Batteries : la ruée vers le graphite et l'Eldorado du Québec
Par Francis Halin
Une usine de transformation de 923 M$ de 250 travailleurs à Bécancour. Une autre de 481 M$ de 150 employés, à Saint-Michel-des-Saints. Une entente avec Panasonic. Éric Desaulniers électrise la filière batterie québécoise avec ses projets.
- À lire aussi: Ottawa et Québec avancent 300 M$ pour une usine de matériaux de batteries à Bécancour
- À lire aussi: La construction de l’usine de batteries de Stellantis à l’arrêt faute d’argent d’Ottawa
« On n’a pas le choix de construire de grosses usines. Les entreprises ne veulent pas avoir huit fournisseurs différents. Elles en veulent trois en général. Il faut faire partie de ces tops trois là », explique au Journal Éric Desaulniers, fondateur et PDG de Nouveau Monde Graphite.
« On détient les deux projets miniers de graphite les plus avancés et les plus importants en Amérique du Nord, alors c’est certain que les intérêts chinois regardent », ajoute-t-il.
Éric Desaulniers, géologue, à la tête de ces projets stratégiques, voit grand depuis sa découverte de gisement, à Saint-Michel-des-Saints, en 2015.
Il a porté ses ambitions avec l’entreprise Nouveau Monde Graphite, qui a comme actionnaire le plus important la firme britannique Pallinghurst (à 20%) et le gouvernement québécois comme deuxième actionnaire. La Caisse de dépôt fait également partie de ses actionnaires, rappelle Éric Desaulniers.
Appel aux travailleurs
Dans son allocution la semaine dernière au Cercle canadien, Éric Desaulniers a lancé un appel aux travailleurs québécois partis gagner leur vie dans l’Ouest pour leur demander de rentrer au bercail pour aider le Québec à bâtir nos usines en plein boum chez nous.
« Il y a au moins cinq ou six projets importants au Québec, sauf qu’il n’y a pas beaucoup de main-d’œuvre et de constructeurs pour fournir autant de projets majeurs industriels », a-t-il détaillé.
S’il arrive à construire ses usines comme prévu, Nouveau Monde Graphite aura une longueur d’avance sur ses concurrents asiatiques auprès des fabricants de batteries.
« Il faut qu’il y ait zéro composante qui vient de la Chine s’ils veulent obtenir les subventions à partir de 2024 avec l’Inflation Reduction Act. C’est majeur. C’est notre plus grand avantage », souligne-t-il.
Avantage Québec
Conséquence, les celluliers n’ont pas le choix de trouver du graphite d’un partenaire stratégique des États-Unis, comme le Canada. C’est là que le Québec doit plonger.
Signe que l’enjeu est crucial, le département de la Défense des États-Unis investit même dans des minières canadiennes pour faire un pied de nez à la Chine.
Mais tous ne sont pas aussi enthousiastes qu’Éric Desaulniers. À Saint-Michel-des-Saints, dans la MRC de la Matawinie, sa soif pour la ressource ne fait pas l’affaire de tous.
L’an dernier, un reportage de Radio-Canada rapportait les craintes d’opposants qui redoutent que leur coin de pays devienne « un égout à ciel ouvert ».