Cadillac CT5 - La bonne voiture au mauvais moment
Il y a maintenant vingt ans de cela, on assistait à la relance de la division Cadillac, avec l’arrivée de la première CTS. Une voiture qui aura changé l’image de la marque, sans toutefois réussir à effrayer la concurrence. Depuis, Cadillac a lancé plusieurs berlines. Parfois intéressantes, parfois moins. Or, la CT5 est certainement celle que l’on attendait depuis longtemps. Polyvalente et hautement talentueuse, elle a été hélas commercialisée à une époque où les berlines n’ont plus la cote.
Clairement, la CT5 est la dernière de sa race. Parce que Cadillac amorce un virage électrique appelé à faire disparaître la majorité des modèles dotés de moteurs à combustion, mais aussi parce que les berlines ne se vendent qu’au compte-gouttes. À preuve, seulement 925 ventes canadiennes de la CT5 en 2021 et environ dix fois plus chez nos voisins du Sud, ce qui est dans la norme. Des chiffres qui ne reflètent certainement pas la hauteur du talent de cette automobile.
Quatre options mécaniques
Contre vents et marées, Cadillac lançait l’an dernier une version baptisée CT5-V Blackwing. En somme, la plus puissante des Cadillac jamais construites, si l’on fait fi de l’Escalade V, exploitant la même motorisation. Qui aurait imaginé que la division de luxe de GM oserait en effet lancer une berline dotée d’un V8 suralimenté de 668 chevaux, qui achemine sa puissance aux roues arrière et qui de surcroît fait appel à une boîte manuelle à six rapports? Une configuration unique dans l’industrie, du moins chez les berlines.
Évidemment, cette CT5-V Blackwing est un modèle d’exception s’adressant aux puristes et qui, sans surprise, n’aura été vendue qu’au compte-gouttes au cours de l’année. Cela dit, une CT5-V « ordinaire » équipée du V6 turbocompressé du 3 litres demeure un modèle franchement intéressant. Libérant 360 chevaux, cette mécanique est nerveuse, vive et adéquatement mariée à une boîte automatique à dix rapports. Sa sonorité envoûtante donne aussi un peu de piment à la conduite. Comme pour l’ensemble des versions (sauf Blackwing), on peut obtenir la CT5-V avec rouage intégral, ce que la quasi-totalité des acheteurs canadiens choisira. À se demander pourquoi Cadillac propose un modèle propulsé, alors que la concurrence ne l’offre pas. Avec une CT5 Premium Luxury et vous obtiendrez une version légèrement dégonflée du V6 de 3 litres, avec une puissance abaissée à 335 chevaux. Grosso modo, une motorisation également très performante, mais montée dans une berline plus classique d’approche. Sinon, la quatrième option réside en ce quatre cylindres de 2 litres, un peu faiblard, que très peu d’acheteurs choisiront. Pourquoi ne pas plutôt avoir offert le quatre cylindres de 2,7 litres aussi offert dans la CT4? Sans doute parce qu’on préfère vendre des V6!
Qu’importe la version que vous convoitez, vous constaterez la grande qualité de fabrication. Terminé cette époque où le châssis ne suivait pas et où les craquements causés par une rigidité structurelle quelconque se multipliaient au fil des kilomètres. Désormais, Cadillac propose une berline de qualité exceptionnelle et extrêmement bien balancée. Une voiture qui procure un excellent confort en ne négligeant jamais ses qualités dynamiques. Encore une fois, la CT5-V est celle qu’il faut favoriser pour davantage de plaisir au volant, mais sachez que même les versions ordinaires se défendent bien sur le plan dynamique.
Quant à la version Blackwing, considérez-là comme un muscle car en tenu de gala. Une voiture qui fait par exemple très mal paraître une Dodge Charger SRT Hellcat/Redeye et qui fait mordre la poussière aux Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio et BMW M3 Competition, pourtant plus onéreuses. Une voiture très intéressante, parce que méconnue, et qui n’est pas aussi violente et tape-à-l’œil qu’une Camaro ZL1, exploitant à peu de choses près la même mécanique. Bref, un véritable plaisir coupable et surtout, une pièce de collection qui ne fera que grimper en valeur, particulièrement avec la boîte manuelle.
Petite déception
De son côté, l’habitacle nous laisse sur notre appétit. Du moins, en comparaison avec la concurrence allemande qui nous sert un niveau de finition supérieur. La présentation manque donc de finesse et certains matériaux déçoivent. Cela n’enlève cependant rien au confort et à l’ergonomie d’ensemble, laquelle est d’ailleurs irréprochable.
Voilà donc une berline comme il ne s’en fait trop peu, certes condamnée à disparaître, mais qui gagne néanmoins à être connue. En espérant cependant que Cadillac puisse ouvrir les vannes et fournir les concessionnaires, puisque la CT5 fait partie de ces modèles trop faiblement distribués aux profit des VUS, moins impressionnants.
Feu vert
- Comportement routier remarquable
- Moteur V6 très agréable
- Élégance des lignes
- CT5-V Blackwing, pour l’ensemble de l’œuvre
Feu rouge
- 4 cylindres décevant
- Finition intérieure quelconque
- Disponibilité problématique