Le litre d’essence à 2,30 $ d’ici deux mois au Québec
Par Julien McEvoy
Si les Québécois ont eu un peu de répit depuis que le prix de l’essence a atteint son sommet de 2,21 $ le litre en juin, la hausse observée récemment n’est pas près de s’estomper.
- À lire aussi: «Marges exagérées»: des détaillants d'essence s'en mettent plein les poches dans plusieurs régions
- À lire aussi: Les additifs d’essence, ça en vaut la peine?
À Montréal, le litre d’ordinaire se vendait en moyenne 1,59 $ à la fin du mois de septembre. Hier, c’était 1,85 $ en moyenne, selon la Régie de l’énergie du Québec.
« Et en janvier, ce sera 2,30 $ le litre au Québec », prédit Dan McTeague, analyste du prix de l’essence qui s’intéresse au sujet depuis 1994.
Une « tempête parfaite »
C’est donc présentement le calme avant la proverbiale tempête.
« Et la tempête sera parfaite », ajoute le vieux routier du secteur, dont le site web se nomme « Le sorcier du gaz » (Gaz wizard), car il ne se trompe jamais dans ses prédictions.
L’OPEP+ a déjà commencé à réduire sa production d’au moins 1 million de barils par jour. La réserve stratégique des États-Unis, à son plus bas depuis 1982, devra être renflouée.
Et l’hiver s’en vient.
Le temps froid va mettre de la pression sur le prix du mazout, utilisé pour chauffer les édifices, et par extension sur celui du diesel, dont c’est un dérivé.
« Vous n’avez encore rien vu avec le prix du diesel », soutient Dan McTeague. En raison de la forte demande, il prédit qu’il montera jusqu’à 3 $ le litre d’ici le mois de mars.
Le diesel est actuellement vendu 2,61 $ le litre en moyenne à Montréal.
Nombreux facteurs
De nombreux facteurs économiques et géopolitiques expliquent les chamboulements dans le secteur du pétrole, soutient pour sa part Yvan Cliche, chercheur en énergie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).
Oui, les pays de l’OPEP+, notamment l’Arabie saoudite et la Russie, vont réduire leur approvisionnement sur le marché dans le but de faire monter les prix.
« Ils veulent éviter une situation comme en 2008, où le prix du baril était passé de 100 $ à 40 $ en quelques mois », explique le chercheur.
Comme les pays membres de l’OPEP+ craignent une récession mondiale, ils ont aussi la volonté de ne pas se retrouver en surproduction, comme cela a été le cas en 2020, au début de la pandémie.
À ce moment, les prix du baril de pétrole ont plongé dans le négatif, une première.
Volonté d’embêter Biden
Sinon, il y a aussi le fait que l’embargo de l’Europe sur le pétrole russe va entrer en vigueur le 5 décembre.
« L’OPEP+ réplique en retirant du pétrole sur le marché, pour impacter à la hausse les achats de pétrole des Occidentaux », avance M. Cliche.
Pour le chercheur, il est raisonnable de penser que le « timing » de ce geste n’est pas anodin, puisque les élections de mi-mandat se tiennent aux États-Unis dans moins d’une semaine.
« Ils veulent embêter le président Biden, qui a des relations tièdes avec le régime russe », dit l’expert, qui ajoute que la popularité d’un président, et de son parti par extension, est souvent liée au prix de l’essence à la pompe.