Les frais de concessionnaires : nouvelle mode?

Il fut une époque où les frais de transport et de préparation facturés par le manufacturier étaient symboliques. Quelques centaines de dollars au plus, que l’on ajoutait à la facture totale d’un véhicule neuf. Or, ces frais se sont soudainement mis à grimper au point de pratiquement doubler en l’espace d’une dizaine d’années... Conséquemment, on débourse aujourd’hui autour de 2 000 $ en supplément d’une facture, lesquels sont attribuables au transport et à la préparation. Vous vous procurez un Toyota RAV4 assemblé en Ontario? Les frais sont de 1 930 $ + taxes. Vous préférez un Chevrolet Trailblazer de fabrication coréenne? Les frais seront alors de 1 995 $. Même chose pour un Mazda CX-90 fabriqué au Japon.

Bref, peu importe d’où provient le véhicule, on oscille autour des 2 000 $. Une somme considérable, puisqu’au sud de nos frontières, les frais sont environ 40-45% moins élevés. Le taux de change, direz-vous? Peut-être. Or, la quantité de véhicules acheminés aux États-Unis peut aussi expliquer la chose. Maintenant, il est clair qu’au Canada, les frais de transport et de préparation constituent une forme de profit. Surtout lorsque vous faites l’achat d’un véhicule de fabrication ontarienne comme le Ford Edge ci-dessous.

Photo: Ford

Étant donné que certains concessionnaires pesaient parfois trop fort sur le crayon, l’Office de la protection du consommateur (OPC) a créé une loi visant à ce que ces frais soient désormais inclus dans l’affichage publicitaire et sur les étiquettes de vitre. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, en 2010, même les sites web des manufacturiers affichent des prix (tout inclus)! Tandis que n’importe où ailleurs au pays, on vous affiche des prix plus bas. Parce qu’il n’y a qu’au Québec que l’on inclut ces frais dans le prix. Ne pensez toutefois pas qu’une voiture coûte moins cher en Ontario. Au contraire, des études ont prouvé qu’avec le resserrement de l’affichage au Québec, on parvenait à éviter davantage les frais « fictifs » encore trop souvent facturés ailleurs au pays.

Maintenant, on constate depuis quelque temps que le prix des véhicules neufs affiché en ligne a grimpé en flèche. Surtout chez certains manufacturiers comme GM, Hyundai, Kia et Toyota, qui facturent en plus des frais de transport et de préparation, des frais de « concessionnaire » ou d’administration. Des montants variant de 699 $ à 899 $ + taxes, facturés à la discrétion du concessionnaire, mais autorisés par le manufacturier jusqu’à hauteur du montant indiqué sur le site web. Ainsi, si vous choisissez par exemple de configurer en ligne un Toyota RAV4, on ajoutera automatiquement au PDSF (prix de détail suggéré du manufacturier) un montant de 2 944 $, lesquels sont de surcroît taxables. Donc, 3 385 $ à payer en supplément, pour des frais complémentaires à l’achat d’un RAV4 de 32 590 $...

Photo: Toyota

Évidemment, certains concessionnaires vont facturer les frais maximaux alors que d’autres vous les feront carrément éviter. Parce que ça demeure à leur discrétion. Si vous allez sur le site internet de Ford ou de Mazda Canada, pour ne prendre que ces deux exemples, il n’y aura pas d’autres frais que ceux pour le transport et la préparation (de même que les taxes de pneus et d’air climatisé). Cela signifie donc que le constructeur n’endosse aucunement l’ajout de frais administratifs supplémentaires, sauf dans le cas d’une location où un montant de 595 $ peut être facturé par l’institution financière, via le commerçant.

De son côté, l’OPC mentionne que l’article 224 C indique qu’aucun commerçant ou fabricant ne peut, par quelque moyen que ce soit, exiger un prix supérieur au prix annoncé. Les constructeurs facturant des frais administratifs supplémentaires ne sont donc pas en faute puisque ces frais sont indiqués dès le premier instant où il est possible d’apercevoir un prix en ligne. Peut-on les considérer comme « abusifs », certains frais frôlant les 1 000 $?

Presque comme au restaurant…

Vous vous offrez un repas au restaurant? Calculez : 15% de pourboire, puis 15% de taxes. En somme, votre repas vous coûtera 30% plus cher que le prix indiqué, peut-être plus si vous ajoutez des taxes au pourboire ou si vous offrez 18 ou 20% de pourboire! On constate hélas qu’avec une petite voiture comme la Hyundai Venue, c’est du pareil au même. Vous déboursez 20 649 $ pour une Venue Essential (de base), à laquelle s’ajoutent des frais totalisant 2 657 $ + taxes, ce qui fait 3 054 $. Voilà donc les premiers 15% de frais, auxquels s’ajoutent les 15% de taxes habituelles, pour un montant supplémentaire total d’environ 30%. Ouch!

Photo: Frédéric Mercier

Maintenant, faites le même calcul avec un Palisade de 60 000 $, et vous constaterez qu’en pourcentage, les frais facturés sont moins salés. À moins bien sûr que vous ne calculiez des taxes de luxe. Comme quoi, on ne s’en sort pas.

Terminons en mentionnant que si certains manufacturiers automobiles refusent que les concessionnaires facturent divers frais administratifs, il en va autrement pour les institutions responsables du financement des véhicules. En effet, actuellement, celles-ci facturent presque systématiquement des frais administratifs qui sont ajoutés au contrat. Des frais ne découlant pas des manufacturiers, qui ne sont pas, par conséquent, nécessairement indiqués sur le site web du constructeur... Comme quoi, avant de signer en bas de page, il est important de vérifier le tout.

À voir aussi : Essai complet de la Hyundai IONIQ 6 2023

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