Le nombre de décès sur les routes atteint un sommet inégalé en 10 ans au Québec
Par Frédérique Giguère
Le nombre de décès sur les routes a atteint un sommet inégalé depuis une décennie, avec une hausse de près de 9% en 2022, déplore la Sûreté du Québec dans son plus récent bilan routier.
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« C’est très préoccupant, lance le commandant intérimaire de l’unité de la sécurité des réseaux de transport de la SQ, Paul Leduc. On travaille fort en prévention de notre côté, mais la clé de tout ça, c’est le conducteur. Si le conducteur n’adhère pas à nos stratégies et ne se prend pas en charge, on n’y peut rien. »
Pas moins de 291 personnes sont mortes dans une collision routière en 2022. Il faut remonter à 2012 pour trouver un pire bilan, avec 320 victimes de la route.
Même son de cloche pour les collisions mortelles, alors qu’on en dénombre 266 l’année passée, soit un record depuis 10 ans.
La faute à l’après-pandémie
Une partie de l’explication pourrait se trouver dans le comportement postpandémique des conducteurs, croit le commandant Leduc.
« Il y a plus de délinquance de la part des automobilistes. Je remarque une hausse des poursuites policières et des grands excès de vitesse. Comme si, à la sortie d’une pandémie, on se retrouve derrière le volant et on veut se rebeller », explique celui qui fait la promotion de la sécurité routière depuis des décennies.
Il précise qu’il faudrait une étude afin de confirmer son hypothèse.
Les trois causes principales demeurent les mêmes, année après année, soit la vitesse (32%), la conduite avec les facultés affaiblies (15%) et la distraction (9%).
Le tiers des morts sans ceinture
D’ailleurs, malgré les dispositifs d’alerte qui sont désormais installés dans la majorité des véhicules, près du tiers des victimes de la route ne portaient pas leur ceinture de sécurité.
Mais devant ce « relâchement évident » de la population, le capitaine Leduc refuse d’y voir uniquement du négatif.
« L’unité de mesure qui parle le plus, c’est le nombre de victimes par 100 000 habitants, explique-t-il. Et au Québec, on est autour de cinq décès par 100 000 habitants, ce qui fait de nous les deuxièmes meilleurs au Canada et parmi les meilleurs en Amérique du Nord. »
D’ailleurs, si l’on compare avec la génération précédente, le bilan s’est grandement amélioré, selon la Sûreté du Québec. Il y a une trentaine d’années, il y avait sur les routes nettement moins de véhicules et bien moins de titulaires de permis de conduire. Or, le nombre de morts était exponentiel.
« Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer ça, comme l’amélioration du réseau routier et des véhicules, mais je pense que les gens ont compris des choses et qu’ils sont plus sensibilisés qu’avant », estime le commandant Leduc, qui, à l’aube de la retraite, espère voir grandir ce sentiment de responsabilisation pour les années à venir.
VRAIMENT PLUS QUE LES AUTRES ANNÉES
Année | Décès | Collisions mortelles
- 2022 | 291 | 266
- 2021 | 265 | 245
- 2020 | 250 | 231
- 2019 | 232 | 216
- 2018 | 252 | 237
- 2017 | 268 | 243
- 2016 | 260 | 240
- 2015 | 274 | 244
- 2014 | 238 | 216
- 2013 | 283 | 265
Source : Sûreté du Québec
LES RÉGIONS LES PLUS TOUCHÉES PAR LES COLLISIONS FATALES
- Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec: 14
- Services autoroutiers*: 18
- Bas-Saint-Laurent et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine: 25
- Saguenay–Lac-Saint-Jean et Côte-Nord: 26
- Capitale-Nationale–Chaudière-Appalaches: 27
- Montérégie: 32
- Outaouais-Laurentides: 38
- Estrie–Centre-du-Québec: 41
- Mauricie-Lanaudière: 45
Source : Sûreté du Québec * Secteurs couverts par la police municipale, comme Montréal