Genesis G80 - Reprendre le flambeau des Américains
Au cours des dernières années, la quantité invraisemblable de berlines intermédiaires de luxe ayant quitté notre marché a pratiquement fait croire à la mort du segment. Une constatation d’autant plus surprenante chez les Américains, chez qui les berlines ont toujours eu la cote. Hélas, de mauvaises décisions stratégiques et des produits souvent trop peu innovateurs allaient causer la perte de modèles que l’on aurait cru invincibles. Ainsi, plus de berlines chez Buick et Lincoln, alors que Cadillac tente une dernière tentative avec la CT5. Ajoutez à cela l’abandon des Acura RLX, Infiniti Q70 et Lexus GS, pour comprendre que ce terrain n’est désormais réservé qu’aux berlines européennes. Enfin presque.
C’est qu’en fait, Genesis a vu en cette situation une opportunité en or. Celle de récupérer une partie de la clientèle qui se procurait des berlines de luxe autres qu’allemandes, en adaptant à notre marché une voiture qui connaît un succès monstre en Corée du Sud. Et franchement, le résultat est tel que l’on peut aujourd’hui affirmer que les Américains se sont fait damer le pion par Genesis.
Tout ce que Lincoln aurait dû faire…
Soyons francs, rares sont les acheteurs d’Audi A6 ou de BMW de Série 5 qui feront le saut vers la G80. Cela dit, voyez cette dernière comme la berline d’exception que les Américains et les Japonais ne fabriquent plus. Une voiture distinctive, élégante et raffinée, qui impressionne par la grande qualité de sa fabrication, laquelle est palpable au premier regard. Une berline où le souci du détail n’a d’égal que la quantité invraisemblable de gadgets qui s’y trouvent. Et surtout, une auto qui n’a pas d’équivalent direct chez Hyundai, en référence à Lincoln qui endimanchait des Ford pour les vendre 20 000 $ de plus...
L’expérience sensorielle de cette berline se poursuit à bord où la richesse des matériaux peut servir de mesure étalon. La présentation est donc sublime, ce que l’on attribue au design d’ensemble, mais aussi aux matériaux et à l’heureux mariage des teintes. Puis, le soir venu, un magnifique éclairage d’ambiance donne l’impression que l’on vous déroule chaque fois le tapis rouge! Bref, rien n’a été laissé au hasard. Évidemment, le confort des sièges est exceptionnel, et ce, devant comme derrière. En revanche, le dégagement pour la tête est plutôt limité aux places arrière, et on apprécierait une assise offrant plus de latitude au niveau du réglage à la verticale.
Extrêmement bien insonorisé, l’habitacle permet de profiter au maximum du système audio Lexicon à 21 haut-parleurs, venant de série sur les deux versions, que sont les modèles Advanced et Prestige. On obtient également un écran central tactile de 14,5 pouces, lequel peut aussi être contrôlé via une molette rotative dont l’utilisation rappelle celle des premiers iPod. En revanche, la version Prestige est la seule à bénéficier d’une sellerie en cuir nappa, d’une instrumentation numérique 3D et d’un siège baptisé Ergo-Motion, lequel comporte de multiples fonctions d’ajustements ainsi qu’un mode de massage.
Quatre cylindres, V6, et même une électrique
Pour accéder au moteur V6 mais aussi, à plusieurs accessoires additionnels, la Genesis réclame 10 000 $ supplémentaires. Un montant jugé raisonnable, puisqu’il semble que les acheteurs aient majoritairement opté pour cette option. Pourtant, la version Advanced à moteur quatre cylindres offre l’avantage d’un meilleur équilibre sur route, assurément en raison d’une répartition des masses optimisée. D’ailleurs, sachez qu’avec le poids additionnel du V6 combiné aux jantes de 20 pouces (19 po avec le 4 cyl.) l’amortissement est plus sec et parfois agaçant sur chaussée dégradée.
Pour 2022, une nouvelle version électrifiée s’ajoute également au catalogue. Bien que les détails la concernant étaient encore minces au moment d’écrire ces lignes, nous savons qu’elle offrira une autonomie annoncée à 427 km ainsi qu’une puissance remarquable, le 0 à 100 km/h étant estimé en un temps de 4,9 secondes. Voilà une version qui risque de clouer le bec à la compétition, qui n’offre pour l’heure aucun équivalent.
Tout récemment, la firme ALG accordait à cette berline le titre de meilleure valeur résiduelle du segment. Un titre que l’on pourrait qualifier de cocasse dans la mesure où les valeurs de revente de la plupart des berlines de luxe sont extrêmement faibles. Même chez Audi ou Mercedes-Benz et qui plus est, chez une marque coréenne récemment débarquée. Ainsi, bien que la G80 soit vendue à prix ultracompétitif et que la qualité du produit soit indéniable, il est clair que la dépréciation sera considérable. En pourcentage, sans doute aussi élevée que pour les bagnoles allemandes, mais avec l’avantage d’une économie d’au moins 20 000 $ à l’achat initial. Un avantage qui s’accompagne d’un service cinq étoiles comportant l’entretien inclus pendant cinq ans avec voiture de courtoisie, service à domicile, et même une garantie de base de cinq ans.
Feu vert
- Qualité de fabrication impressionnante
- Confort et niveau de luxe
- Présentation et finition
- Version électrifiée
- Garantie et entretien inclus
Feu rouge
- Forte dépréciation à prévoir
- Cogne parfois dur avec les roues de 20 pouces
- Consommation considérable (V6)