Toyota bZ4X 2023 : le premier bZ… mais pas le dernier
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Vous le trouvez le nom de ce véhicule électrique étrange ? Mieux vaut vous y faire, car ce n’est que le premier d’une série de « bZ » qu’on verra chez les concessionnaires Toyota. Parions d’ailleurs que les prochains n’auront pas la vie dure comme celui-là. Les premiers Toyota bZ4X devaient être livrés au cours du printemps 2022. Or, un rappel a forcé le report de leurs livraisons, et ce à l’échelle mondiale. Sur certains exemplaires initiaux, des boulons de roues menaçaient de se dévisser inopinément dans certaines circonstances !
Une fois ce problème résolu, en novembre, le constructeur a pu enfin commencer à livrer ces véhicules tant attendus. Le 31 décembre dernier, les 703 premiers avaient été livrés à leurs acheteurs canadiens et, depuis la fin du premier semestre de cette année, 1 560 autres ont trouvé preneurs.
- À lire aussi: Véhicules électriques : Toyota promet jusqu’à 1 500 km d’autonomie
- À lire aussi: Quels sont les 10 véhicules électriques les moins chers en 2023?
Pour un constructeur qui a vendu plus de 200 000 véhicules au Canada et au-delà de 2,1 millions aux États-Unis en 2022, cette poignée de VÉ représente bien peu de chose. Mais ce n’est qu’un début. Rappelons qu’en décembre 2021, lors d’une conférence de presse à Tokyo, Akio Toyoda, alors président de Toyota Motor Corporation, avait promis 30 nouveaux VÉ pour les marques Toyota et Lexus d’ici 2030; des véhicules qui seraient vendus à 3,5 millions d’exemplaires par année à l’échelle planétaire. Alors, des Toyota branchés aux bornes du Circuit électrique, attendez-vous à en voir de plus en plus souvent !
Pour inaugurer cette nouvelle ère d’électrification des transports, Toyota a donc choisi un modèle à 5 places gros comme un Venza; un modèle gratifié d’un nom hétéroclite dont personne ne se souvient. On me demande même souvent s’il signifie quelque chose !
Comme toujours, ce constructeur ne laisse rien au hasard, pas même pour cette curieuse appellation. Un communiqué publié par la direction européenne de Toyota nous apprend que les lettres « bZ » signifient « beyond Zero », expression signalant que ce véhicule ne produit aucune particule polluante. Deux lettres qui désigneront d’ailleurs d’autres modèles en devenir; le constructeur n’en promet pas moins de sept d’ici 2025. Quant au chiffre 4, il identifie une catégorie des véhicules de taille moyenne, pour l’administration européenne de Toyota du moins. Enfin, le « X » rappelle qu’il s’agit d’un multisegment, ces véhicules que les anglophones surnomment « crossover ». Vous savez, c’est cette expression fourre-tout imaginée par les gurus du marketing automobile pour désigner tout et rien en même temps.
Concurrence vive
Le bZ4X, c’est un véhicule qui doit aider Toyota à attirer chez ses concessionnaires les acheteurs intéressés par les Hyundai Ioniq 5, Ford Mustang Mach-E, Kia EV6, Nissan Ariya, Volkswagen ID.4, Subaru Solterra, VinFast VF 8 et autres du genre. Il s’agit de véhicules de taille moyenne dont le prix de base est inférieur à 50 000 $.
Ce Toyota se distingue aussi par ses formes anguleuses et sa face avant, qui lui donne un air de requin-marteau affirme le constructeur. Un élément de design qui sera d’ailleurs repris pour les prochains modèles de la série « bZ » ajoute-t-il.
Mis au point conjointement par Toyota et Subaru, marque partenaire qui en offre une copie conforme appelée Solterra, le bZ4X a un habitacle accueillant. À l’avant, il a des sièges baquets confortables qui procurent un support adéquat pour le corps. Ils sont entourés de nombreux espaces de rangement pratiques, notamment sous la partie avant de la console centrale. Cependant, le coffre à gants brille par son absence.
Toutes les versions, même la plus cossue, ont des sièges baquets à six réglages manuels. Il faut opter pour l’ensemble optionnel Technologie (offert à 7 760 $), qui est réservé à la version la plus cossue, pour avoir droit à un siège à 8 réglages assisté, et encore pour le conducteur seulement. À l’arrière, par ailleurs, la banquette accueille confortablement jusqu’à trois adultes de grande taille puisque le plancher est parfaitement plat de bâbord à tribord. Pour les personnes de petite taille, par contre, la garde au sol importante (207 mm) peut compliquer l’embarquement devant comme derrière.
Intérieur pied-de-poule
Dans toutes les versions, les sièges sont habillés d’un tissu à motifs pied-de-poule. Avec l’ensemble Technologie, les sièges du bZ4X XLE se parent toutefois de SofTex, un similicuir synthétique fait de polyuréthanne thermoplastique. Curieusement, seules les versions plus chères LE et XLE ont des sièges avant chauffants, un système de chauffage radiant pour les pieds et les jambes à l’avant et un volant chauffant (gainé de cuir de surcroît). Voilà qui laisse croire que la version L d’entrée de gamme a été conçue pour un Californien plutôt qu’un Québécois.
Sur la planche de bord garnie de tissu au motif pied-de-poule, le conducteur dispose d’un petit écran numérique affichant des cadrans. Il est logé dans un élégant boîtier derrière le volant. Les designers de Ford devraient d’ailleurs s’en inspirer pour améliorer l’apparence de celui du Mustang Mach-E.
À la droite du volant, on retrouve un écran tactile dont la dimension varie selon la version. Le bZ4X L (PDSF de 44 990 $) a un écran de 8 po, alors que les versions LE et XLE à la dotation plus étoffée (respectivement 49 990 $ et 54 990 $) ont un écran de 12,3 po. Ces écrans et une série de touches tactiles situées juste en dessous servent au système d’infodivertissement et à plusieurs fonctions liées à la climatisation et au chauffage. À cause de leur emplacement toutefois, pour utiliser ces touches en conduisant, le conducteur doit détourner son attention de la route afin de poser au bon endroit un doigt rendu instable par le mouvement du véhicule. Voilà une source de distraction dont on se passerait volontiers…
La finition de l’habitacle est soignée, mais les garnitures au fini « piano » nécessitent un entretien très fréquent à cause de leurs surfaces luisantes.
Grand coffre
À l’arrière, un grand hayon donne accès à un coffre modulable dont le plancher n’a pas de seuil gênant. Bien qu’il ait un volume utile important, le toit incliné peut compliquer le chargement d’objets longs et encombrants comme, par exemple, un meuble. Nous avions fait le même constat en essayant le Kia EV6. Toutefois, nous avons apprécié l’espace de rangement aménagé sous le plancher du coffre. Il se révèle très pratique pour ranger le câble de recharge qui, par ailleurs, est léger et très long.
Le constructeur utilise deux motorisations différentes pour le bZ4X selon qu’il a deux ou quatre roues motrices. Pour les versions L et LE, livrables avec seulement les roues avant motrices, Toyota utilise un moteur de 150 kW (201 ch) alimenté par une batterie lithium-ion de 71,4 kWh, alors que le bZ4X XLE, qui a quatre roues motrices de série, est animée par deux moteurs de 80 kW produisant une puissance nette de 214 ch. Ces moteurs sont alimentés par une batterie de 72,8 kWh. ÉnerGuide attribue aux deux premières versions une autonomie de 406 km, alors que la plus cossue plafonne à 367 km.
Observations de conduite
Dans un environnement urbain, le roulement du bZ4X est très convenable, mais sur une route bosselée, la suspension manque de débattement. En outre, la direction est précise et les freins répondent bien aux sollicitations. Le mode de freinage régénératif, par contre, n’a pas autant de mordant que celui d’une Nissan Leaf ou d’une Chevrolet Bolt.
Les roues de 20 po livrées avec l’ensemble Technologie sont très élégantes, mais celles de 18 po, qui sont de série pour les trois versions, nous apparaissent nettement plus avantageuses pour la conduite hivernale, mais aussi pour le prix plus abordable des pneus de cette taille.
Quelques déceptions
Lorsqu’on conduit un VÉ pour la première fois, on est souvent hanté par la crainte d’une « panne sèche » d’électricité. Or, il est surprenant de constater que le bZ4X donne si peu d’informations sur l’autonomie que procure sa batterie. Pour savoir combien de kilomètres le conducteur peut parcourir, il ne dispose que d’un tout petit chiffre affiché dans le coin inférieur droit de l’écran numérique, derrière le volant. C’est tout ! On est loin des graphiques sophistiqués qu’on trouve dans un Hyundai Ioniq 5. Ironiquement, dans le Toyota, ce petit afficheur numérique peut même être masqué par le volant, selon le gabarit du conducteur et la position de conduite qu’il adopte !
Le bZ4X a cependant un point en commun avec l’Ioniq 5 : l’absence d’un essuie-glace sur la lunette du hayon, ce qui est bien dommage. Par contre, contrairement à ce Hyundai, les amateurs de camping ne pourront utiliser un bZ4X pour remorquer une roulotte, même petite. On ne peut pas non plus arrimer à sa poupe l’attelage d’une plateforme de fauteuil roulant, pas plus qu’un porte-vélos. C’est écrit noir sur blanc dans le manuel de l’utilisateur.
Sur la bonne voie
Il faut reconnaître que le bZ4X démontre que le constructeur nippon est sur la bonne voie en matière de VÉ. Dans l’ensemble, son premier modèle de grande diffusion est pratique, confortable et agréable à conduire. De plus, l’écart de prix entre ce VÉ et un véhicule à motorisation hybride (non branchable) comme le Venza s’amenuise. Les PDSF du Venza LE (41 150 $) et du Venza XLE (47 390 $) le confirme.
Bien sûr, il y a ces irritants propres à ce Toyota que nous avons souligné plus haut. À cela, il faut ajouter le coût de l’assurance d’un VÉ qui, parfois, peut faire sursauter. La rareté des pièces de remplacement et des véhicules, les risques associés aux dispositifs de conduite semi-autonome et les frais importants de décontamination engendrés par l’incendie de ce type de véhicule, voilà autant de facteurs que mentionnent les assureurs pour justifier leurs primes parfois substantiellement plus élevées comparativement à celles des véhicules à essence.
Rappelons enfin que le bZ4X est admissible aux incitatifs à l'achat et à la location du programme Roulez vert du gouvernement du Québec (qui peuvent atteindre 7 000 $) et du programme d’iVZE du gouvernement du Canada (qui peuvent atteindre 5 000 $).