Acura Integra Type S 2024 : mieux qu'une Type R?
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Le nom Integra est synonyme de sportivité, d’agilité et d’accessibilité en Amérique du Nord. Intimement liée à la Honda Civic, l’Acura Integra n’a pas perdu de temps avant de s’établir comme l’une des bonnes bagnoles sur le marché au milieu des années 80. Trois générations plus tard, Honda mettait fin à sa série la plus populaire pour la remplacer, au début des années 2000, par une berline 1.6EL à peine plus intéressante qu’une Civic avec sa sellerie en cuir et par un coupé RSX embourgeoisé.
On connaît la suite : le coupé a lui aussi été envoyé au tordeur quelques années plus tard et les berlines (1.6EL, 1.7EL, CSX et ILX) ont toutes paradé au nord du 49e parallèle pour abaisser le prix d’entrée dans les salles d’exposition de la marque au pays. Or, l’annonce du retour de l’Integra - il y a un peu plus d’un an - a enflammé le web et les disciples du nom, mais le dévoilement du prototype a confirmé une fois de plus le lien trop étroit entre la Honda Civic et l’Acura Integra.
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Les stratèges de la division luxueuse ont même osé de proposer l’Integra A-SPEC avec une boîte manuelle à six rapports dans sa livrée la plus cossue, à l’image de ce qui est installé sous le capot de la Honda Civic Si. Toutefois, c’est l’ajout d’une livrée hypersportive qui a fait sourire les inconditionnels de la marque nipponne.
Récemment arrivée à Montréal, l’Acura Integra Type S 2024 n’est qu’une version endimanchée de l’autre enfant terrible du constructeur, la Honda Civic Type R. Il reste maintenant à découvrir laquelle de ces deux lettres – R ou S? – nous inspirent. Voici ce qu’il y a à retenir de ce premier contact au volant de l’Integra la plus épicée de l’histoire.
Discrète, mais plus musclée
Les responsables du design n’ont pas cherché à changer la recette de la Civic Type R depuis son arrivée au pays en 2016. Certes, le design est exclusif à l’Integra, mais il y a toujours ce hayon qui facilite le transport de certains objets encombrants – merci aussi à la banquette arrière repliable –, quoique la hauteur de chargement ne soit pas aussi basse que dans certains multisegments.
La Type S se contente d’un petit becquet au bout de sa lunette arrière – contrairement à l’aileron bien en vue sur celui de la Honda –, mais conserve les trois tuyaux montés en position centrale, ce dernier étant intégré à même le diffuseur noir lustré. À l’instar de la Civic Type R, l’Integra Type S a droit à des voies élargies, un détail rehaussé par l’ajout d’ailes moulées lesquelles sont du plus bel effet par-dessus les jantes de 19 pouces.
Outre les écussons accolés aux ailes avant et sur le coffre, la Type S se distingue aussi par sa devanture franchement plus agressive. Le capot intègre une trappe d’aération, tandis que le grillage logé entre les phares aux DEL est également exclusif à la voiture tatouée du S. Mais ce n’est pas tout, puisque le museau de la bête est lui aussi plus large qu’à l’habitude. Vêtue de cette teinte Noir majestueux nacré, l’Integra Type S semble prête pour une soirée de gala, tout le contraire des options Blanc platine nacré, Oeil de tigre nacré ou Bleu ultime nacré, plus voyantes que le noir de notre modèle d’essai.
Le groupe Honda ne bernera pas ses admirateurs les plus perspicaces, car ces derniers sont bien conscients du lien de parenté entre la Type R et la Type S, mais ce qui est sûr, c’est que la plus luxueuse des deux se montre suffisamment exclusive pour tromper les non-habitués.
Un habitacle familier
Si la robe de l’Acura se distance un tantinet de la version Honda, la planche de bord, malgré sa nouvelle coupe, a du mal à cacher ses origines plus modestes. On retrouve les mêmes buses de ventilation à bâtons, un affichage fort semblable sur les deux écrans et une position de conduite presque parfaite, comme dans le bolide tatoué du « H » rouge. Les concepteurs n’ont pas cédé à la tentation d’intégrer un volant à base aplatie. D’ailleurs, celui-ci est agréable à prendre en main, mais il manque ce « je-ne-sais-quoi » typique aux voitures qui ne craignent pas les circuits fermés.
L’Integra Type S est déjà très bien nantie pour survivre à une journée de pilotage, par contre les sièges de la première rangée manquent de support et le volant se montre glissant à l’occasion. Le pommeau du levier de vitesses en revanche tombe parfaitement dans la main droite. Non loin de ce dernier, le petit levier de sélection du mode de conduite est judicieusement placé pour les moments où le conducteur décide de freiner ses ardeurs à cause d’une route bosselée ou simplement parce qu’il recherche davantage de confort avec les ajustements plus mous de la suspension adaptative.
Au volant
Il n’est pas déplacé de vouloir comparer cette première Integra Type S à la Honda Civic Type R. Après tout, les deux autos partagent la même plateforme et les mêmes organes mécaniques. Le quatre cylindres turbo de 2,0 litres de l’Acura livre toutefois cinq chevaux de plus que la Honda (320 contre 315), tandis que le couple optimal de 310 lb-pi est identique. Le gain en puissance a été obtenu grâce à un système d’échappement moins restrictif que celui de la Type R.
Remarquez, cette puissance bonifiée n’est absolument pas ressentie sous le pied droit. Ce qui ressort surtout dès les premiers kilomètres parcourus, c’est l’impression d’être au volant d’une voiture plus douillette et mieux insonorisée.
Soyez rassurés, l’Integra Type S demeure aussi explosive que sa cousine Honda. L’embrayage et le maniement de la boîte manuelle sont presque jouissifs et la sonorité du moulin turbocompressé n’est vraiment, mais vraiment pas désagréable. Et la présence de ces sabots de 19 pouces ne vient pas nuire au confort. Il s’agit là de tout un exploit compte tenu du bitume usé de la métropole.
En fait, pour profiter pleinement de cette sportive en ville, il faut obligatoirement sélectionner le mode Individuel qui autorise la suspension confortable, sans sacrifier sur la réponse du moteur ou la lourdeur de la direction. Le mode Sport+ devrait quant à lui être réservé aux chemins sinueux ou aux sessions en piste.
Un autre point positif avec cette Integra vitaminée, c’est son étonnante tenue de route. Lorsque les pneus Michelin Pilot Sport 4 S ont atteint leur température optimale, il est difficile de la prendre en défaut, que ce soit dans une conduite plus tranquille en ville ou sur un tracé aussi torsadé qu’un spaghetti.
Les plus sévères trouveront à redire sur la motricité limitée de la voiture – la Type S est une traction au même titre que la Type R de Honda –, mais ce détail technique ne se remarque pas vraiment sur le sec. La largeur des pneus complique les choses lors des reprises sur une autoroute aux ornières prononcées. Il est en effet possible de ressentir de l’effet de couple par moments, mais en général, l’Integra Type S demeure une redoutable sportive très facile à conduire… à condition de respecter les lois de la physique.
La question à 5 550 $
L’Integra Type S 2024 est plus dispendieuse à acquérir avec son PDSF de 55 600 $. De son côté, la Civic Type R (année-modèle 2023) affiche un PDSF de 50 050 $. Il y a donc un écart d’un peu plus de cinq mille dollars entre les deux bolides du groupe Honda, ce qui n’est vraiment pas exagéré comme supplément pour repartir au volant de l’Acura.
Les deux offrent des performances et des sensations très similaires et les deux risquent de bien vieillir au fil du temps, tout en conservant une valeur intéressante sur le marché de l’occasion. Il est tout de même question de deux futurs items de collection ici.
La Honda Civic Type R parle assurément plus aux puristes, mais cette Acura Integra Type S n’est vraiment pas à dédaigner. En fait, sa silhouette pourrait plaire à tous ceux et celles qui préfèrent leur sportive avec un soupçon de retenue.
Il n’y a donc pas de conclusion nette à tirer de cet essai sur route. L’Acura Integra Type S 2024 est une alternative très intéressante à l’incroyable Honda Civic Type R lancée l’automne dernier.