Ford GT - La fin du rêve américain
Dans le monde de l’automobile et plus particulièrement celui des voitures de performance, la Ford GT est une très belle expression du rêve américain. Or, c’est un rêve qui s’achève en 2022, dernière année de production. Au total, 1 350 exemplaires ont été fabriqués, sans jamais dépasser les 250 annuellement. Et n’espérez pas pouvoir commander une GT neuve, car les modèles 2022 destinés au Canada sont déjà tous vendus, et ce, à une clientèle sélectionnée très rigoureusement. Retour sur une courte mais mémorable carrière.
La Ford GT de deuxième génération a vu le jour au Salon de l’auto de Detroit en 2015, une décennie après la première GT qui n’a duré que deux ans, et quasiment un demi-siècle après le premier de quatre triomphes de la Ford GT40 aux 24 Heures du Mans. Devant l’évidence qu’il s’agissait d’un futur classique, Le Guide de l’auto l’a placée en couverture de son édition 2016. Finalement, la production a débuté pour l’année modèle 2017, la première de six.
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Une voiture phare devenue étoile filante
C’est toujours bon de le répéter, la Ford GT actuelle est beaucoup plus internationale que certains peuvent le penser. D’abord, son design porte la signature de l’Écossais Moray Callum. Ensuite, l’assemblage méticuleux se fait à l’usine de Multimatic située à Markham, en Ontario. Le souci du détail et la précision de cette supervoiture impressionnent, tout comme le travail aérodynamique, même si celui-ci l’emporte un peu trop sur la beauté et la pureté du design. De son museau fuselé et ajouré à son sculptural aileron arrière réglable (qui se braque même à la verticale lors du freinage de façon à servir d’aérofrein) en passant par ses admissions juste au-dessus des roues arrière et bien sûr ses fameux contreforts qui encadrent le moteur central, tout a été savamment étudié pour fendre l’air au maximum.
Le moteur en question, bien à la vue sous un panneau de verre, est un V6 biturbo de 3,5 litres qui déploie 660 ch et un couple de 550 lb-pi. On aimerait croire qu’il expire par le biais des deux gros cercles ardents à l’arrière (ce sont en réalité les feux), mais l’échappement passe plutôt par les deux sorties circulaires en titane signées Akrapovic et intégrées à la carrosserie au-dessus de l’imposant diffuseur. Utilisant une boîte automatique à sept rapports pour entraîner ses roues arrière, la bombe en fibre de carbone file de 0 à 100 km/h en un peu plus de trois secondes et atteint une vitesse de pointe frôlant les 350 km/h. Bon, ce ne sont pas les chiffres les plus renversants que l’on retrouve dans cette catégorie d’automobiles démentielles, mais n’avez-vous pas un frisson juste à l’idée de les valider sur un circuit de course? Et Dieu merci pour les puissants freins Brembo en carbone-céramique!
Ceci nous amène à parler de l’habitacle non moins extraordinaire, auquel on accède par des portières en élytre. Malgré le prix de départ avoisinant les 500 000 $US, ce n’est pas un royaume de luxe. Comme ce sont les performances qui comptent avant tout, le poste de pilotage se rapproche davantage de celui d’une voiture de course où les commodités sont minimales et où l’espace est précieusement compté. Le volant, dominé par une molette de sélection du mode de conduite, remplace les tiges par des boutons. Sur la console, des touches permettent d’ajuster la fermeté des amortisseurs et de réduire la garde au sol de 5 cm pour abaisser le centre de gravité et augmenter du même coup l’appui aérodynamique.
La passation des pouvoirs
Ford, tel qu’on l’a évoqué plus tôt, prend le temps de bien choisir les clients de la GT et exige que ceux-ci la conservent pendant au moins deux ans avant de la revendre, question de maintenir l’image. Ce sont généralement de grands fidèles de la marque, des propriétaires de l’ancienne génération et des passionnés qui savent apprécier ce qu’ils ont entre les mains. Toute l’innovation que Ford a développée et investie saura prendre de la valeur avec la retraite imminente de la GT. Dans cinq ou dix ans, elle sera un objet de collection fort convoité, surtout les exemplaires qui auront eu une histoire et un parcours uniques.
Maintenant, qui s’emparera du flambeau? Est-ce même une chose à envisager? À notre avis, non. Chez Ford, il ne reste que la Mustang, mais sa version Shelby GT500 est un tout autre genre de monstre qui n’attire pas le même public. Autrement, les amateurs de supervoitures américaines devront se tourner vers des créatures encore plus exclusives et célestes, par exemple la SSC Tuatara et la Hennessey Venom F5 qui se disputent le titre de voiture de série la plus rapide au monde. Générant plus de deux fois et demie la puissance de la Ford GT, elles sont une vision ahurissante du rêve américain.
Feu vert
- Aérodynamisme de pointe
- Conception éprouvée sur route et en course
- Performances du tonnerre
Feu rouge
- Réservée à un club ultrasélect
- Moteur pas aussi exotique que certaines rivales
- Habitacle radical et bruyant