37% d'augmentation salariale?
Seriez-vous en mesure de demander 37% d’augmentation salariale en quatre ans auprès de votre employeur actuel? Probablement pas, hein? Pourtant, voilà les grandes lignes des demandes des travailleurs de l’automobile de la région de Detroit, protégés par le puissant syndicat UAW (United Auto Workers). Essentiellement, cela signifie une augmentation du salaire moyen de ces employés passant de 28 USD à 38,50 USD de l’heure. Pourquoi de telles demandes? Parce que l’on considère que les bénéfices des trois grandes entreprises américaines que sont Ford, GM et Stellantis, ont bondi de façon faramineuse au cours des dernières années, justifiant ainsi une augmentation salariale conséquente.
Maintenant, il faut comprendre que les augmentations de bénéfice de la dernière année s’expliquent par le fait que la pandémie à causé une baisse radicale des ventes en 2020 et 2021. Également, parce que les constructeurs ont quasi abandonné la production de voitures au profit des camions et VUS, pour la simple et bonne raison qu’une bagnole se vend toujours moins cher, étant donc moins rentable... Cependant, le coût de production d’une Ford Fusion et d’un Ford Bronco Sport est comparable. Or, le Bronco Sport se vend facilement 10 000 $ de plus.
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D’ailleurs, si les constructeurs américains ont cessé la production et la vente de petites voitures (Spark, Cruze, Fiesta, Focus, Dart et autres), c’est aussi parce qu’elles n’étaient tout simplement plus rentables. Et pour cause, le coût faramineux des employés et surtout, des retraités, qui jouissent souvent d’une retraite dorée découlant de conventions collectives très solides. Aujourd’hui, ces mêmes employés qui, au demeurant, sont mieux rémunérés que ceux qui œuvrent dans les usines américaines de marques japonaises et coréennes demandent d’importantes augmentations salariales.
Si cela était accordé, ça signifierait à moyen terme une augmentation vertigineuse des véhicules, qui ont vu leurs prix exploser ces dernières années... Ces demandes démesurées n’ont aucune logique et pourraient à nouveau mettre les entreprises au bord du gouffre, s’il y avait récession. Hélas, la puissance de ce syndicat et le fait que les trois marques soient en grève en même temps, risque de faire mal à l’industrie. Voilà un problème qui ne se réglera pas de sitôt, et qui aura inévitablement des conséquences sur la disponibilité et les prix des véhicules. Particulièrement de notre côté de la frontière, où les véhicules sont forcément moins rentables que ceux vendus aux États-Unis, conséquence de la faiblesse de notre dollar.
Bref, très vite, on pourrait voir exploser le prix de certains modèles ou du moins, voir leurs taux de financement et de location grimper brusquement : la disponibilité limitée de plusieurs modèles entraînera une baisse des inventaires et donc, une offre inférieure à la demande.
En ce moment, il est possible de financer une camionnette GM à un taux de 0,9%. Une camionnette F-150 de Ford à 3,49%, accompagnée de généreux rabais à l’achat. Et pour un Ram 1500 Classic, des remises allant jusqu’à 9 080 $ pouvant être combinées à un taux de financement allant jusqu’à 2,99%. Dites-vous que tout ça disparaîtra rapidement, dès la cessation de production. Même si ce n’est que de courte durée.
Pour l’heure, l’usine de GM de Wentzville où sont fabriquées les camionnettes Colorado/Canyon est à l’arrêt. Idem pour l’usine Jeep de Toledo en Ohio, où sont montés les Wrangler et Grand Cherokee, et à l’usine Ford de Wayne, où sont assemblés les populaires Bronco. Et malheureusement, ça ne semble être que le début...
Attendez-vous ainsi à une intervention des gouvernements pour une rectification de cette fâcheuse situation, qui doit toutefois faire le bonheur des environnementalistes, lesquels souhaitent voir disparaître ces camions énergivores.