conçu pour le tout-terrain extrême. On s’en fout, puisque sa suspension robuste, à quatre roues indépendantes, lui permet d’attaquer les chemins les plus défoncés avec un aplomb et une maîtrise remarquables, sans jamais la moindre ruade ou perte de stabilité. Et son rouage intégral i-VTM4, qui répartit le couple en continu, lui fournit une motricité sans reproche, quelles que soient les conditions ou la surface.
Le Ridgeline est parfaitement à l’aise sur l’asphalte aussi. D’une agilité étonnante, qui ne trahit jamais sa masse et son poids, il est stable en virage et file sur l’autoroute dans un silence louable. Tout ça, malgré des pneus très sculptés, bien adaptés à la conduite hors route, qui lui permettent quand même de stopper à partir de 100 km/h sur une distance convenable de 43,44 mètres, en freinage d’urgence. Son grand diamètre de braquage de 13,22 mètres n’aide pas sa maniabilité en ville, cependant.
Cabine et caisse à tout faire
Aux commandes du Ridgeline, le siège est impeccable, tout comme la position de conduite. La visibilité vers l’avant et les côtés est sans reproche, grâce à une lucarne découpée devant un rétroviseur monté assez bas pour ne rien vous cacher en virage. En revanche, l’écran central tactile n’est ni très grand, ni très net, selon les critères actuels. Même dans les versions les plus cossues. Le graphisme est quelconque et l’écran du système de navigation semble provenir d’un dessin animé.
Le système multimédia n’est pas rapide non plus. Il faut parfois s’y reprendre deux ou trois fois pour obtenir le résultat souhaité. Le jumelage d’un cellulaire est également ardu et l’importation des contacts parfois pénible. En bref, le Ridgeline a besoin d’une sérieuse mise à jour au rayon techno. C’est une chance que ses commandes physiques aient la douceur et la précision habituelles du constructeur. Y compris les boutons au volant qui sont toujours les meilleurs. Pourquoi alors nous infliger quatre touches détestables pour la transmission alors qu’un petit levier serait plus efficace et plus sûr tout en encombrant moins la console ?
Côté pratique, le grand coffre étanche sous la plate-forme arrière est toujours aussi génial. On y accède facilement par un grand battant qui s’ouvre sur le côté ou vers le bas. Une autre excellente idée, comme l’assise de la banquette arrière qui se soulève en sections 60/40 pour libérer des espaces de chargement additionnels. En fait, plusieurs des caractéristiques du Ridgeline ont été reprises par les camionnettes Ford Maverick et Hyundai Santa Cruz. Sa carrosserie autoporteuse, en premier lieu. Le proverbe qui suggère que l’imitation est le plus sincère des compliments est d’ailleurs tout à fait juste, dans son cas.
Feu vert
- Comportement stable et sûr
- Habitacle spacieux
- Suspension à toute épreuve
- Polyvalence inégalée
Feu rouge
- Interface multimédia dépassée
- Présentation intérieure un peu fade
- Frein de stationnement au pied encombrant
- Silhouette trop sage