Fortes hausses des salaires en mécanique automobile : les réparations d'auto plus chères que jamais
Par Francis Halin
Les hausses de salaire allant jusqu’à 53% pour les métiers de l’automobile vont faire mal au portefeuille des Québécois, qui devront payer plus cher pour faire réparer leur véhicule.
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« C’est plate de payer une facture plus cher au garage », lance Pascal Côté, un bijoutier venu faire réparer sa voiture au Garage Luneau, à Saint-Hyacinthe, jeudi.
Mercredi, un décret a fait bondir le salaire de 25% des travailleurs de l’automobile dans la région de Québec.
Dans la région de Montréal, des hausses moyennes de 36% sont prévues – elles atteignent 44% ou même 53% dans certaines catégories d’emplois.
Pour le propriétaire du garage, Daniel Luneau, c’était une question de temps avant que les salaires augmentent.
« Il y avait un retard salarial de 30 ans ou 40 ans. C’est une bonne nouvelle pour les travailleurs. Pour les clients, un peu moins », résume l’entrepreneur.
« Ça va se refléter sur notre taux horaire, et ce sont les clients qui vont payer », convient sa femme, Nathalie Gadbois.
Elle fait valoir que les mécaniciens peuvent gagner 22 $ l’heure en sortant de l’école, alors que les électriciens et les plombiers vont chercher 30 $ ou 32 $ l’heure.
Pour Stéphane Bélisle, administrateur de l’Association des spécialistes de pneu et mécanique du Québec (ASPMQ), l’effet des hausses de salaire se fera vite sentir.
« C’est clair que la facture du client va augmenter », observe-t-il. En avril 2018, le taux horaire pouvait avoisiner les 85 $ l’heure, une année plus tard 95 $. Ce mois-ci, on retrouvait du 115 $ l’heure et même du 125 $ l’heure.
Selon lui, ce sont les plus petits qui vont en payer le prix. « On entend de plus en plus l’histoire de garagistes qui ferment déjà, faute d’employés », affirme-t-il.
« Avant, les petits garagistes ne fermaient pas l’été. Maintenant, plusieurs sont obligés de fermer, pour ne pas brûler leurs employés », dit-il.
Au Groupe Monaco, Patrick Saint-Pierre, membre de la division du Québec de l’Association des industries de l’automobile du Canada (AIA Canada), est plus nuancé.
« Ces quatre prochaines années, il y aura au Québec 8% de départs à la retraite de plus que de nouveaux travailleurs sur le marché, donc il y aura une pression à la hausse sur les salaires », analyse-t-il.
« Trop longtemps, les métiers de l’automobile n’ont pas été reconnus à leur juste valeur », estime-t-il.
Du côté de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ), cette hausse ne devrait pas avoir trop de répercussions, car les salaires sont déjà élevés.
« Chez nous, il n’y aura pas d’augmentation du tarif à la porte parce que le salaire des employés de notre groupe est déjà nettement au-dessus », note son PDG Ian P. Sam Yue Chi.
Vacances de la construction
Mais pour François Vincent, vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), la pilule ne passe pas.
« On annonce des augmentations de salaire en pleines vacances de la construction. Ça affaiblit la plus petite entreprise », rétorque-t-il.
Il rappelle, sondage à l’appui, que dans 73% des cas, lorsqu’il y a des augmentations de salaire en entreprise, la facture est refilée aux clients.
- Avec la collaboration de Sylvain Larocque
TAUX HORAIRE DES RÉPARATIONS
Canadian Tire (Montréal)
- Avril 2018 : 84,95 $
- Novembre 2019 : 94,95 $
- Août 2023 : 114,95 $
EXEMPLES DE HAUSSES DE SALAIRE À MONTRÉAL
Compagnons
- Salaire prévu d’ici la fin de 2023 : 27,93 $/h (+27% par rapport à 2022)
Commis aux pièces
- Salaire prévu d’ici la fin de 2023 : 23,77 $/h (+44% par rapport à 2022)
EXEMPLES DE HAUSSES DE SALAIRE À QUÉBEC
Apprenti
- Salaire actuel : 17,16 $/h (+24% par rapport à février)
Préposé au service
- Salaire actuel : 18,99 $/h (+24% par rapport à février)
(Source: gouvernement du Québec)