L’ancien patron d’Audi plaide coupable dans le procès du « Dieselgate »
L’ancien PDG d’Audi a plaidé coupable mardi dans l’affaire du « dieselgate », devenant le premier dirigeant du groupe Volkswagen à assumer des responsabilités pénales dans le scandale mondial des moteurs diesels truqués.
L’ancien patron de la firme aux anneaux entre 2007 et 2018, filiale de Volkswagen, est le principal accusé du procès qui se tient depuis deux ans et demi devant le tribunal de Munich.
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Alors qu’il avait jusqu’ici contesté les faits reprochés, M. Stadler, âgé de 60 ans, a reconnu mardi avoir « accepté » que des véhicules soient vendus avec des logiciels non autorisés et avoir « omis » d’en informer les partenaires de Volkswagen, selon la courte déclaration lue par son avocate Ulrike Thole-Groll.
Interrogé dans la foulée, Rupert Stadler, portant costume bleu foncé et chemise col ouvert, a confirmé par un laconique « oui » les propos lus.
Mis en examen en 2018, il est jugé depuis septembre 2020 aux côtés d’autres anciens cadres de Volkswagen et s’en était toujours tenu à la même ligne de défense: il avait été dupé par ses techniciens.
Mais des négociations avec le tribunal de Munich ont changé la donne il y a quelques semaines: Rupert Stadler avait accepté de plaider coupable, pour écoper en échange d’une peine moins lourde que les dix ans de prison encourus.
Fraude par omission
M. Stadler, un financier de formation, n’est pas accusé d’être l’instigateur de la fraude mais d’avoir eu connaissance de l’installation de logiciels illégaux et de n’avoir rien fait pour y mettre fin.
Cela devrait lui valoir une condamnation pour « fraude par omission ».
L’accusé a « regretté » ne pas avoir « pu résoudre la crise » liée aux moteurs truqués et accepte par conséquent d’en supporter la responsabilité pénale, selon son avocate.
M. Stadler savait au plus tard en juillet 2016 que les valeurs d’émission des voitures diesel pouvaient être manipulées, mais a laissé la commercialisation se poursuivre jusqu’à début 2018, lui reproche l’accusation.
L’ancien PDG devrait être condamné à une peine de prison avec sursis d’un maximum de deux ans et payer une amende de 1,1 million d’euros, si la proposition du tribunal est validée.
Il a accepté le plaider-coupable tout comme les deux autres prévenus au procès: un ancien directeur chez Audi et Porsche, Wolfgang Hatz, et un ingénieur d’Audi, Giovanni Pamio.
Le tribunal devrait rendre son jugement fin juin.
Scandale mondial
En 2015, à la suite d’accusations de l’agence environnementale américaine (EPA), Volkswagen avait reconnu avoir équipé 11 millions de ses véhicules diesel d’un logiciel capable de les faire apparaître comme moins polluants lors de tests en laboratoire et sur les routes.
Le « dieselgate » a provoqué un scandale mondial et lourdement entaché la réputation de l’industrie automobile allemande.
Le groupe Volkswagen a dû payer depuis plus de 30 milliards d’euros en remboursements, dédommagements et frais judiciaires, dont le plus gros aux États-Unis.
Si nombreux volets judiciaires du scandale restent ouverts, le procès de Munich est le plus en vue. Son épilogue risque de laisser un goût d’inachevé, regrettent des observateurs.
« Un gigantesque scandale économique, des millions de clients trompés dans le monde entier, des milliards d’euros d’amendes pour l’entreprise — et le seul haut dirigeant jugé jusqu’à présent s’en tire avec une peine aussi clémente? », s’interroge mardi le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Qui a commencé la fraude ? Qui l’a soutenue ? Quels dirigeants de Volkswagen étaient au courant ? Toutes les réponses n’ont pas encore été apportées.
Un autre grand procès pénal ouvert en septembre 2021, impliquant quatre anciens responsables de Volkswagen accusés de fraude, est en cours devant le tribunal de Brunswick (nord), non loin du siège historique du constructeur.
Mais ce procès se tient pour le moment sans son principal accusé, l’ancien PDG du premier constructeur européen à l’époque du scandale, Martin Winterkorn, dispensé d’audience pour raison médicale.
Des investisseurs réclament par ailleurs réparation en justice, alors que le titre de VW s’était effondré de quelque 40 % dans les jours suivant l’éclatement du scandale.
En France, la cour d’appel de Paris a confirmé en mars la mise en examen pour tromperie aggravée de Volkswagen. L’Allemand n’est pas seul ici, les constructeurs Renault, Peugeot, Citroën et Fiat-Chrysler ayant aussi été mis en examen mi-2021.