VinFast VF 8 2022 : le nouveau joueur
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
La taille du complexe impressionne : 832 hectares, ou 8,32 kilomètres carrés. À titre de comparaison, c’est une superficie quatre fois supérieure à celle du parc du Mont-Royal de Montréal.
Il y a à peine deux ans, la moitié de cet espace était un marécage bordant la mer de Chine méridionale . Aujourd’hui, ce sont les installations de VinFast que l’on retrouve dans cette région de Hai Phong au Vietnam. Que cette compagnie, fondée il y a à peine cinq ans, ait réussi à ériger un tel complexe en un temps record et à y construire des véhicules et des scooters électriques en seulement 21 mois relève du miracle.
- À lire aussi: Une camionnette VinFast pourrait voir le jour
- À lire aussi: VinFast : des recharges et des bornes résidentielles gratuites
Selon Thi Thu Thuy - une femme triathlète de 47 ans, qui est à la tête du constructeur et aussi vice-présidente du conglomérat Vingroup qui chapeaute la nouvelle marque automobile - VinFast prend des décisions et accomplit des choses rapidement, quitte à modifier son approche en cours de route afin de la peaufiner.
Pourquoi en est-il question aujourd’hui? Tout simplement parce que VinFast a décidé de s’attaquer dès cet automne au marché automobile le plus difficile et exigeant au monde, soit celui de l’Amérique du Nord, après avoir lancé un premier assaut au Vietnam, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Après des débuts où elle produisait des véhicules General Motors et BMW sous licence pour le marché de l’Asie, VinFast a pris la décision de concevoir et de construire ses propres véhicules, d’abord à motorisation thermique, puis à motorisation électrique. C’est donc avec deux VUS électriques, soit le VF 8 à deux rangées de sièges et le VF 9 à trois rangées lancés au Salon de l’auto de Los Angeles en novembre 2021, que VinFast se lance à l’assaut de l’Amérique du Nord.
Des installations à la fine pointe
L’économie du Vietnam est en plein essor, sa croissance est plus rapide que celle des autres pays du sud-est de l’Asie, et VinFast semble avoir les moyens de ses ambitions. Lors de la visite de ses installations de Hai Phong, on constate que la firme s’est dotée des meilleurs outils auprès d’équipementiers reconnus comme Schuler, Bosch, Siemens, Dassault Systèmes, SAP, ABB, Thysenkrupp, et j’en passe.
Bref, on retrouve dans les divers bâtiments de VinFast les mêmes équipements que ceux des marques automobiles établies, et le fabricant a également recruté des professionnels, comme Shaun Calvert qui a auparavant dirigé des usines General Motors en Australie. Pour l’heure, VinFast assemble ses blocs de batteries avec des cellules provenant de marques reconnues, comme Samsung, mais le constructeur produira ses propres cellules dans quelques mois à peine.
VinFast est l’une des compagnies d’un conglomérat appelé Vingroup, fondé et dirigé par Pham Nhat Vuong en 1993, lequel est rapidement devenu l’homme le plus riche du Vietnam. Ce conglomérat, presque tentaculaire, est actif dans toutes les sphères de l’économie du pays, et a une capitalisation de 39 milliards de dollars. Vingroup possède des entreprises de fabrication automobile (VinFast), de construction domiciliaire (VinHomes), d’hôtels de villégiature (VinPearl), de services médicaux (VinMedic), de services d’éducation (VinUnivesity), et de services bancaires avec l’application VinPay, entre autres. Bref, Vingroup est littéralement imbriqué dans l’économie du pays, et est un acteur majeur de la croissance économique du Vietnam.
Premier contact avec le Vinfast VF 8
Le premier contact avec le VUS électrique VF 8 s’est déroulé dans des circonstances particulières, soit au volant d’un prototype sur une route fermée à la circulation pour un parcours totalisant 24 kilomètres, parce que j’ai demandé à le faire deux fois.
C’était beaucoup trop peu pour se faire une bonne idée, mais cela a tout de même permis de faire certains constats. Dans un premier temps, la qualité d’assemblage laissait vraiment à désirer avec des écarts notables dans l’ajustement des panneaux de carrosserie ainsi que de la finition intérieure.
Deuxièmement, bien que la puissance combinée des deux moteurs électriques de notre prototype était chiffrée à plus de 400 chevaux, je n’ai jamais eu l’impression que le VF 8 livrait cette puissance. Pour ce qui est du comportement routier, la direction était plutôt vague, et les liaisons au sol composaient mal avec les transferts de masse.
Impossible, dans ces conditions très limitées, de valider l’autonomie, l’efficacité du freinage régénératif ou la gestion des flux d’énergie, entre autres. Bref, de nombreuses questions demeurent encore sans réponse, et il est clair qu’il reste beaucoup de mises au point à faire avant de pouvoir lancer les VF 8 et VF 9 sur le marché nord-américain. On espère que le travail se poursuit chez VinFast et que les modèles de série seront plus au point, mais le pari de commercialiser, dès cet automne, les VF8 et VF9 en Amérique du Nord me semble très ambitieux.
En somme, VinFast s’est donné les moyens techniques pour produire des véhicules automobiles de qualité. Cependant, la compagnie est encore très jeune et doit maîtriser les techniques de fabrication avant de pouvoir s’attaquer au marché automobile exigeant qu’est celui de l’Amérique du Nord, avec des produits plus aboutis que le prototype essayé récemment. VinFast a connu une croissance fulgurante et son avenir est prometteur, mais il ne faut pas brûler les étapes et c’est là le défi majeur pour ce nouveau constructeur, à mon humble avis.