Infiniti Q50/Q60 - Il est minuit moins une
Pendant que l’ensemble des rivaux japonais et allemands ont évolué en multipliant leur offre de motorisations et, dans certains cas, en agrémentant cette offre avec des technologies hybrides et électriques, les Q50 et Q60 semblent coincées dans le temps. Inutile de blâmer leurs configurations coupé et berline, ces formats sont toujours pertinents et prospèrent ailleurs dans le marché. Non, c’est plutôt la désuétude du duo, désuétude qui affecte presque toutes leurs facettes. Sauf ce qui se trouve sous le capot, peut-être. Après tout, la motorisation V6 biturbo a été empruntée par Nissan pour alimenter la nouvelle Z. On peut supposer que cette manœuvre est un gage de pertinence.
L’artillerie sous le capot du duo Q50/Q60 a fait ses preuves de fiabilité à la dure - à défaut d’avoir été renouvelée. Dans les modèles de base, on parle d’un V6 de 3 litres qui développe 300 chevaux et 295 lb-pi de couple. Lorsque l’on monte vers les modèles Red Sport, ce V6 a été recalibré pour déployer 400 chevaux et 350 lb-pi de couple. Ces deux niveaux de puissance rivalisent tout de même convenablement face à la concurrence – mais il va sans dire que ça ne brille pas au chapitre de la consommation. Les deux itérations du moulin sont jumelées à une boîte automatique à sept rapports.
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Les performances et la dynamique survivent
Concrètement parlant, les accélérations qu’elles déploient sont vives et convaincantes, voire surprenantes. Et dans les virages, même si l’on qualifie le châssis de dépassé, il parvient néanmoins à faire sourire le conducteur sourires et lui faire éprouver des palpitations en conduite animée. Le confort de roulement est également adéquat et bien calibré pour nos routes raboteuses.
La boîte de vitesses à sept rapports canalise la puissance aux quatre roues de manière efficace, mais elle pourrait bénéficier d’un meilleur étagement pour ne pas paraître perdue entre deux rapports dans certaines situations. Ensuite, la direction vient jouer les trouble-fêtes. Assistée électroniquement dans le but de créer une impression de confort, son caractère engourdi a pour effet de déconnecter le volant de la route. Ce n’est pas qu’elle manque de précision, c’est le manque de ressenti qui met le cheveu dans la soupe à la dynamique de conduite.
Des retards styliques et technologiques importants
C’est lorsque l’on s’assoit à l’intérieur que la Q50 et la Q60 nous font faire un voyage nostalgique dans le temps. Cet habiatcle n’est pas encore mûre pour le musée de l’automobile, mais on peut aisément la qualifier de surannée sur le plan du design et de la technologie. L’aspect le plus irritant est sans contredit le système d’infodivertissement à écran double. Celui-ci est peu efficace, douloureusement contre-intuitif et son écran supérieur fait froncer les sourcils de par son manque de pertinence (et de clarté). En revanche, Infiniti a tout de même pris soin d’ajouter des technologies comme Apple CarPlay sans-fil ainsi que ses récents dispositifs de sécurité avancés développés au fil du temps dans le camp Nissan, ce qui fait que le duo est à jour dans ce dossier. Le bloc d’instruments analogique situé derrière le volant apporte une touche rétro appréciable… mais c’est involontaire! La sellerie est pour sa part plutôt chic et très confortable, par contre les places arrière sont plus restreintes qu’elles devraient être, autant dans la Q50 que dans la Q60.
La désuétude n’a pas toujours une connotation négative. Si le style extérieur est selon les goûts individuels, la Q60 fait preuve de grande originalité avec sa silhouette séduisante, même après tout ce temps! Or, plus objectivement, les Q50/Q60 sont puissantes, relativement fiables, confortables et agréables à conduire.
Il eut jadis une légère brise d’espoir d’innovation chez Infiniti avec ses compactes, soit avec la Q50 Eau Rouge qui s’animait grâce au moteur de la GT-R, et la Q60 Project Black S, ce concept qui voulait mettre à profit les technologies hybrides acquises en F1 avec Renault Sport. Hélas, ces projets, aussi prometteurs qu’ils paraissaient, ont pris le chemin de la corbeille en 2020 en même temps que la participation d’Infiniti en Formule 1. Que réserve l’avenir pour le duo ? Allez savoir!
Mais avec des ventes de seulement 344 unités au Québec en 2021, la popularité de ses autos est loin derrière celle des Audi A4/A5, par exemple, lesquelles ont été écoulées en 1 243 exemplaires dans la belle province durant la même période, une tendance qui se fait sentir dans tous les marchés où Infiniti se trouve. Il est donc minuit moins une pour la refonte de ces deux voitures, une refonte qui dépend de la direction que prendra Infiniti dans les années à venir, direction qui est elle-même plus nébuleuse que jamais.
Feu vert
- Puissance linéaire
- Agrément de conduite appréciable dans son ensemble
- Confort notable
Feu rouge
- Système multimédia préhistorique
- Habitacle désuet
- À quand la refonte complète?