BMW CE 04 : une autre idée de la mobilité électrique
Plusieurs constructeurs automobiles possèdent également une division dédiée aux deux-roues. Honda évidemment, mais aussi Suzuki, BMW et dans une moindre mesure KTM. Pour d’autres fabricants, cela passe par le rachat ou la prise de participation dans un constructeur existant, comme Audi l’a fait avec Ducati par exemple.
Et même si une voiture et une moto sont deux produits différents, des transferts de technologie peuvent exister. C’est justement le cas avec le véhicule que nous avons conduit durant une semaine : le BMW CE 04. Il s’agit d’un scooter électrique dont la partie mécanique dérive directement de l’automobile. Notamment son moteur à refroidissement liquide de 42 chevaux qui provient de celui du BMW 225xe Active Tourer vendu en Europe. Il n’y a pas de boîte de vitesses, et la puissance est acheminée à la roue arrière via une courroie crantée.
- À lire aussi: BMW i7 2023 - L'expression écolo d'un luxe souverain
- À lire aussi: Voiture électrique : BMW va investir 1,7 milliard de dollars aux États-Unis
La batterie fait aussi appel à la technologie automobile, puisqu’elle reprend les cellules du BMW iX. Lors de la présentation de la version M60 à Berlin, les ingénieurs allemands nous ont toutefois précisé que si les cellules étaient identiques, leur refroidissement diffère. Au lieu d’une régulation thermique réalisée à l’aide d’un liquide de refroidissement, le CE 04 utilise tout simplement l’air ambiant.
Les batteries étant des éléments lourds, un scooter ne peut pas embarquer trop de cellules sous peine d’être trop pesant. Pour conserver un bon compromis autonomie/poids/encombrement, BMW a opté pour une capacité de 8,9 kWh. Une petite batterie donc, qui n’empêche pas le CE 04 d’afficher 231 kg à la pesée…
Ainsi doté, le scooter allemand dispose d’une autonomie théorique de 130 km. La recharge peut se faire sur une prise domestique en un peu plus de quatre heures (un câble est fourni), ou sur une borne de recharge de niveau 2. Avec cette dernière et le chargeur le plus rapide (optionnel), on récupère la totalité de la charge en 1 h 40.
Le CE 04 n'étant pas un scooter à moteur à essence, nous avons demandé à la SAAQ quel permis de conduire est nécessaire pour le conduire et combien coûte l'immatriculation. Après vérification, nous pouvons vous confirmer qu'il faut un permis de Classe 6A ou 6B pour conduire le véhicule, et que l'immatriculation correspond à un deux-roues de 125 à 401 cm3 de cylindrée. Au moment d'écrire ces lignes, il faut compter 450,30 $ pour une année.
Moins de roues, mais autant de technologie
Il n’y a pas que dans les voitures que la technologie et les écrans font une percée remarquée, c’est aussi le cas dans le monde du deux-roues. Le CE 04 n’échappe pas à cette tendance avec un grand écran TFT de 10,25 pouces. Il affiche la vitesse, la quantité de puissance disponible, la force de régénération et une foule d’informations reliées à la conduite ou au véhicule si le conducteur le désire. En connectant son téléphone cellulaire au scooter, il est possible d’afficher la navigation au tableau de bord et même sa musique. Pour commander le tout, il faut utiliser la molette rotative et le bouton « Menu » situés du côté gauche du guidon.
À côté de ces commandes se trouve également celle de la marche arrière. Il suffit d’appuyer sur le bouton et de tourner la poignée pour faire reculer le scooter. Une commodité plutôt rare, mais qui s’avère très pratique, surtout quand on souhaite manœuvrer dans des espaces restreints ou en dévers.
Du côté droit, le conducteur peut sélectionner les modes de conduite (Eco, Rain, Road et Dynamic), le dernier étant optionnel. Pour ceux qui ont coché cette option à la commande, il est aussi possible d’actionner les poignées et la selle chauffantes. Des éléments qui apportent un confort appréciable lorsque l’on roule au printemps ou à l’automne.
Pour terminer avec les aspects pratiques, sachez que BMW a prévu un coffre à ouverture latérale. Un choix technique surprenant, les espaces de rangement sur les scooters nécessitant généralement de faire basculer la selle pour y accéder. L’avantage de cette disposition, c’est que l’on peut l’ouvrir en étant assis sur le scooter. Le défaut c’est que le volume de chargement est plus limité.
Selon le constructeur bavarois, il est possible d’y loger un casque intégral (aussi appelé full-face), mais celui que nous avons utilisé (de taille L) ne rentrait pas. Il faut aussi garder à l'esprit que si vous emportez votre câble de recharge, cela limite encore plus la capacité du coffre.
Premier à chaque départ
Quand on regarde la fiche technique, les 42 chevaux n’impressionnent guère, au même titre que les 46 lb-pi de couple. Mais avec un poids bien plus contenu que celui d’une voiture, les accélérations sont énergiques, particulièrement quand on sélectionne le mode de conduite Dynamic, le plus performant. BMW annonce un 0 à 50 km/h avalé en 2,6 secondes.
Au-delà de ces chiffres, la vigueur des accélérations vous catapulte littéralement et il faut s’accrocher au guidon pour résister à la force qui vous tire vers l’arrière. Passé 60 km/h la poussée ralentit, puis perd plus fortement de sa vigueur après 80 km/h. BMW annonce une vitesse maximale limitée à 120 km/h, même si le compteur de vitesse peut grimper légèrement plus haut. À ce propos, le petit saute-vent faisant office de pare-brise et le carénage minimaliste ne protègent pas très bien le conducteur, qui lutte un peu contre le vent sur l’autoroute.
Un peu pesant à l’arrêt, le CE 04 est étonnamment maniable considérant son gabarit et son poids. Le train avant engage un peu à très basse vitesse, mais cette sensation d’un train avant un peu tombant s’estompe au-delà de 10-15 km/h. Stable dans les virages, il fait preuve d’une bonne tenue de route. Le freinage mécanique est efficace et puissant, cependant, la très bonne calibration de la régénération au freinage fait que l’on n’actionne pratiquement jamais les leviers.
Agréable à conduire lorsque la route est bien revêtue, le CE 04 brasse davantage son conducteur quand l’asphalte se ride. C’est surtout vrai pour l’amortisseur arrière, insuffisamment freiné en détente, et qui peine à absorber convenablement les irrégularités de la chaussée. Alors que les véhicules électriques sont généralement silencieux, nous avons aussi été surpris que le moteur se fasse autant entendre à ce point. La sonorité est loin d'être mélodieuse et contrairement aux voitures de BMW, il n'y a pas de musique composée spécifiquement pour accompagner les accélérations.
Pas pour toute l’année
En ce qui concerne l’autonomie, nous avons réussi à atteindre une consommation de 6 kWh/100 km dans les meilleures conditions et en étant très précautionneux avec la poignée droite. En nous autorisant quelques accélérations tout en restant raisonnables, nous avons relevé 7,8 kWh/100 km, ce qui permet de parcourir 100 à 110 km environ.
En revanche, dès que l’on part premier à chaque feu de circulation ou que l’on se permet de rouler à 115 km/h sur l’autoroute, l’autonomie fond comme neige au soleil. Dans ces conditions, il sera difficile de rouler plus de 80 kilomètres avec une seule charge. C'est suffisant si vous roulez en ville ou si vos déplacements sont courts, mais ce sera trop limité si vous envisagez de vous aventurer plus loin que les centres urbains.
Le dernier défaut du CE 04, et non le moindre, c’est son prix. Commercialisé à partir de 15 000 $, son tarif peut grimper rapidement. Notre modèle d’essai, doté de quelques options comme l’ensemble Dynamique, l’alarme, la béquille centrale, les poignées chauffantes et le chargeur rapide, coûtait tout de même 18 220 $. Un prix élevé pour un véhicule saisonnier et au rayon d’action aussi limité.
Les plus :
Accélérations vigoureuses
Bonne tenue de route
Marche arrière pratique
Recharge rapide
Les moins :
Autonomie limitée
Prix élevé
Roulement ferme