Mitsubishi Lancer, le produit clé
Depuis 2003, Mitsubishi tente de se tailler une place sur le marché canadien. Débuts financiers difficiles, changements fréquents de chef de direction, manque de sérieux de certains concessionnaires, bref, tous les problèmes qu’un constructeur ne doit pas connaître étaient de la partie jusqu’à tout récemment. Résultat, le modèle le plus populaire de la gamme, la Lancer, ne s’est vendu qu’à environ 4 500 unités au Canada l’an dernier. Voilà qui est bien maigre à côté de la Civic, dont les chiffres de ventes se multiplient par 15…
Mais ces piètres performances commerciales sont bel et bien sur le point de s’achever. D’abord, la compagnie semble beaucoup mieux dirigée, mais on nous propose aussi depuis peu des produits plus intéressants et plus compétitifs qui répondent mieux aux besoins des Nord-américains. Parmi eux se trouve la toute nouvelle Lancer, une voiture qui ne mérite certainement plus de faire carrière que dans les flottes de voitures de location à court terme.
Aujourd’hui, la Lancer est une réelle concurrente des Mazda3, Honda Civic et GM Cobalt/G5. Ces trois rivales qui dominent actuellement le marché offrent une combinaison d’avantages qui font en sorte que la clientèle se rue aux portes des concessionnaires pour s’en procurer. Et à la suite de cet essai, force est de constater qu’il n’y a qu’une piètre représentation commerciale et publicitaire qui pourrait expliquer l’insuccès de la Lancer. Bon, il faut aussi admettre que la Lancer aura aussi eu du mal par le passé à convaincre les acheteurs en raison de ses tarifs peu avantageux en location à long terme. En effet, parce que la valeur de rachat au bout du terme était beaucoup plus basse que la moyenne de ses rivales, il était difficile de proposer des mensualités de location avantageuses. Le défi de Mitsubishi était donc de convaincre les clients d’acheter plutôt que de louer, ce qui était souvent un non-sens. Aujourd’hui, le défi est plutôt de créer un engouement pour la voiture, de façon à ce que la valeur résiduelle puisse être augmentée, permettant ainsi d’offrir des modalités de location alléchantes. Et pour 2008, je suis convaincu que le produit permettra à Mitsubishi d’atteindre ses objectifs.
Séductrice ?
Autrefois, seuls les adeptes de performances se retournaient à la vue d’une Lancer Ralliart. D’ailleurs, cette version-était en 2006 la plus vendue de toutes, ce qui n’a bien sûr aucun sens. C’est comme si on vous disait que Volkswagen vend plus de GTI que de Rabbit ! Bref, voilà la preuve que la version ordinaire n’avait rien de plus à offrir qu’une bonne garantie. Toutefois, il en va autrement aujourd’hui.
Même en version DE de base, la Lancer affiche une force de caractère très accentuée. Pour cela, il faut dire merci aux stylistes qui ont su sculpter une partie avant aussi originale qu’agressive. Cette espèce de gueule de requin qui semble séduire à coup sûr est à elle seule responsable de l’attention que les gens portent à sa vue. Et je vous dirais que c’est tant mieux, car on ne peut pas dire que le reste de la carrosserie soit aussi audacieux. Particulièrement à l’arrière, le design me semble on ne peut plus générique, exception faite de ces feux aux formes trapézoïdales. En optant pour la version GTS, hiérarchiquement au sommet de la gamme, on obtient cependant un ensemble de jupes aérodynamique, un becquet arrière ainsi que des jantes de 18 pouces qui donnent à la voiture une allure dynamiquement très réussie.
À bord, la présentation intérieure n’impressionne pas outre mesure. Cette première perception est causée par l’omniprésence du noir, ce qui vous en conviendrez, n’a rien de bien vivant. De plus, à titre de décoration, on a simplement choisi d’ajouter quelques pièces qui de laisser maladroitement paraître des accents métalliques ou de carbone. En contrepartie, l’instrumentation à éclairage rouge crée une ambiance finalement chaleureuse le soir venu, ce qui fait oublier cette allure généralement un peu terne.
Bien étudié, le poste de conduite s’avère en revanche très agréable au quotidien. La position de conduite est excellente et l’accès à toutes les commandes est on ne peut plus facile. En revanche, il est dommage de constater que le volant ne soit pas télescopique, même dans la version GTS. Autre élément agaçant, la jauge de température du moteur a été remplacée par un simple voyant lumineux. Pour le reste, on ne peut toutefois pas se plaindre en matière d’équipement. Pour moins de 20 000 $, la version ES, de milieu de gamme, possède tous les éléments d’un groupe électrique : télédéverrouillage, climatisation, sièges chauffants, jantes d’alliage de 16 pouces, régulateur de vitesse et même la technologie Bluetooth. Voilà qui n’est pas mal !
Très confortables, les sièges sont idéaux pour de longs trajets. Ceux de la version DE sont recouverts d’un tissu franchement bon marché, alors que celui du conducteur n’est pas réglable en hauteur, mais outre cela, ils sont sans grands défauts. Il faut également mentionner que l’espace offert est généreux, même à l’arrière. Le coffre est pour sa part bien volumineux, mais l’accès est rendu difficile par une ouverture limitée. Qui plus est, la banquette de la version DE n’est pas rabattable. Bel exemple d’économie de bout de chandelle…
27 % plus de puissance !
Les maigres 120 chevaux de la Lancer 2006 (non, il n’y a pas eu de modèle 2007) faisaient un peu pitié face à la concurrence. Il fallait donc offrir pour 2008 une motorisation bien sûr plus puissante, mais qui allait aussi refléter le caractère sportif annoncé par les lignes. La solution aura été d’utiliser ce fameux world engine développé conjointement par Hyundai, Chrysler et Mitsubishi. Aussi monté dans la Dodge Caliber, ce moteur à priori bien ordinaire fait ici meilleure impression. C’est qu’en fait, on a conservé chez Mitsubishi que la base du moteur, tout le reste ayant été modifié. Ainsi, même s’il concède six chevaux à celui de la Caliber (152 chevaux contre 158), les performances sont plus relevées. Il faut aussi savoir que la Lancer bénéficie de 5 lb-pi de plus de couple, ce qui constitue un gros avantage.
Jumelé à une boîte manuelle à cinq rapports, ce moteur fait bonne impression. Le couple est toujours présent et la boîte bien étagée permet d’exploiter au maximum la puissance disponible. Cela se traduit au quotidien par un rendement légèrement plus doux et une consommation réduite de carburant. Grâce à des réglages électroniques différents, l’automatique à variation continue (CVT) développée par Jatco propose quant à elle un rendement plus agréable que celui de la Caliber, à défaut d’être aussi plaisant qu’une boîte automatique habituelle. Bien sûr, le sentiment de glissement propre à ce type de transmission est présent, mais les passages virtuels des rapports sont bien programmés, permettant tout de même un certain agrément. Pas trop assoiffé, le moteur 2,0 litres n’a consommé lors de notre essai que 8,6 litres aux 100 kilomètres, ce qui est tout à fait acceptable. Et que vous optiez pour l’une ou l’autre des deux boîtes offertes, la consommation sera sensiblement la même.
Autrefois honnête sans plus, la Lancer est passée en 2008 dans le camp de celles qui dominent le segment en matière d’agrément, de dynamisme et de comportement. Je vous le dis tout de suite, la Lancer est beaucoup plus agile que les Sentra, Elantra, Spectra et Cobalt de ce monde, des voitures avec lesquelles la Lancer était souvent comparée. Aujourd’hui, elle se compare avec les meilleures, soit les Civic, Mazda3 et Rabbit. Bref, cette Mitsubishi jouit maintenant d’un châssis extrêmement moderne, d’une direction vive et précise et d’une suspension très bien calibrée. Il en résulte une excellente stabilité routière, une tenue de route sportive et une maniabilité presque sans pareille. Vous comprendrez que c’est donc sur la route que la voiture m’a finalement convaincu. Et ne vous en faites pas, tous ces éléments ne nuisent aucunement au confort qui, au contraire, étonne par une insonorisation supérieure à la moyenne. Seule déception, la version DE est dépourvue d’une barre antiroulis à l’arrière, ce qui doit certainement desservir la tenue de route.
La suite
Je sais, plusieurs auraient souhaité la venue d’une version à hayon. Soyez patients, le modèle Sportback sera de retour pour 2009, et, nous dit-on, avec une ligne nettement plus dynamique que celle de sa devancière (j’espère bien !). Quant à la version Ralliart, elle devrait aussi nous arriver sous peu avec un moteur 2,4 litres dont la puissance dépassera probablement les 200 chevaux. À suivre ! Oh, sachez aussi que Mitsubishi a confirmé l’arrivée prochaine de la fabuleuse EVO X. Ultime rivale de l’Impreza WRX STi, elle bénéficiera d’un moteur 2,0 litres turbocompressé (puissance à déterminer) et d’une boîte séquentielle à six rapports.
Bref, l’avenir s’annonce très prometteur pour le constructeur nippon comme pour la Lancer. À preuve, ces voitures sont en plus grand nombre sur nos routes, et ça se comprend. Car après tout, lorsqu’un produit est attrayant, dynamiquement agréable et compétitif en matière d’équipement et de prix, il ne manque plus grand-chose pour en faire une recette à succès. Souvenez-vous également que cette voiture est couverte par la meilleure garantie de l’industrie à ce jour, ce qui n’est certainement pas à dédaigner. Ma seule réticence repose finalement sur la version DE, à laquelle on a retranché trop d’éléments pour qu’elle puisse être vraiment intéressante.
Feu vert
Comportement routier étonnant,
bel agrément de conduite, garantie convaincante,
confort honorable, ligne agressive
Feu rouge
Manque de couleur à bord, version DE dénudée,
dépréciation inconnue,
certains concessionnaires toujours amateurs