Pénurie de "minounes d’hiver"
Jamais depuis le début de ma carrière, je n’aurai reçu en quelques semaines autant de messages de la part d’internautes en quête d’un bazou bon marché. Bref, une minoune d’hiver, que l’on pourrait conduire aussi longtemps que possible, afin de limiter les dépenses. Il faut dire que les ménages québécois se font financièrement malmener par les temps qui courent, notamment avec l’augmentation des taux d’intérêt, du prix de l’essence et du panier d’épicerie...
Dans plusieurs de ces messages, on me demande si je sais où dénicher de bonnes aubaines. Dans d’autres, on veut connaître mon opinion sur un modèle âgé de 15 ou 20 ans, alors qu’à cet âge, la condition du véhicule importe beaucoup plus que sa maniabilité, son confort ou ses performances. On m’a même proposé de l’argent en échange d’un service pour trouver une bonne voiture à moins de 3 000 $, prétextant que l’on préférait me verser une commission plutôt que de payer trop cher pour une guimbarde.
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Inutile de vous dire que jamais je n’oserais personnellement mettre un sceau d’approbation sur un véhicule de 2 000 $, surtout en sachant que certains acheteurs s’attendent avec ce genre d’achat au rendement d’un produit neuf, ou presque!
Comme tous ceux qui sont en quête d’une voiture à faible prix, je suis à même de constater qu’elles se font de plus en plus rares sur le marché. J’attribue cette situation d’abord au manque d’inventaire : les concessionnaires conservent souvent des voitures pour la revente qui ne se seraient jadis jamais qualifiées pour ça. Des voitures vendues sans garantie, mais desquelles on peut tirer de bons profits.
Par exemple, cette Pontiac G5 en piteux état, probablement payée 500 $ en échange, et qu’un concessionnaire Hyundai a osé afficher à 2 495 $ sur la plate-forme d’Auto Hebdo. D’ordinaire, elle serait passée directement dans les mains d’un revendeur spécialisé dans ce genre de produits. Or, au risque d’affecter l’image de la concession, on est aujourd’hui prêt à vendre n’importe quoi, tant que le profit s’y trouve…
J’explique également la soudaine rareté de voitures à très bas prix par le fait que les centres de recyclage paient très cher pour les obtenir. Une voiture complète mais littéralement bonne pour la casse peut maintenant valoir entre 600 $ et 1 500 $, tout dépendant du modèle. Considérez que le convertisseur catalytique vaut à lui seul plusieurs centaines de dollars, mais aussi que la valeur des matières recyclées a augmenté. Ainsi, après avoir tiré profit des pièces extirpées de ces bagnoles, les centres de recyclage encaissent de belles sommes lors de leur récupération.
Une voiture à 500 $, 1 000 $ ou même 2 000 $ est donc aujourd’hui plus difficile à trouver. Et lorsque l’on réussit à mettre la main sur l’une d’elles, encore faut-il que la condition mécanique soit potable. Parce que le coût des réparations a lui aussi explosé ces dernières années. Je me remémore cette dame qui m’avait écrit en me mentionnant avoir dégoté - pour 1 800 $ - une Nissan Sentra 2008 à peine rouillée mais très propre, et qui roulait comme un charme. Fière de son achat, elle a hélas vite déchanté quand, une semaine plus tard, sa transmission automatique a flanché. Et puisque la réparation de cette dernière réclamait plus de 2 500 $, inutile de vous dire que son expérience allait rapidement tourner au cauchemar.
Cela dit, il existe de bonnes voitures à bas prix. Souvent, des modèles peu convoités parce que démodés ou plus gourmands que la moyenne, mais qui peuvent vous convenir et pour lesquels les coûts d’entretien sont raisonnables. Ainsi, si vous êtes en quête d’une voiture au plus bas prix possible, ne cherchez peut-être pas du côté des modèles les plus demandés. Et surtout, privilégiez la condition à l’équipement ou au look. Il est certainement plus viable de débourser 2 500 $ pour une Ford Focus 2009 en bonne condition et bien entretenue que pour une Honda Civic 2009 de 300 000 km, usée à la corde.
Alors, à ceux qui possèdent de vieilles voitures, sachez que celles-ci valent aussi plus cher que par le passé. Vous serez étonné de voir à quel point il est facile de vendre une telle voiture sur un site spécialisé, à prix nettement plus élevé que ce que vous offre le concessionnaire. Quant aux chasseurs d’aubaines, n’oubliez pas en terminant qu’une automobile bien chaussée pour l’hiver vous fait déjà économiser un pourcentage considérable sur la somme que vous souhaitez attribuer à votre achat.