Comment recharger sa voiture électrique quand on stationne dans la rue?
Cette question mérite d’être posée lorsque l’on se retrouve dans une situation où il est impossible d’installer une borne de recharge quand on vit en appartement et que l'on doit stationner son véhicule dans la rue. Cependant, ce n’est pas nécessairement un frein à une adoption populaire de la voiture électrique.
Cela dépend de l’autonomie totale du véhicule et du kilométrage annuel du conducteur. Par exemple, rouler 50 000 km avec une (feue) Mitsubishi i-Miev (avec un gros 100 km d’autonomie) sera pas mal compliqué!
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Ainsi, considérons un conducteur qui parcourt 20 000 km par an au volant d’une voiture électrique ayant une autonomie moyenne de 300 km (400 km en été, 200 km en hiver). Une division rapide nous amène à 67 recharges complètes, ou 1,28 recharge par semaine.
Constat : dans ces conditions, il n’est pas obligatoire de recharger la batterie chaque soir. L’infrastructure de recharge ayant évolué à un point où il n’est plus requis de traîner avec soi une rallonge de 30 mètres (!), voyons quelles sont les principales options qui s’offrent aux conducteurs sans stationnement fixe.
Recharge avec une borne de rue
Le réseau de recharge public d'Hydro-Québec, le Circuit électrique naît en 2012. À ce moment-là, il n'y a que 34 bornes disponibles pour les propriétaires de véhicules électriques. Onze ans plus tard, il y en a plus de 1 000 rien que sur l’île de Montréal!
En 2014, le centre-ville de Montréal recevait quatre bornes de recharge SmartTWO-BSR de la PME québécoise AddÉnergie en bordure de rue. Ces bornes de recharge de niveau 2 (7,2 kW sur une tension de 240 V) sont fixées sur un piédestal double et munies de câbles rétractables de 6,7 mètres (22 pieds), s’intégrant au mobilier urbain. Le concept a tellement plu aux responsables de Los Angeles et de New York que ces villes ont commandé plusieurs centaines d’unités chacune. Un beau succès du Québec sur la scène internationale!
On retrouve également des bornes sur rue dans les parcs de stationnement de plusieurs arrondissements, ces dernières pouvant être particulièrement pratiques lors des opérations de déneigement.
Néanmoins, il y a quelques inconvénients. D’abord, il y a l’obligation de débrancher son véhicule si l’on ne veut pas payer l’utilisation une fois la recharge terminée. Ensuite, il faut le déplacer, et cela peut être ardu le soir dans les arrondissements plus denses, surtout ceux qui ont opté pour des vignettes de stationnement.
Recharge au travail
Certaines compagnies offrent à leurs employés du café et des bagels gratuits, ou encore des tables de soccer. D’autres bénéficient des subventions liées au programme Roulez Vert et installent des bornes de recharge (jusqu’à 50% des dépenses admissibles). Auparavant, le programme exigeait la gratuité durant les trois premières années de la mise en service, ce n’est toutefois plus le cas depuis 2019.
Ceci dit, les coûts d’utilisation ne sont guère élevés : en considérant le tarif G (utilisé par 90% des clients d’affaires d’Hydro-Québec), le coût en électricité s’élève à 5,18 $ après 8 heures de recharge. En passant, le duo café/bagel est plus cher au Starbucks…
Recharge au centre commercial
Beaucoup de commerces proposent des bornes de recharge à leur clientèle. Metro Richelieu était un des premiers partenaires du Circuit Électrique en 2012 à fournir la recharge de niveau 2 à sa clientèle. Huit ans plus tard, IGA surenchérissait avec des bornes rapides ChargePoint d’une puissance maximale de 125 kW. Récemment, des bornes de 24 kW ont fait leur apparition dans certains centres commerciaux.
Leur atout? Ces bornes, des ABB Terra DC Wallbox, peuvent fournir cette puissance intermédiaire à partir d’une source de courant alternatif de 208/240 V, à une ou trois phases. Autrement dit, contrairement à une borne de recharge rapide DC nécessitant une source de 480 V, l’installation ne requiert pas de transformateur de 600 à 480 V, ce qui est beaucoup plus économe.
D’ailleurs, c’est la solution qui a été retenue à la station du Domaine dans la réserve faunique de La Vérendrye, car aucune ligne de 600 V ne dessert cet endroit. En somme, avec des bornes de puissances différentes, on offre plus de flexibilité aux automobilistes.
Une dernière précision…
L’auteur de ces lignes a sciemment omis de mentionner les bornes de recharge rapide. En effet, le but de cet article était de prouver qu’un conducteur n’ayant pas de stationnement privé pouvait rouler en mode 100% électrique, et ce, sans utiliser quotidiennement des bornes plus coûteuses à installer (et à utiliser) et exigeantes en fait de puissance électrique.
Évidemment, diverses municipalités au Québec sont beaucoup mieux pourvues en infrastructures de recharge. Sans vouloir commencer une autre gué-guerre entre Montréal et Québec, dans cette situation, la métropole est clairement gagnante.
Pour autant que les différents paliers gouvernementaux poursuivent leurs investissements dans une expansion continuelle, la majorité de la population pourra être bien desservie par les solutions susmentionnées.