Lotus Elise/Exige, Go-kart immatriculé
Si votre plus grand rêve est que la route se transforme en circuit, il existe un moyen de vous en rapprocher. Naturellement, les corps policiers ne disparaitront pas comme par enchantement et les nids-de-poule seront toujours de la partie, mais c’est au volant de cette Lotus que vous découvrirez peut-être vos talents de pilote. Et même si vous n’avez pas la flamme d’un Villeneuve, vous apprécierez le fait que ce bolide décuple le plaisir ressenti au volant de toute autre voiture. Bref, la firme britannique nous propose depuis deux ans ce qui peut à mon sens être qualifié de la plus jouissive des autos-jouets.
En posant les yeux sur elle, on est en mesure de constater que cette Lotus ne s’adresse pas à une clientèle du troisième âge désireuse de se rendre chaque dimanche dans la maison de Dieu... Spectaculaire et exotique, elle laisse plutôt présager que son conducteur est une personne débordante de dynamisme. Elle peut aussi agir telle une bonne cure pour le dépressif en mal de sensations, mais règle générale, seuls les puristes optent pour ce genre de bolide.
Cette année, l’arrivée de la Exige vient compléter la gamme Lotus. Alors que l’Elise se veut plus civilisée (mais si peu), l’autre vise directement les dévoreurs d’asphalte. Dotée d’un toit rigide où se loge une prise d’air additionnelle, elle affiche une allure encore plus racée. Elle se pavane avec son aileron arrière, ses entrées d’air grillagées et ses jantes ultralégères comme un footballeur le ferait avec ses épaulettes et son casque. L’Elise reçoit quant à elle une robe tout aussi charmante, mais avec une saveur de compétition moins accentuée. Elle est également la seule à pouvoir se découvrir, portant comme chapeau une toile à bouton-pression ou un panneau rigide en fibre de verre. D’ailleurs, sachez que la carrosserie est entièrement faite de ce matériau.
À bord, ne tentez aucun parallèle avec une Boxster ou même une S2000. La notion de confort n’a ici jamais fait partie du développement. Ainsi, ceux qui voudront jouer les « look at me » mais qui n’ont pas nécessairement une soif de sportivité le paieront très cher. Car qu’il s’agisse des sièges, de l’espace alloué ou de l’équipement offert, le confort/prix est carrément atroce. En revanche, le puriste ne peut qu’apprécier ce sentiment d’être bien coincé dans cet habitacle d’aluminium où deux sièges enveloppants et durs comme le roc nous tiennent en place. Il n’y a rien de plus approprié pour ressentir cette relation mécanique tant recherchée.
Sans sellerie de cuir ni même de glaces électriques, on n’achète pas la Lotus pour le luxe. En se tournant vers le livre des options, il est toutefois possible d’y mettre plusieurs accessoires. L’ensemble Touring vous fait profiter d’une moquette de sol complète, de matériaux insonores et d’une chaîne stéréo digne de ce nom.
Du Toyota sous le capot
Plutôt que de développer une mécanique à gros prix qui aurait sans doute été très capricieuse, Lotus a choisi d’opter pour un partenariat avec le nouveau numéro un mondial, c’est-à-dire Toyota. De ce fait, on retrouve sous le capot arrière le même moteur qui occupait les défuntes Celica GTS et Corolla XRS. Déployant 190 chevaux grâce à une unité de commande électronique moins restrictive, ce dernier parvient à faire de l’Elise une véritable bombe. Qui plus est, il se marie à merveille avec la boîte manuelle à six rapports qui l’accompagne. Quant à ceux qui auraient préféré une boîte automatique ou séquentielle, Lotus vous dit : allez voir ailleurs !
L’Exige, encore plus performante, reprend pour sa part la même motorisation, à laquelle s’ajoute toutefois un compresseur volumétrique permettant un gain de 30 chevaux. Avec une telle puissance et un poids excédant à peine 800 kilos, inutile de vous dire que ce bolide n’a rien à envier à un T-Rex ! À preuve, on franchit le 0-100 km/h en seulement 4,3 secondes, un chiffre normalement réservé qu’aux exotiques à huit, dix ou douze cylindres !
La voiture, c’est vous !
Compacte et ultramaniable, cette voiture se pilote comme un go-kart. Bien sûr, la direction est moins primitive et le moteur n’est pas issu d’une tondeuse à gazon, mais le sentiment d’être accroché au bitume à quelques pouces du sol est similaire. Cette sportive de premier rang a aussi le mérite de transmettre au conducteur un sentiment unique, comme s’il faisait corps avec la voiture. Il faut dire que la direction non assistée le fait travailler parfois durement, lui qui découvre bien souvent la vraie définition du mot sport.
Sur la route, il faut donc s’attendre à une conduite radicalement sportive. La tenue de route est sensationnelle, le roulis est inexistant et le freinage est stupéfiant. Et quel équilibre ! Jamais on ne sent la voiture trop légère ou mal balancée. Le survirage est également une notion qui lui est inconnue, puisque le poids du moteur central se charge d’appuyer constamment la voiture au sol. En revanche, son incroyable agilité peut jouer des tours au conducteur en mal d’expérience qui ne saura nullement détecter le manque d’adhérence du train avant. Il est clair que les pneus Yokohama se chargent solidement de l’agripper au sol mais dans certaines situations, la perte de contrôle peut survenir sans avertissement.
Bref, cette sportive mérite de grands éloges, pour l’ensemble de son œuvre. Mais tenez-vous-le pour dit, il s’agit d’un jouet de luxe qui n’a aucun côté pratique et qui, si vous êtes en manque de calcium, peut vous massacrez l’ossature tant elle est inconfortable. Quant à son prix, il est très élevé, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Feu vert
Plaisir de conduite décuplé
Ligne spectaculaire
Motorisation reconnue
Agilité déconcertante
Rapport poids/puissance imbattable
Feu rouge
Prix affolant
Le luxe? Connaît pas!
Confort d’un banc de parc
Un seul concessionnaire au Québec