Conduite préventive hivernale : pourquoi on devrait tous faire un stage
Le Guide de l’auto a eu l’occasion d’assister à un stage de prévention hivernale dispensé sur le circuit Mécaglisse. Nous avons passé une journée sur le bord de la piste et notre constat est sans appel : tous les conducteurs, quel que soit leur âge ou leur expérience préalable, devraient s’inscrire à ce stage. Voici pourquoi.
Neuf heures du matin à Notre-Dame-de-la-Merci. Aux abords du circuit Mécaglisse, la neige tombe abondamment. Les futurs participants au stage nettoient le calcium et la boue accumulés sur leurs voitures avant de s’engager sur la piste. Les véhicules sont tous différents : Kia Rio, Mazda 3, Honda Fit, Lincoln Navigator ou Toyota Tacoma, chaque participant est venu avec le modèle qu’il conduit habituellement.
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Le profil des participants est également varié. Hommes ou femmes, les personnes présentes le jour de notre visite sont aussi bien des jeunes à peine sortis de l’école de conduite que des conducteurs d’expérience. Ils sont accueillis par Martin Roy, pilote de course et instructeur pour ce stage.
La théorie puis la pratique
Grâce à des capsules vidéo visionnées avant leur venue, les stagiaires ont déjà une idée des notions qui vont être abordées durant le cours. Les principales étant une bonne position de conduite, les transferts de masse entre l’avant et l’arrière pour conserver une bonne adhérence, le braquage du volant, le contre-braquage, le dosage de l’accélérateur et le freinage « au seuil », dont nous allons reparler plus loin.
Après un dernier rappel de ces notions, chaque participant grimpe dans son auto. Premier exercice du jour : le slalom. L’instructeur, en contact radio avec chaque véhicule, distille ses conseils à chaque passage. Deux parcours, un rapide et un plus lent, permettent aux stagiaires de se familiariser avec la trajectoire, le niveau d’adhérence et le moment adéquat pour braquer son volant.
Le passage répété laisse de la glace vive à certains endroits du circuit, ce qui corse un peu l’exercice. Ce qui est aussi un bon moyen de se familiariser avec les changements soudains d’adhérence.
Après le slalom, c’est le freinage qui est abordé. Comme évoqué plus tôt, le meilleur moyen d’être efficace, c’est de freiner « au seuil ». Cela signifie qu’il faut effectuer le ralentissement le plus efficace possible en appuyant fort sur la pédale, mais sans bloquer les roues ou déclencher le système ABS. Une technique de conduite difficile, qui demande de l’habitude.
D’autant plus qu’une partie de l’exercice a lieu dans un virage à droite. Avec le volant braqué, les pneus saturent plus rapidement, ce qui complique encore la manœuvre. Si le slalom s’est globalement bien déroulé pour tous les stagiaires, le freinage au seuil a été moins facile à mettre en œuvre.
Perdre le contrôle sur la piste, le garder sur la route
Après un court dîner, le sang-froid des stagiaires est mis à l’épreuve avec l’évitement. L’instructeur, au milieu de la piste, agite un drapeau au dernier moment, signalant un danger. Les participants doivent freiner et éviter l’obstacle en pointant leur capot du côté opposé au drapeau. Cela implique de regarder au bon endroit, de freiner et de braquer le volant adéquatement.
Les cônes disposés devant le véhicule ne doivent pas être frappés : « je les appelle mes kids » explique l’instructeur Martin Roy avec humour. L’intérêt de cet exercice, c’est de bien réagir en situation d’urgence et de réussir un évitement à 50 km/h. Certains conducteurs ont frappé les « kids », mais il vaut mieux le faire avec des cônes sur une piste plutôt qu’avec des humains ou un animal sur la route...
Après l’évitement, les participants se placent sur une piste en cercle. L’objectif, c’est de faire survirer la voiture, que l’arrière veuille passer devant, et de réussir à rattraper la situation. Plusieurs stagiaires ont perdu le contrôle de leur véhicule et sont partis en tête-à-queue. Cependant, il ne faut pas penser que c’est un échec.
Au contraire, « échapper » sa voiture dans un environnement contrôlé et comprendre pourquoi on n’a pas réussi à la ramener, c’est le meilleur moyen d’apprendre. Et si la situation se présente un jour sur la route, un conducteur qui a déjà vécu cette situation sera mieux armé pour y répondre.
En tant qu’observateurs, nous avons d’ailleurs été surpris de constater à quel point les personnes ayant perdu le contrôle de leur voiture au début de l’exercice arrivaient bien mieux à gérer la situation par la suite. Le dernier exercice combinait toutes les notions vues précédemment sur un parcours réservé. Après seulement quelques heures, la différence entre le matin et l’après-midi était visible pour la majorité des stagiaires. Ils semblaient beaucoup plus à l’aise, et maîtrisaient bien mieux leur véhicule.
Au Guide de l’auto, l’équipe est unanime pour dire que ces stages hivernaux devraient faire partie de la formation à la conduite au Québec. Ce n’est malheureusement pas le cas. Si vous n’avez jamais effectué ce type de stage, nous vous conseillons vivement de le faire. Vous vous sentirez bien plus en sécurité et en contrôle de votre véhicule après cette formation ô combien utile.