Kia Spectra/Spectra5, les dieux sont tombés sur la tête
En 1981, un petit film botswanais prend l’affiche et émeut tout en faisant s’écrouler de rire la planète entière. N!xau, l’interprète de Xi, le Bushman qui reçoit une bouteille de Coca-Cola sur la tête, est payé 300 $ pour sa performance. Le film rapporte 66 millions et, devant un tollé de protestations, le réalisateur du film verse à N!xau 20 000 $. La Spectra, cette voiture qui est une bénédiction pour Kia, reçoit aujourd’hui, à la manière de N!xau, son dû. Elle mérite amplement l’attention qu’on lui porte.
La Spectra est apparue en 2002, remplaçant la Sephia. Mais elle n’avait rien de plus à offrir qu’une bonne garantie et un confort relativement agréable, et son abandon en 2004 n’a fait pleurer personne. La Spectra 2005 est d’abord apparue en version berline. Il n’a pas été long que la Spectra5, une livrée à hayon (lire hatchback), fût offerte. Depuis quelques années, la fiabilité des produits Kia s’est drôlement améliorée de même que la qualité de l’assemblage et le design, qui semblaient avoir été confiés à des non voyants. C’est du moins l’impression que nous en avions. Et les garanties de base ont de quoi faire rougir la concurrence. La Spectra s’inscrit donc dans cette philosophie d’en offrir plus pour un prix somme toute fort raisonnable. Il faut savoir que cette voiture est la cousine (pratiquement la sœur…) de la Hyundai Elantra. Les deux coréennes partagent la même plate-forme et plusieurs éléments mécaniques.
PAS SI BASIQUE QUE ÇA !
La Spectra berline jouit d’un physique plus moderne et esthétique que le modèle précédent, et se décline en trois niveaux de luxe, soit LX, LX commodité et EX. Le modèle de base (LX) n’est pas si basique que ça. On y retrouve, entre autres, pas moins de six coussins gonflables (ni la Civic ou la Corolla ou encore la Mazda3 offrent autant de protection) et un système audio AM/FM/CD à six haut-parleurs. Le groupe commodité ajoute quelques commodités (c’était trop facile !) comme la climatisation, le régulateur de vitesse et les freins à disque aux quatre roues. Quant à la EX, elle offre, en plus, les freins ABS, des roues en alliage et des phares antibrouillards.
La finition de notre Spectra d’essai manquait un peu de professionnalisme. Mais il s’agissait de broutilles et les Coréens sont en train de rejoindre les Japonais sur ce terrain. L’habitacle ne fait pas dans le très jojo avec ses trop nombreuses pièces de plastique dont la qualité s’est par contre beaucoup améliorée. Ce n’est pas encore parfait mais c’est nettement mieux qu’auparavant. Même remarque pour le tissu de suède recouvrant les sièges. Cependant, le gris pâle qu’ils portent a tendance à se salir facilement. Le siège du conducteur s’ajuste en profondeur et en hauteur, mais trouver la bonne position de conduite m’a demandé quelques réajustements dans les premières minutes de conduite (c’est le prix à payer pour avoir le corps que j’ai…) En ce qui à trait aux places arrière, je vous dirai que leur dureté ne contribue pas au confort et qu’on ne retrouve pas d’appuie-tête pour la place centrale.
La familiale Spectra5 reprend à son compte plusieurs des remarques ci-haut mentionnées. Ce qui différencie la 5, c’est la soute à bagages qui engloutit beaucoup plus que la version berline, tout en lui donnant un air plus dynamique. Cette dernière peut contenir 345 litres mais la 5, elle, accepte jusqu’à 1 494 litres lorsque la banquette arrière est repliée. Dans le cas de la Spectra5, on retrouve aussi trois niveaux de présentation (Base, SX et SX groupe 1). Ces dénominations correspondent à peu de choses près à celles de la berline mais Kia a voulu la 5 plus sportive. On retrouve donc, d’office des suspensions sport, un lecteur de disques MP3 ainsi que des freins à disque aux quatre roues.
LES VERTUS DE L’HONNÊTETÉ
Mais il y a des choses immuables, qu’il s’agisse de la Spectra ou de la Spectra5. Par exemple, le grognement émis par le moteur lors des accélérations ne fait pas très chic. Il s’agit d’un quatre cylindres de 2,0 litres qui développe 138 chevaux et un couple de 136 livres-pied. Cette puissance est convenable mais on souhaiterait un peu plus de punch à bas régime. La transmission automatique, au fonctionnement par ailleurs sans reproches, semble bouffer du cheval autant qu’un jeune chien bouffe du divan, neuf de préférence. Quant à la manuelle à cinq rapports, son embrayage est progressif mais la course de son levier est trop longue pour prétendre à une conduite sportive. Les Goodyear Eagle de 16” qui équipaient les deux bagnoles ne méritent pas de se retrouver sous d’aussi honnêtes voitures. Ils sont bruyants et ne collent pas la voiture à la route comme ils le devraient. La Spectra est sous-vireuse de nature (l’avant veut continuer tout droit) mais un simple relâchement de l’accélérateur règle généralement le problème. Les freins sans ABS bloquent facilement et la pédale devient dure. Mais pour jouir de l’ABS, il faut cocher l’option EX (Spectra) ou SX Groupe 1 (Spectra5), ce qui ajoute entre 1 600 et 2 000 $ à la facture… Ajoutez la transmission automatique et vous vous retrouvez avec une Spectra de 21 000 $ ou une Spectra5 de près de 23 000 $. Et là, on tombe dans les plates-bandes de la Mazda3…
Avec ses Spectra et Spectra5, Kia a entre les mains, deux voitures très au point et somme toute très agréables à conduire. C’est à croire que les dieux sont tombés sur la tête ! Il ne leur reste plus qu’à régler le problème des versions les plus huppées qui sont un tantinet trop chères.
Feu vert
Silhouette contemporaine
Coffre spacieux (Spectra5)
Moteur économique
Qualité générale en net progrès
Bonne tenue de route
Feu rouge
Moteur bruyant en accélération
Manque de puissance à bas régime
Option ABS dispendieuse
Pneus à rabais
Valeur de revente encore basse