Hyundai Canada, bientôt 40 ans
Hyundai Auto Canada, telle qu’elle se nommait lors de son arrivée au pays, a été fondée au début des années 80, pour une arrivée chez nous vers la fin de l’été 1983. Dans un peu moins d’un an, le constructeur fêtera donc ses 40 ans au pays, ce qui risque de donner lieu à des éditions commémoratives de certains modèles. Cela dit, se forger une réputation n’aura pas été tâche facile pour ce manufacturier. Comme quoi la persistance est maître dans l’art de la réussite.
La semaine dernière, je mettais à l’essai l’impressionnante Genesis G90, issue de la marque de luxe de Hyundai. Une voiture qui venait me prouver que le constructeur coréen n’avait désormais plus à rougir face aux sacro-saintes bagnoles allemandes. Je me suis également entretenu avec Marilou, nouvelle ambassadrice de Hyundai, qui exprimait son enthousiasme face à sa prochaine voiture, l’Ioniq 6. Je n’ai pu m’empêcher de me remémorer les premiers balbutiements de la marque au pays, alors que j’avais à peine six ans.
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Déjà passionné de voitures à l’époque, je feuilletais le Guide de l’auto en étudiant par cœur les statistiques de chacune des voitures! Je connaissais les marques et modèles, quelques spécifications sur les moteurs, sans nécessairement comprendre leur signification. Un jour d’automne 1983, mon père - qui n’avait absolument aucun intérêt pour le sujet - débarque à la maison avec une nouvelle voiture. Sa deuxième, alors qu’il avait 33 ans. C’était une Pony. Et pas n’importe laquelle. La première livrée chez Cloginor de Saint-Jean-sur-Richelieu, tandis que les locaux se situaient dans le Vieux-Saint-Jean (là où se trouve aujourd’hui une entreprise dédiée aux véhicules de cinéma).
Mon père était venu voir cette nouvelle concession automobile qui ouvrait le jour même. Sa vieille Datsun montrant quelques signes de vieillesse, il décida d’entrer et ressortit aussitôt avec un contrat en main. Il venait de se procurer la première Pony de la concession, et aux dires du vendeur, la première au Québec (fait invérifiable!).
Il s’agissait d’un modèle 1400 GL (moteur 1,4 litre) avec étrangleur manuel, au même titre que la boîte de vitesses. Une voiture joliment tournée et qui, à 6 500 $, constituait une aubaine, même face à la Chevette. Les mois passaient et, sur les routes, les Pony se multipliaient à une vitesse folle. D’ailleurs, mes voisins immédiats possédaient deux Pony, ce que conduisait aussi ma gardienne de l’époque. Plus tard, j’aimais prétendre que mon père avait eu une mauvaise influence sur notre voisinage!
L’année suivante, soit en 1984, la Pony commençait à être « serrée » car ma soeur et moi avions grandi. Mon père n’en faisait pas de cas, néanmoins la petite Pony n’était pas des plus pratiques. Puis, lors d’un rendez-vous pour l’entretien de cette dernière, mon père aperçut la Stellar. Une berline de taille intermédiaire aux lignes aguichantes, qui, sous certains angles, pouvait « peut-être » ressembler un brin à une Audi 5000.
Dessinée par Giugiaro tout comme la Pony, cette berline lui tomba dans l’œil, si bien qu’il échangea sa Pony contre la Stellar. Une voiture propulsée à boîte automatique à moteur de 74 chevaux, si lente qu’il était difficile de faire patiner les roues même dans la neige. Or, elle était belle. Si belle que mon oncle à la vue de ce modèle allait lui aussi tomber sous le charme, se procurant toutefois une version Executive, beaucoup plus luxueuse!
La Stellar, payée 10 500 $ en 1985, allait lui durer cinq ans. Car bien qu’il n’ait connu aucun problème majeur sur le plan mécanique, la carrosserie allait littéralement se décomposer d’elle-même. Ainsi, lorsqu’il la troqua en 1990 chez un concessionnaire Dodge où il allait acheter sa quatrième voiture, ce dernier ne lui offrit que 500 $. Imaginez, 95% de dépréciation en cinq ans!
La Stellar aura évidemment été sa dernière Hyundai. En 1985, le constructeur a réussi à en écouler environ 80 000 au pays, ce qui représentait à l’époque près de 10% du marché automobile canadien! Et quarante ans plus tard, même avec plus de 130 000 véhicules vendus, Hyundai Canada n’atteint toujours pas cette part de marché, qui se situe à approximativement à 8%. Certes, la situation est bien différente et la concurrence est plus grande, mais cela prouve que l’arrivée de Hyundai au pays aura initialement été saluée par un succès monstre qui n’aurait jamais pu être imaginé par les stratèges de la marque.
D’ailleurs, les projections de ventes pour la Pony 1984 étaient d’environ 5 000 unités, cinq fois moins que ce qui allait être vendu. Parce qu’à cette époque, et contrairement aux marques japonaises alors aux prises avec des quotas, Hyundai était capable de livrer tout ce que l’on commandait. Aujourd’hui, c’est très différent : il faut patienter deux ans pour une simple Ioniq 5…