Toyota Crown 2023 : plus qu'une berline
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On nous annonce et on déplore presque quotidiennement la mort de la berline traditionnelle sur ce continent où le monde est fou des utilitaires en tous genres. Il est donc franchement étonnant que Toyota nous présente un nouveau modèle qu’il a baptisé Crossover (multisegment) dans son pays d’origine (le Japon) comme une berline. Il ne nous reste plus qu’à voir si la marque aux ovales entrelacés est téméraire ou visionnaire. Peut-être les deux à la fois.
Cette nouveauté n’est qu’une des quatre versions qui composent la 16e génération de la Crown que Toyota produit depuis 1955 pour le marché japonais. Cette série emblématique est d’ailleurs la plus ancienne du premier constructeur mondial et occupe une place de choix dans son histoire. La Crown a été la première Toyota importée en Amérique en 1958 et fut distribuée au Canada de 1965 à 1972. Ce nom précieux effectue donc un retour chez nous après une absence de plus d’un demi-siècle.
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Pas un mot, toutefois, sur la venue éventuelle des trois autres rejetons de la nouvelle série Crown – une berline classique, une familiale et un utilitaire sport – en terre nord-américaine. Avec l’étendue de la gamme actuelle de Toyota, permettez-nous d’en douter.
Élégante et haute sur pattes
Comme ses sœurs, la Toyota Crown qui nous est destinée a été élaborée sur l’architecture modulable TNGA-K qu’elle partage avec des séries aussi différentes que les Camry, Highlander, RAV-4, Sienna et Venza. C’est dire sa polyvalence. Les formes profilées et la ligne de toit fuyante et incurvée de la Crown, qui se prolonge jusqu’à la pointe de son coffre, camouflent bien sa taille et son gabarit imposant. Un seul coup d’œil à son profil vous convaincra que les roues de 19 ou 21 pouces, selon la version, y contribuent également.
En fait, la Crown est nettement plus haute qu’une Camry et surplombe même la berline Avalon qu’elle est censée remplacer (selon Toyota) de 10,4 cm, pour une longueur et une largeur comparables. Cette approche a permis de relever considérablement l’assise des places avant et arrière. Ce qui facilite grandement l’accès et procure une position de conduite haute et une meilleure visibilité. De toute évidence, Toyota parie gros sur le fait que les acheteurs nord-américains seront nombreux à vouloir profiter des précieux atouts propres aux VUS sans se priver du confort, de l’agilité et du raffinement supérieurs d’une berline.
Pour nous convaincre de ces vertus et de quelques autres, Toyota nous a conviés dans le cadre des journées d’essais de l’Association des journalistes automobiles du Canada (AJAC) au complexe CTMP en Ontario.
Ce premier contact de trois quarts d’heure, dûment chronométré, nous a permis d’examiner, conduire et photographier en vitesse une Crown Platinum, sur les routes qui entourent le légendaire circuit Mosport. Il s’agissait d’un prototype du modèle qui trône au sommet de cette nouvelle série. Si le comportement et les performances étaient parfaitement dignes du futur modèle de série, l’aspect et la texture des matériaux de l’habitacle n’étaient certainement pas encore au niveau souhaité. Ce qui est souvent le cas pour les prototypes. Une fois leur développement complété, Toyota produira les Crown dans ses usines de Motomachi et Tsutsumi au Japon.
Deux saveurs distinctes
Trois variantes de la Crown seront mises en vente chez nous. Les XLE et Limited partagent une version du groupe propulseur hybride classique de Toyota. Il combine un quatre cylindres atmosphérique de 2,5 litres et un moteur électrique qui entraînent les roues de 19 pouces à l’avant, gérés par une transmission à variation continue électronique. Un deuxième moteur électrique engage les roues arrière, au besoin. Affichant une puissance totale de 236 chevaux, cet orchestre mécanique revendique une cote de consommation combinée impressionnante de 5,7 L/100 km.
Un cran au-dessus, la Crown Platinum vise des performances relevées et une conduite plus inspirée. Avec une puissance globale de 340 chevaux, son groupe propulseur Hybride Max devrait remplir sa mission première sans peine. Il réunit un quatre cylindres turbocompressé de 2,4 litres et un moteur électrique avant, lesquels sont jumelés à une boîte automatique à 6 rapports, pour des démarrages et accélérations plus franches et linéaires. On nous promet d’ailleurs des sprints de 0 à 100 km/h en 5,8 secondes.
Un essieu arrière électronique, animé par un moteur électrique refroidi par liquide, complète le rouage intégral dont la répartition de couple peut varier de 70/30 à 20/80 entre les essieux avant et arrière. La cote de consommation combinée de 7,8 L/100 km demeure exceptionnelle pour un véhicule de cette taille. La Crown Platinum accuse quand même 1 953 kg, soit 25 kg de plus que les XLE et Limited. L’ancienne berline Avalon pesait cependant 418 kg de moins!
La reine de la nouvelle série Crown est portée par des roues d’alliage de 21 pouces à dix rayons. Avec leurs pneus de taille 225/45R21, ce sont les plus grandes jamais installées sur une Toyota. Elles sont guidées par une suspension dont l’amortissement est variable. Les barres stabilisatrices avant et arrière de la Platinum sont également plus costaudes que celles des XLE et Limited. Leurs freins sont par contre identiques.
Les Crown Platinum sont les premières Toyota à être offertes avec une peinture à deux tons. Ces livrées marient une section centrale entièrement noire, de la calandre au bouclier arrière, avec le choix de quatre couleurs voisines : Blanc, Heavy métal et les teintes Rouge supersonique ou Âge de bronze, qui sont du plus bel effet. Chose certaine, ainsi habillée, la Crown Platinum n’a vraiment rien à voir avec la berline de votre grand-père.
Confort et plaisir
Après le défilé de mode de la carrosserie, surtout avec la robe deux tons rouge et noire de la Crown Platinum à l’essai, l’habitacle et le tableau de bord semblent désespérément sages et pragmatiques. Vivement des finitions plus colorées et joyeuses que ce noir intégral, parsemé d’étroites moulures et d’une poignée de liserés couleur cuivre. Les places avant sont spacieuses, avec des sièges bien découpés. Les places arrière sont accueillantes aussi, malgré une assise creusée vers l’arrière et un espace pour les pieds un peu juste. Le coffre de 430 litres s’allonge en repliant les sections 60/40 du dossier arrière.
Les commandes physiques sont très convenables dans l’ensemble et les deux écrans numériques de 12,3 pouces font un boulot honnête. L’écran central tactile abrite l’interface multimédia la plus récente de Toyota et le module Safety Sense 3.0, avec sa kyrielle de systèmes et applications de sécurité.
En fait, c’est en mouvement que la Crown Platinum opère son charme et vous plaque un sourire au visage, dès les premiers mètres de conduite. Les accélérations sont fluides, linéaires et agréablement vigoureuses, sans brusquerie. Même sur des rubans d’asphalte vieilli et raboteux, le roulement est bien filtré et les mouvements de caisse maîtrisés impeccablement, avec un soupçon de roulis, au nom du confort.
L’agilité de cette Crown Platinum est louable, son aplomb et son équilibre indéniables. Ce qui augure bien pour la suite et les premiers essais complets. Reste à voir si cet ADN très sain s’exprime avec autant d’éloquence à bord des deux sœurs, les XLE et Limited.