Un nouveau tabou
Pour 2023, les trois véhicules de l’année nommés par le Guide de l’auto sont électriques. Et si mes prédictions sont bonnes, il en sera probablement de même pour les véhicules nord-américains de l’année, qui seront dévoilés le 12 janvier prochain.
Il s’agit d’un virage à 180 degrés de l’industrie automobile, qui se fait visiblement plus rapidement que celui des consommateurs. Car si chez nous, au Québec, l’acheteur moyen est souvent convaincu du passage à l’électrique, il en va autrement ailleurs au Canada et aux États-Unis.
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Pour quiconque est actuellement en processus d’achat, inutile de vous dire que de mettre la main sur un véhicule électrique est ardu. Surtout s’il s’agit d’un modèle plus abordable, dans la mesure où une voiture de 40 000 $ ou 45 000 $ subventionnée et financée à 5 ou 6% peut l’être. Parce que c’est en effet le prix d’entrée d’une voiture électrique, qui se situe néanmoins en deçà de la moyenne du prix d’un véhicule neuf vendu au Canada en 2022. Un chiffre avoisinant les 50 000 $, et qui sera confirmé d’ici quelques semaines à peine.
Un travail difficile à réaliser
Durant les derniers mois, la majorité de véhicules que j’ai mis à l’essai étaient électriques ou hybrides rechargeables. Du BMW iX en passant par le Kia Soul EV, sans oublier les Mitsubishi Outlander PHEV, Jeep Wrangler 4Xe ou même la fabuleuse Lucid Air.
Au cours des prochaines semaines, on me confiera une Alfa Romeo Giulia, une Subaru Outback, un Toyota Sequoia et un Hyundai Palisade. Des véhicules à essence dont la consommation varie entre 8 et 13 L/100 km, pour lesquels je devrai rédiger des articles ou enregistrer des vidéos.
Or, je sais pertinemment qu’à la suite de la publication de ces articles, plusieurs commentaires négatifs surgiront. Du genre « À quoi bon parler de véhicules qui n’intéressent personne? » ou « Vous faites la promotion de véhicules polluants. Sur quelle planète vivez-vous ? ». Parce qu’au Québec, et ce plus que n’importe où ailleurs en Amérique du Nord, certaines personnes jugent avec mépris tous ceux qui n’empruntent pas la voie de l’électrification.
Je me permets donc aujourd’hui de vous dire qu’il est de plus en plus délicat de parler de véhicules à essence sans recevoir des flèches... Il est aussi de moins en moins agréable de pratiquer librement le métier, considérant cette pression sociale qui n’existe pourtant pas à quelques centaines de kilomètres d’ici. C’est du moins le bilan que je fais de l’année 2022, qui n’a pas été facile pour le métier comme pour l’industrie et les consommateurs.
Ne pas lâcher
Ainsi, et bien que je sois en faveur d’une multiplication de véhicules électriques sur nos routes, estimant qu’ils peuvent convenir à une majorité d’acheteurs, je choisis pour 2023 de continuer d’exercer mon métier avec passion. Sans contraintes, sans allégeances, en me fichant particulièrement de ces bien-pensants qui ont pour mission de dire aux autres quoi faire, sans prendre le temps d’écouter et d’analyser les besoins de chacun.
Parce que s’il est évident que l’achat d’un Ram 1500 TRX est un véritable doigt d’honneur à la planète, tous ne peuvent emprunter les transports en commun, covoiturer, conduire une Chevrolet Bolt EV, ou même un Ford F-150 Lightning. Parce que les moyens financiers n’y sont pas, ou parce que les besoins sont autres. Et puis, bien que ce soit anecdotique, je pense aussi à cette dame propriétaire d’un Hyundai Kona EV, qui a été coincée chez elle pendant plus d’une semaine en raison des pannes de courant. Parce que le VUS stationné au garage n’avait que 32 kilomètres d’autonomie restante alors que la borne publique la plus proche était à 45 kilomètres.
En terminant, je vous confie avoir moi-même acheté une voiture électrique cette année. Notamment, parce qu’elle répond à mes besoins et parce que la dépréciation sera quasi nulle. Ça, j’adore.
J’ai aussi pu constater que ceux qui critiquent vertement les véhicules à essence ou applaudissent trop intensément l’achat d’un VÉ ont parfois des raisons financières de le faire. Pensez à ceux qui importent chez nous des véhicules électriques provenant d’autres provinces, à ceux qui en vendent ou en louent, ou à ces habiles stratèges qui jonglent avec les crédits gouvernementaux en achetant, revendant… et empochant.