McLaren Artura 2023 : belle prise

Points forts
  • Technologie mécanique impressionnante
  • Performances ahurissantes
  • Plaisir de conduire avec grande facilité
  • Sublime beauté
Points faibles
  • Taxe de luxe qui fait mal
  • Pas de roadster (pour le moment)
  • Avenir inquiétant de l'entreprise
Évaluation complète

On la nomme Artura, un mariage entre les mots « Art » et « Futura ». À l’inverse des autres McLaren, une nomenclature qui n’est donc pas alphanumérique, et qui sied à merveille à cette nouvelle voiture exotique adoptant une motorisation hybride.

Évidemment, il ne s’agit pas de la première McLaren à accueillir une telle mécanique. Il y a dix ans de cela, le constructeur britannique proposait un premier supercar depuis la relance de la marque, baptisé P1, lequel offrait déjà l’hybridation. Un bolide produit à 380 exemplaires et dont la valeur actuelle avoisine les deux millions de dollars américains. Hélas, l’appréciation du prix de la P1 lui est quasi unique. En effet, hormis les rares modèles d’exception de la marque, les McLaren ont vu leur valeur chuter drastiquement au fil des ans, venant jeter une ombre sur cette entreprise britannique.

Lors d’une discussion avec Jamie Corstorphine, directeur de la stratégie des produits chez McLaren, nous avons heureusement appris que ces mauvais jours étaient désormais chose du passé. Aujourd’hui, la valeur des McLaren d’occasion se maintient à un niveau nettement plus raisonnable, la COVID-19 ayant ironiquement eu un effet positif sur la marque en raison d’une demande accrue dans une période de rareté. Le constructeur change d’ailleurs de stratégie en limitant la disponibilité des unités qui n’ont pas été commandées par la clientèle, histoire de ne pas en affecter négativement la valeur.

Nouvelle venue

Sur le plan hiérarchique, la McLaren Artura vient donc se positionner au-dessus de la GT, bien qu’en deçà de la 720S, dont la production s’achève au moment d’écrire ces lignes. Clairement, une nouvelle venue adoptant sans doute la structure de l’Artura viendra reprendre le flambeau, l’entreprise ayant misé très fort sur l’hybridation pour les années à venir.

Photo: Antoine Joubert

Financièrement en eaux troubles, McLaren Automotive se serait même départi d’une grande part de sa collection privée (comptant une cinquantaine de voitures de même qu’une série de modèles de course), afin de recueillir un peu plus de 120 millions de dollars, nécessaires au développement et à la mise en marché de ses nouveaux modèles. Est-ce que l’Artura serait ainsi considérée comme la « sauveuse » du manufacturier? Vous pouvez en être certain! Elle vient non seulement donner la réplique aux Ferrari 296 GTB et Maserati MC20, mais donnera un nouveau souffle à l’entreprise. Et pour cause, l’adoption d’une structure en fibre de carbone baptisée MCLA (McLaren Carbon Lightweight Architecture), plus légère et rigide que celle des précédents modèles. Également, un châssis en aluminium allégé de 10%, de même qu’une architecture électrique comportant 25% moins de filage que sur les autres modèles de la famille.

S’ajoute une motorisation baptisée M630, regroupant un V6 biturbo de 3,0 litres et un moteur électrique ne pesant que 33 kg, coincé entre le moteur à combustion et la nouvelle boîte séquentielle à huit rapports. À noter que cette boîte ne comporte aucune marche arrière, cette fonction étant assumée par le moteur électrique qui ne fait que tourner à l’inverse. Puisqu’il s’agit d’une hybride rechargeable, on greffe à cette McLaren une batterie de 7,4 kWh, permettant de rouler une trentaine de kilomètres en mode 100% électrique, avant la mise en marche du V6. Hélas, vous ne réalimenterez la bête que sur une borne de niveau 2, dans le contexte où la voiture ne s’en serait pas chargée. Car en circulant en mode Sport ou Piste, l’auto pourra s’acquitter de la recharge sans aide! Un principe fort intéressant qui permet de gérer plus facilement l’utilisation du véhicule.

Photo: Antoine Joubert

Pour le respect du voisinage

La journée d’essai de la McLaren Artura allait débuter en bordure du Las Vegas Speedway, où McLaren avait aussi prévu un temps de piste. Or, c’est d’abord sur de belles routes sinueuses situées en périphérie de la ville que nous avons pu piloter la voiture, comme ce fut d’ailleurs le cas en 2011, lors du lancement de la 12C. Et je vous avoue qu’il était particulièrement étonnant de prendre le volant d’une McLaren normalement très sonore, mais qui, avec son mode électrique, ne l’était aucunement. Cela m’a fait réaliser que de d’abord circuler silencieusement pour ne pas déranger le voisinage avant de se lancer sur des routes plus ouvertes, était idéal. Non pas qu’une McLaren soit conçue pour que vous passiez inaperçu, mais ayant moi-même un voisin propriétaire d’une Audi R8 qui pétarade à 7 h du matin chaque fois qu’il part, je peux vous dire que cette McLaren offre un indéniable avantage.

Photo: Antoine Joubert

Autre avantage? Le fait de pouvoir obtenir une « plaque verte » avec tous les privilèges qui en découlent, même si vous êtes au volant d’une bagnole exotique. Parce qu’il faut l’admettre, cette voiture n’est nullement un compromis. Une authentique bagnole de très haute performance, dont le chant mécanique une fois le V6 en fonction est pratiquement aussi exaltant que celui du V8 de la 765 LT. Un bolide dont le poids excède à peine celui d’une Volkswagen Jetta, et doté d’une foule de technologies vous autorisant les plus belles prouesses. Par exemple, un différentiel arrière électronique à vecteur de couple procure une fantastique tenue de route, au point où le conducteur a l’impression d’être un pilote aguerri. On retrouve également un mode Drift permettant un dérapage du train arrière avec une aisance déconcertante. Évidemment, cela ne se fait pas sans une usure prématurée des pneus, des Pirelli P Zero, pouvant être remplacés par des P Zero Corsa, si l’envie de faire du circuit vous prend.

Après une légère contorsion pour se glisser à bord, on réalise que l’on fait corps avec la McLaren Artura. Deux types de sièges sont offerts, les seconds baptisés Clubsport Seats étant dotés d’une coquille diminuant la masse du véhicule de 8 kg. Cela dit, la visibilité est bonne et la position de conduite ne pourrait être améliorée. À fleur de sol, le conducteur découvre une voiture débordante de sensations et très maniable. Plus qu’avec n’importe quelle autre McLaren, parce que les différents modes permettent aussi de mieux adapter la conduite selon l’humeur et le contexte. Vous pouvez ainsi sélectionner le mode Electrique pour une conduite urbaine, cette option vous laissera circuler jusqu’à 130 km/h sans la mise en marche du moteur à combustion. Vient ensuite le mode Confort, lequel optimise les performances en conservant une conduite mieux adaptée à la route, avec une certaine latitude à l’amortissement.  Viennent ensuite les modes Sport et Piste, pour un plaisir rehaussé, mais bien sûr avec un comportement radical. On dit d’ailleurs chez McLaren que la suspension gagne 15% en fermeté supplémentaire avec le mode Piste, alors que l’impression est plutôt de l’ordre de 40 à 50%!

Photo: Antoine Joubert

Le plaisir de l’Artura, c’est bien sûr de pousser la mécanique jusqu’à 8 500 tr-min pour l’entendre gronder. C’est aussi de jouer avec l’accélérateur qui nous sert, grâce à l’électrification, près de 90% du couple en quelques centièmes de seconde. Et de boucler en mode Départ canon le 0 à 100 km/h en 3 secondes, le 0 à 200 km/h en 8,3 secondes, et le 0 à 300 en 21,5 secondes. Sans jamais avoir l’impression que la machine s’essouffle. Mais surtout, de constater avec quelle aisance et quelle facilité elle accomplit sa tâche. Une voiture avec laquelle, dans un contexte où la météo le permet, il est facile de vivre au quotidien. Ce que l’on ne pourrait dire d’une Audi R8 ou d’une Lamborghini Huracán.

Au goût du jour

Si dans le passé l’habitacle des McLaren était un peu à la traîne face à la concurrence, on nous sert désormais une instrumentation numérique bien pensée, claire et concise, ceinturée d’un bloc d’instruments où se trouvent deux sélecteurs très design, nécessaires à la sélection des modes de conduite et à l’ajustement de la suspension. La très belle finition et le style simple de l’habitacle font que le tout vieillira sans problème. D’ailleurs, on y intègre aussi une tablette centrale de 10 pouces qui recevra des mises à jour par nuage, une première chez McLaren. Naturellement, cet intérieur peut-être personnalisé selon vos moindres désirs, le constructeur proposant différentes combinaisons d’habillage, en dépit des teintes. Pas moins de 34 couleurs extérieures sont également offertes, pouvant se jumeler ou pas à un toit noir ainsi qu’à un ensemble en fibre de carbone. Quant aux options, il ne faut pas oublier celle du puissant système audio Bowers & Wilkins, que vous n’utiliserez sans doute qu’en mode Confort!

Photo: Antoine Joubert

Sur une note personnelle, cette McLaren est à mon avis l’une des plus belles voitures exotiques au monde. Une ligne fuyante et racée, qui vieillira comme le bon vin, et qu’il n’est pas nécessaire d’alourdir à coups d’ailerons, de jupes ou de fioritures inutiles. Du grand art automobile, œuvre du styliste réputé Robert Merville.

Terminons avec la facture... Une somme qui explique le niveau d’exclusivité, surtout lorsqu’on lui ajoute cette damnée taxe de luxe canadienne. On parle d’un montant de 276 900 $ + 5 424 $ (transport et préparation), pour un total de 282 324 $, mais finalement majoré à 310 556 $. Sans options! Donc, elle vous coûtera encore plus cher. Consolez-vous toutefois en vous disant qu’une Ferrari 296 GTB affiche un prix de départ de 312 986 $, avant les frais de transport et la taxe de luxe. Et réjouissez-vous en sachant que le délai de livraison chez McLaren est d’environ six à huit mois, plus raisonnable que chez Ferrari.

En vidéo: Le Guide de l'auto découvre la sublime McLaren Elva

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