Volkswagen Jetta Highline 2022 : l’ombre d’elle-même
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Il fut un temps où la Jetta était un modèle chouchou des conducteurs québécois. Surtout les premières générations. Les gens appréciaient sa conduite sûre, sa solidité, sa motorisation intéressante et son grand coffre. Au point de lui pardonner une fiabilité parfois douteuse et quelques défauts tenaces.
Conçue expressément pour le riche marché nord-américain, en greffant un coffre fermé à sa sœur, la Golf à hayon, la Jetta connut par la suite des fortunes très variables. Depuis l’abandon des versions abordables de la Golf, il y a deux ans, cette berline compacte constitue le point d’entrée d’une gamme Volkswagen qui a succombé joyeusement à l’invasion des VUS et à la montée de la propulsion électrique.
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C’est donc à la 7e génération de la Jetta que revient la mission de défendre le nom et les couleurs de Volkswagen sur un marché de l’automobile en nette contraction. Au Québec, il s’est effectivement vendu quatre fois plus d’utilitaires et de camions légers que de voitures en 2021. Et cette tendance ne risque pas de s’inverser de sitôt puisque les ventes de compactes ont chuté de 28,2% pour le pays entier, en 2022.
Au nom de la résistance
La glace est donc mince pour la Jetta, qui persiste néanmoins devant les succès de vente que sont ses grandes rivales, les Toyota Corolla et Honda Civic. Surtout qu’il y a un nombre étonnant de variantes de ces dernières alors que seulement deux versions de la Jetta sont offertes actuellement. D’abord le modèle ordinaire, animé par le même quatre cylindres turbocompressé de 1,5 litre et 158 chevaux, décliné sur les trois niveaux d’équipement habituels : Trendline, Comfortline et Highline.
Ensuite la Jetta GLI, mue par un quatre cylindres turbo de 2 litres et 228 chevaux. C’est évidemment la sportive de la famille, que l’on présente d’ailleurs séparément sur le site de Volkswagen et qui a droit à sa propre brochure en couleurs. Un traitement semblable à celui des Golf GTI et R. Sauf qu’il n’y a pas d’autre Golf pour répliquer aux escadrons de bagnoles japonaises et coréennes, hélas.
Les Jetta ont eu droit à une série de retouches, pour marquer la moitié de leur cycle commercial en 2022. Les plus évidentes sont les boucliers et pare-chocs avant et arrière redessinés. Les bandes de chrome horizontales ajoutées à la calandre, sûrement pour plaire aux acheteurs américains, diluent encore le caractère germanique – ou européen, à tout le moins – qui a fait le succès de cette berline chez nous. Déjà qu’elle est fabriquée au Mexique depuis belle lurette... Le nouveau bloc d’affichage numérique de 8 pouces du conducteur, qui passe à 10,25 pouces sur le modèle Highline en sommet de gamme, est également digne de mention.
Ses meilleurs atouts
La pièce de résistance de ce remodelage demeure toutefois le quatre cylindres turbocompressé de 1,5 litre et 158 chevaux que l’on a d’abord découvert sous le capot du VUS compact Taos. La Jetta est, par ailleurs, une des rares compactes toujours disponible avec une boîte manuelle. Sauf la version Highline, livrée uniquement avec la boîte automatique à 8 rapports, une option de 1 400 $ pour les Trendline et Comfortline. Côté performance, la première atteint 100 km/h en 7,76 secondes, soit seulement 0,1 seconde de plus que la Jetta GLI à boîte manuelle, dont le moteur déballe pourtant 228 chevaux
Les 184 lb-pi de couple du moteur de 1,5 litre sont livrés dès qu’il atteint 1 750 tr/min. L’utilisation du cycle Miller, modifié par les ingénieurs de Wolfsburg, procure à la Jetta Highline une cote de consommation RNC officielle de 5,7 L/100 km sur l’autoroute. La meilleure de son créneau, avec la Hyundai Elantra à TVC. Notez que les Jetta à boîte manuelle font encore mieux, avec une cote RNC de 5,5 L/100 km. Elles sont moins frugales en ville, par contre, et leur cote moyenne est plus élevée, en conséquence.
Avec cette excellente consommation promise, sur parcours rectiligne, la Jetta était la candidate idéale pour un essai hors norme. La mission consistait à rallier Ann Arbor au Michigan à la vitesse tolérée, en tout confort, avec tout l’espace souhaité, en partant de Longueuil. Un trajet d’un peu plus de 1 000 km, effectué à la mi-octobre et complété en un peu moins de dix heures, avec un seul arrêt pour se ravitailler, se restaurer, etc. Le but de l’exercice était de participer aux journées d’essais qui allaient mener au vote sur les prix nord-américains (NACTOY).
Confort et caprices familiers
Dès les premiers moments, la Jetta Highline s’est révélée douce et silencieuse sur l’autoroute. Au fil des kilomètres, j’ai cependant remarqué une tenue de cap flottante et une sensibilité au vent oblique. Assez tôt, l’électronique s’est mise à faire des siennes... Le régulateur de vitesse s’est désactivé dès les premières gouttes de pluie, à cause de capteurs censément obstrués. Il s’est relancé quand il s’est mis à pleuvoir plus dru.
À l’étape, la radio est ensuite restée allumée avec entêtement, malgré des pressions répétées sur le bouton/commutateur. Elle a fini par se taire après le verrouillage des portières et une minute d’attente. Deux heures plus tard, le régulateur de vitesse fut coupé à nouveau par une petite pluie. Cette fois, il s’est ranimé quinze kilomètres plus loin, lorsque tout redevenu sec. Allez comprendre!
À l’arrivée au Weber’s Inn d’Ann Arbor, la moyenne de consommation affichée était de 5,4 L/100 km, soit 0,3 L/100 km de mieux que la cote officielle. Avec ravissement, j’ai constaté le confort très honnête du siège, après 1 028 km de conduite. Cela, malgré une assise réglable uniquement en diagonale et plutôt inclinée vers l’arrière. Les notes mentionnent aussi que l’interface multimédia est correcte, avec des écrans clairs, au graphisme sans fioriture ou fantaisie. Elles révèlent cependant que l’image vidéo de la caméra de marche arrière est parfois sautillante et clignotante. Rien n’est parfait
Succès et bémols
Le trajet de retour s’est déroulé sans histoire, ou presque. Après 300 km, le régulateur de vitesse et le système de maintien de voie se sont effectivement désactivés alors qu’une faible pluie tombait depuis une heure. Douze kilomètres plus loin, ils redémarraient pour décrocher à nouveau, deux heures plus tard, sans raison apparente... Nouvelle surprise lorsque les interfaces CarPlay et Bluetooth ont obstinément refusé de se rebrancher, après l’unique ravitaillement en Ontario. C’était la joie à bord. Il fallut attendre le prochain démarrage, le lendemain, pour qu’elles reprennent du service.
Bonne nouvelle à l’arrivée, d’autre part, puisque la Jetta n’a consommé que 4,9 L/100 km pour les 1 030 km du retour vers l’est. Cela donne une moyenne globale impressionnante de 5,2 L/100 km pour les 2 062 km parcourus. Seule une poignée de petites voitures hybrides peuvent prétendre faire mieux.
Sa frugalité sur la route, son habitacle plutôt confortable et son vaste coffre sont les plus belles qualités de la Jetta Highline. Elle est également jolie dans cette nouvelle couleur Rouge royal métallisé aux reflets de rubis. Pour le reste, sa conduite au quotidien est décevante. Elle roule en sautillant et louvoyant toujours un peu, sans grand aplomb, caractère ou précision. Aux antipodes des meilleures Jetta de jadis, très franchement.