Honda Ridgeline - Imaginez si elle était jolie
Chaque année, la discussion de l’équipe du Guide de l’auto entourant le meilleur choix dans la catégorie des camionnettes s’enflamme. Le débat porte sur la polyvalence et les capacités des véhicules, les besoins des acheteurs, mais aussi sur leurs désirs les plus profonds, qui sont souvent irrationnels. Ce dernier point explique notamment le succès d’un produit comme le Jeep Gladiator qui, entre vous et moi, n’a rien de comparable à la camionnette Ridgeline.
Ironiquement, Honda se situe bon dernier au registre des ventes du segment, loin derrière Ford, GM et Toyota, qui écoulent tout ce qui débarque chez les concessionnaires en claquant des doigts. Remarquez, la même situation s’applique au Ridgeline, même qu’il se fait souvent attendre pendant plusieurs mois par ceux qui ont choisi de l’adopter. S’agit-il de problèmes de production, de la volonté du constructeur de la limiter? Allez donc savoir. Chose certaine, Honda n’en fait pas vraiment la promotion et ne donne aucunement l’impression de vouloir jouer sur le même terrain que sa supposée compétition.
Bien sûr, Honda fait les choses différemment depuis une quinzaine d’années, bien que la production de la Ridgeline ait momentanément cessé entre les deux générations (2015). Il y a des différences parce qu’on partage ici les éléments mécaniques et structuraux du Pilot et du Passport, signifiant ainsi l’utilisation d’un châssis monocoque. Cet élément continue de surprendre puisque le constructeur simule pourtant un joint d’évasement entre la cabine et la benne. Ça reste un élément purement esthétique, ajouté dans la seule optique de déjouer les nombreux acquéreurs de camionnettes, souvent très traditionnels dans leur quête.
Hybride?
Oui. Mais pas sur le plan mécanique puisqu’on y reprend bien sûr le réputé V6 de 3,5 litres, symbole de fiabilité. La Ridgeline est plutôt l’hybride d’un VUS et d’une authentique camionnette, proposant le confort, la polyvalence et les commodités d’un utilitaire ainsi qu’une bonne partie des capacités d’une « vraie » camionnette. En fait, non seulement la caisse est plus spacieuse que celle des Ford Ranger et Chevrolet Colorado à caisse courte, mais on y cache aussi un coffre de soubassement étanche et verrouillable dont l’accès est facilité par un hayon à double battant, qu’on abaisse ou qu’on ouvre à la façon d’une portière.
L’an dernier, Honda apportait quelques retouches au Ridgeline, du point de vue esthétique, pour un look soi-disant plus costaud (mouais…), tout comme à bord, où certains éléments décoratifs et quelques garnitures ont été mis à jour. À l’écoute de sa clientèle, Honda a également ajouté quelques boutons physiques, améliorant ainsi l’ergonomie générale. Cette caractéristique était déjà à l’avantage de ce véhicule, méticuleusement aménagé pour offrir un maximum de confort, d’espace et de commodités. Évidemment, le poste de conduite diffère légèrement de celui des Pilot et Passport, proposant un environnement qui commence à dater. Or, à ce compte, l’exercice de comparaison avec les camionnettes GM et surtout, Toyota, donne l’avantage à Honda.
Désormais plus la seule
Multidisciplinaire, le Ridgeline propose un comportement routier nettement plus raffiné que celui des camionnettes traditionnelles. Plus de confort, certes, mais également une bien meilleure maniabilité sur la route en raison d’une suspension indépendante aux quatre roues. Et il ne faut pas oublier le rouage intégral, très performant, qu’on emprunte encore une fois aux autres VUS intermédiaires Honda. Cela dit, 2022 marque l’arrivée de deux nouvelles camionnettes, qui adhèrent de plus près à la philosophie Honda. En effet, Ford et Hyundai débarquent respectivement avec les Maverick et Santa Cruz, faisant appel à une structure monocoque, mais à des motorisations de plus petite taille. Est-ce que d’autres manufacturiers emboîteront le pas? Est-ce que Subaru osera faire renaître la Baja? Seul l’avenir nous le dira.
Alors voilà. Le verdict revient année après année. Le Ridgeline demeure, encore à ce jour, la meilleure de toutes. Pas celle qui remorque 7 500 lb et certainement pas celle avec laquelle vous grimperez l’Everest. Tel n’est pas son mandat. Néanmoins, sur le marché actuel, il n’existe pas de formule plus efficace et polyvalente, s’accompagnant de surcroît d’une fiabilité qu’aucune autre camionnette ne peut se vanter d’offrir (sauf Toyota). Hélas, nous vous l’accordons, le Ridgeline n’engendre aucune émotion. Son design est quelconque et totalement dépourvu de caractère, rebutant sans doute nombre de potentiels intéressés. Aurait-il été plus complexe de lui greffer une robe plus attrayante, davantage au diapason du désir des acheteurs? Voilà une question qui ne semble pas avoir effleuré l’esprit des designers, au crayon bien mal effilé. Maintenant, vous l’aurez compris, le Ridgeline se veut un choix plus rationnel, mais qu’on ne peut qu’apprécier davantage chaque jour.
Feu vert
- Comportement routier exceptionnel
- Polyvalence et astuces d’aménagement
- Fiabilité irréprochable
- Très faible dépréciation (30-35% sur quatre ans)
Feu rouge
- Facture considérable
- Disponibilité problématique
- Capacité de remorquage décevante
- Esthétiquement discutable