L’écart du prix de l’essence dans certaines régions soulève questions et mécontentement
Par Caroline Lepage
L’écart du prix de l’essence, qui peut varier dans certaines régions jusqu’à plus de 20 cents entre des stations-service de municipalités voisines indigne des automobilistes.
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Dans la région du Centre-du-Québec, depuis des semaines, le litre d’essence coûte 169,9 $ dans toutes les stations de Drummondville alors que, mardi, juste à côté, à Saint-Cyrille-de-Wendover, il se vendait 154,9 $ au Marché Bouvette.
« Ça n’a pas de maudit bon sens qu’on soit contrôlés par l’essence de même. Il y a quelque chose qui se passe. Qu’est-ce que c’est? Je ne le sais pas », proteste Roger O’Grady, un résident de Sainte-Brigitte-des-Saults, un village du secteur.
Le même phénomène est observé en Mauricie où des citoyens trouvent l’écart de prix exagéré.
À Trois-Rivières, le litre d’essence était affiché cette semaine à 1,69 $, peu importe la bannière. Dans les municipalités voisines de Yamachiche et Louiseville, ainsi qu’à Maskinongé un peu plus loin, le prix chutait à 1,51 $ le litre, selon ce qu’a rapporté TVA Nouvelles. Aussi, une fluctuation de 10 cents était observée mardi entre La Tuque (1,64 $) et Saint-Etienne-des-Grès (1,54 $).
Le camionneur François Mayrand, qui habite à Drummondville, ne comprend pas les variations du prix de l’essence qu’il remarque dans les régions qu’il parcourt en se rendant vers la Côte-Nord.
« Il n’y a pas de logique », s’est-il exclamé lorsque nous l’avons abordé pour le questionner à ce sujet.
Enquête de prix
Le propriétaire du Marché Bouvette à Saint-Cyrille-de-Wendover, Patrice Bouvette, est très conscient de la situation, mais soutient qu’il s’agit d’une question de concurrence dans un périmètre donné et qu’il n’a pas le choix de se plier à certaines règles.
Ce dépositaire d’essence pour Ultramar doit effectuer une enquête de prix, nous a-t-il expliqué, en vérifiant trois à quatre fois par semaine le tarif de deux compétiteurs, déjà identifiés dans son contrat, et les communique aux responsables de sa bannière.
Il s’agit de la station Harnois à Notre-Dame-du-Bon-Conseil et celle d’Irving à Saint-Cyrille. Il ne surveille donc pas les prix à Drummondville, même si sa station se trouve à proximité.
Puis, Ultramar décide chaque fois si un ajustement de prix s’impose. Le cas échéant, les modifications sont envoyées par voie électronique au dépositaire.
« Tout ce que je fais, c’est que je pèse sur "oui" sur mon ordinateur et ça change notre prix à la pompe et à l’enseigne », a-t-il précisé.
Pas de cartel
« Ce n’est pas une question de cartel. Toutes les stations sont identifiées à quelqu’un [une ou des stations concurrentes]. Si j’avais dit que je voulais être ajusté avec le dépanneur Foucault de Saint-Charles, à Drummondville, ça aurait été différent. Lui, ça fait deux semaines qu’il est à 169,9 $ », a indiqué M. Bouvette.
Le directeur de l'Institut de l'énergie Trottier, à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau, évalue que la disparité des prix de l’essence peut aussi varier selon le moment de la transaction.
« Le prix du pétrole a monté ces derniers jours, donc on peut avoir des gens qui ont acheté leur essence il y a quelque temps, qui l'ont reçue et qui vendent en fonction du prix qu'ils ont payé plutôt que du prix du marché », a-t-il mentionné en entrevue.