Le Detroit de la dernière chance
Pour la relance d’un salon automobile absent depuis plus de trois ans et demi, le passage du président Biden a fait couler beaucoup d’encre. Il a aussi engendré tout un processus de sécurité pour accéder à l’événement, qui a somme toute amèrement déçu.
Naturellement, Joe Biden a fait quelques déclarations. Notamment, celle d’un investissement de 7,5 milliards de dollars pour l’installation de 500 000 bornes de recharge à travers les États-Unis, afin de faciliter le déplacement des Américains qui feront plus tôt que tard, le passage à l’électrification. Le message se voulait rassurant pour l’industrie automobile, encourageant la fabrication de puces électroniques et de véhicules électriques aux États-Unis.
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Bien que Joe Biden se soit symboliquement déplacé à bord d’une Cadillac Lyriq à l’intérieur des murs du Salon en louangeant la qualité de ce produit, l’enthousiasme du président face à la Corvette Z06 de 670 chevaux était impossible à camoufler. Il faut dire que cette édition du Salon de Detroit tenait beaucoup plus du « show de boucane » que d’une véritable attraction, puisque n’y participaient que cinq constructeurs. Oui, seulement cinq : les trois grands que sont GM, Ford et Stellantis, puis Subaru et Toyota accessoirement présents.
Chez GM, le trio de véhicules électriques Chevrolet devait en mettre plein la vue, bien que les Equinox, Blazer et Silverado EV aient tous été dévoilés de façon virtuelle par le passé.
Même chose pour Stellantis, chez qui l’absence des futurs Jeep électriques a déçu les gens. Le manufacturier a néanmoins présenté une nouvelle déclinaison du Wrangler 4XE, introduisant aussi pour la première fois devant un public les Dodge Hornet et Charger Concept. Or, les plus attendus n’y étaient guère.
Quant à Ford, il a volé la vedette avec le dévoilement de la Mustang 2024, évolutive par rapport au modèle actuel. La voiture n’est toutefois arrivée au Huntington Place qu’à 20 h 15 mercredi, après que la presse se soit massivement déplacée. Bref, une déception pour plusieurs qui souhaitaient voir la bagnole sur place et qui, par manque d’intérêt pour le reste de l’événement, sont partis avant qu’elle ne s’y pointe.
Quel avenir pour Detroit?
Les salons automobiles sont en péril. Inutile de se mettre la tête dans le sable. Or, Detroit est sans doute le plus bel exemple d’une dernière tentative de séduction complètement ratée. Jadis reconnu pour sa diversité, ses dévoilements grandioses et pour l’ambiance qui y régnait, on ne pouvait désormais y voir que des véhicules alignés sur des moquettes.
On peut ainsi se demander quel sera l’intérêt du public pour un événement ayant les allures d’un petit boulevard de concessionnaires, avec en prime quelques véhicules concepts. Parce que cette édition du Salon manque cruellement de diversité et parce qu’elle ne semble exister que pour rassurer l’industrie automobile locale, évidemment très importante dans l’État du Michigan.
Soyez-en certain, si Montréal ose accueillir un événement où la moitié des constructeurs brillent par leur absence, ce sera la fin. L’intérêt d’un tel événement pour les concessionnaires qui manquent d’inventaire et qui vendent au plus haut prix possible est aujourd’hui à son plus bas niveau, rendant presque farfelue l’idée de débourser des sommes colossales pour exposer des produits pour lesquels l’offre est de loin inférieure à la demande...
Chose certaine, pour quelqu’un qui, comme moi, a eu la chance de connaître les belles années du Salon de Detroit, je dois aujourd’hui admettre que j’y ai perdu tout intérêt. Cette exposition était pour moi une religion, elle est hélas devenue anecdotique. Quel dommage!