Chevrolet Corvette - Partenaire de danse émérite
La Corvette C8, si controversée à son lancement notamment à cause de sa motorisation centrale arrière et le retrait de sa boite manuelle, a démontré qu’elle a ce qu’il faut pour rivaliser contre les plus grandes dames de l’automobile. L’an dernier, nous l’avons mesuré à deux sportives invétérées, dont la Porsche 911, dans le cadre d’un match comparatif débridé où la sportive américaine est sortie vainqueur.
D’un point de vue tout à fait comptable et objectif, lorsqu’on considère le prix de vente et l’expérience fournie, la Corvette amène des arguments de taille à la table, avec un ensemble de composantes qui lui permettent de passer de la rue au circuit sans problème. Cette année, la sportive américaine est toujours offerte en configuration coupé ou cabriolet avec un choix exhaustif de coloris et d’ensembles d’options. Pour se racheter auprès des puristes, Chevrolet ajoute également la tant attendue variante Z06 au menu. Une déclinaison qui, comme la tradition le veut, est plus performante, plus légère et plus affutée pour intimider davantage ses rivales sur le circuit et impressionner les passants sur la route.
Muscle américain, doigté européen
Si la mécanique est le cœur d’une sportive, la Corvette a les organes vitaux des rois avec une mécanique V8 de 6,2 litres atmosphérique qui développe 490 chevaux et 465 lb-pi de couple dans sa version Stingray. Ajoutez l’ensemble Z51 et 5 chevaux rejoindront le déjà populeux troupeau, accompagnés de 5 lb-pi de couple additionnels. La variante Z06 accueille quant à elle une motorisation développée en compétition. Il s’agit toujours d’un 8 cylindres en V, mais d’une cylindrée de 5,5 litres cette fois, et qui développe 670 chevaux notamment grâce à son vilebrequin à manetons plats. Une boite à 8 rapports et double embrayage canalise le tout aux roues arrière avec une rapidité vertigineuse.
En valse endiablée, la Corvette fait preuve de précision chirurgicale dans tous ses sens du terme. Avec la Stingray munie de l’ensemble Z51 qui amène notamment des freins Brembo surdimensionnés, des pneus Michelin Pilot Sport 4S, un différentiel autobloquant, la suspension ajustable magnétique et un échappement plus criard, la C8 fait preuve d’une adhérence et d’une efficacité dignes d’une exotique européenne largement plus onéreuse. La direction fournit un ressenti juste et précis, et la voiture est remarquablement prédictible, voire nettement moins rustre que les générations précédentes. De fait, elle pardonne les erreurs de pilote novice grâce à un savant mélange de calibrage de châssis, freinage, direction et, si tout va pour le pire, des systèmes électroniques qui la gardent sur le droit chemin.
En danse slow, la Corvette est étonnement docile et facile à conduire. De surcroit, elle parvient à offrir un confort de roulement adéquat, même lorsqu’elle s’aventure sur nos pires pavés québécois. Il est même possible d’ajouter en option un système hydraulique permettant d’augmenter la garde au sol à l’avant pour surmonter les obstacles citadins plus facilement.
Le cockpit d’un avion de chasse
S’immiscer dans l’antre de la C8 s’apparente à monter dans un chasseur paré à aller au front. Bien calé dans l’assise côté conducteur, on a accès à toutes les commandes de manière assez aisée, en plus d’avoir une vision en plongée de la route. Le système d’infodivertissement signé Chevrolet est intuitif, en angle et très rapproché du conducteur, ce qui rend son opération facile. Pour les points faibles, le premier bémol dans l’habitacle se trouve dans la rangée de boutons qui lie le tableau de bord à la colonne centrale et qui abrite un mélange un peu confus de commandes de ventilation et autres. Le second désagrément, c’est la visibilité arrière difficile. Il faut se fier aux rétroviseurs extérieurs le plus possible, toujours en tenant compte de l’arrière-train plutôt imposant de la Corvette.
Par ailleurs, une édition spéciale qui célèbre les 70 ans du modèle est également au menu pour 2023. Cet ensemble optionnel, destiné aux Z06 et Stingray, vient notamment avec des combinaisons de couleurs uniques à l’intérieur comme à l’extérieur, des sièges GT2 plus enveloppants, des badges 70e Anniversaire parsemés un peu partout sur la carrosserie et dans l’habitacle. On retrouve aussi une plaque unique numérotée.
Les bonnes qualités d’un partenaire de danse sont la communication, la qualité du guidage et la qualité de l’écoute. Parfois on mène, parfois on laisse l’autre exécuter. Et fort de ses caractéristiques techniques, son talent, sa prédictibilité et sa tolérance, la Corvette est une excellente partenaire de danse, même pour ceux qui ne savent pas très bien danser…D’autres variantes de la Corvette sont dans les plans. Quand on regarde le futur, toutes les possibilités semblent être sur la table : version hybride, électrique, à rouage intégral… bref, il y en aura pour tous les goûts, pour le plaisir des amateurs de performance abordable, même si cela se fera peut-être au grand dam des puristes.
Feu vert
- Performances extraordinaires
- Conduite digne d’un exotique, mais qui pardonne
- Assez docile pour la conduite au quotidien
Feu rouge
- Pas de boite manuelle
- Visibilité arrière très limitée
- Rangée de boutons peu intuitive dans l’habitacle