Jeep Renegade - Le petit canard boiteux
Jeep est sans conteste l’une des marques les plus prisées à l’échelle mondiale. Sa gamme n’a jamais compté autant de modèles différents qui, de surcroît, suscitent beaucoup d’intérêt dans chacun de leurs créneaux respectifs. Tous? Non, car Jeep a son canard boiteux : le Renegade, le mal-aimé de la famille.
En consultant le palmarès des ventes du marché automobile canadien ou américain, le Renegade figure au bas de la liste. Il est aux antipodes des Hyundai Kona, Nissan Kicks, Subaru Crosstrek et Kia Seltos, les grands favoris de la catégorie. Cela confirme qu’il ne suffit pas d’avoir une calandre à sept fentes verticales et une carrosserie ornée, dedans comme dehors, de décorations évoquant les Willys Jeep de la Deuxième Guerre mondiale pour convaincre les acheteurs.
- À lire aussi: Pourquoi le Jeep Renegade est-il si mal-aimé?
Lorsqu’il a fait ses débuts chez les concessionnaires, en avril 2015, on comptait sur ce mini-Jeep d’entrée de gamme pour attirer de nouveaux venus. Après un bon départ, ses ventes ont dégringolé dès l’année suivante. L’arrivée en 2017 du Compass, légèrement plus volumineux, a rogné les ailes du petit canard. Même les subtiles retouches esthétiques réalisées en 2019 n’ont rien changé.
Gamme diversifiée
La gamme actuelle repose néanmoins sur trois versions : Sport (d’entrée de gamme), North (luxueuse) et Trailhawk (tout-terrain pur et dur). À cela s’ajoutent des variantes un peu plus cossues aux noms évocateurs que l’on change au gré des ans. En somme, le choix ne manque pas.
La version Sport, qui se veut la plus abordable, et son dérivé, la Jeepster, n’ont que deux roues motrices avant, à moins de débourser un supplément pour obtenir la transmission intégrale proposée en option. Ce système « sur demande », de série pour les autres déclinaisons, a le désavantage de parfois entrer en action avec un brin de lenteur. L’effet de couple causé au train avant par le moteur le confirme. C’est le genre d’irritant que l’on ne ressent pas au volant d’un Subaru Crosstrek, qui a quatre roues motrices permanentes.
Trailhawk, le passe-partout
À l’opposé de la gamme, le Renegade Trailhawk se présente comme un passe-partout, une formule unique dans ce créneau. À la façon d’un Suzuki Samurai d’antan, il est conçu pour une utilisation hors route relativement sérieuse,ce qu’annonce l’écusson Trail Rated sur ses flancs. Il a une garde au sol élevée (220 mm) et un système Active Drive Low de série avec un rapport à forte démultiplication de 21 à 1. Il dispose aussi d’un limiteur de vitesse en descente, de plaques protectrices sous le châssis et de crochets de remorquage devant comme derrière. Sa suspension bénéficie, enfin, d’un grand débattement (jusqu’à 205 mm). Ce n’est pas un Wrangler Rubicon, mais ses prestations hors route demeurent surprenantes.
Le 4 cylindres à turbocompresseur de 1,3 litre, exclusif au Trailhawk, optimise ses aptitudes. Il produit 3 ch de moins que le 4 cylindres atmosphérique Tigershark de 2,4 litres que les autres modèles partagent avec le Jeep Compass. Cependant, il livre plus de couple (35 lb-pi de plus) à très bas régime (1 750 tr/min), une qualité indéniable quand on doit surmonter un obstacle gênant à pas de tortue. Ces deux moteurs sont toutefois jumelés à une boîte de vitesses automatique à 9 rapports. Le constructeur réserve les boîtes manuelles aux marchés européens.
Cela dit, le Renegade offre une capacité de remorquage de 2 000 lb, du moins s’il est équipé de la transmission intégrale, et ce, quel que soit le moteur. Ce mini Jeep peut alors s’accommoder, par exemple, d’une remorque transportant une motomarine.
La consommation de carburant est cependant son talon d’Achille. Avec deux ou quatre roues motrices, les cotes moyennes de ses motorisations sont plus élevées que celles des modèles rivaux les moins gourmands. Ironiquement, bien qu’il soit légèrement plus lourd, le Compass fait mieux avec le même moteur de 2,4 litres! En effet, ce dernier consomme 9,5 L/100 km de moyenne, alors qu’un Renegade doté du même moteur affiche une cote de 9,8 L/100 km.
L’intérieur convient à deux adultes et deux enfants, les places arrière offrant peu d’espace pour les jambes. L’insonorisation de l’habitacle est plutôt moyenne. On est loin du roulement feutré d’un Mazda CX-3. En revanche, la dotation est satisfaisante et comprend, entre autres, les systèmes Apple CarPlay et Android Auto.
Son coffre transformable demeure son point fort. En plus d’offrir un volume utile maximal important, à l’instar du Chevrolet Trax, le dossier du siège du passager est rabattable vers l’avant. Cela permet de transporter des objets longs et encombrants, malgré les dimensions réduites du Renegade. Malgré tout cela, le Renegade ne convainc pas l’acheteur et son avenir semble peu prometteur sur notre continent, où les gros modèles rencontrent plus de succès.
Feu vert
- Design très original
- Intérieur polyvalent
- Grand choix de versions
Feu rouge
- Effet de couple gênant
- Consommation élevée
- Peu d’espace pour les jambes à l’arrière