Dodge Charger - YOLO
You only live once, il s’agit d’une expression, en anglais, des gens qui désirent savourer chaque instant de la vie, une devise devenue plus pertinente que jamais en temps de pandémie globale. Pour les amateurs de voitures sport américaines qui ne vivent qu’une fois, il y a la Dodge Charger.
Bien sûr, on pourrait en dire autant de la Challenger, de la Ford Mustang ainsi que des Chevrolet Camaro et Corvette, toutes disponibles avec de gros moteurs V8. Mais la Charger reste la seule procurant la polyvalence de quatre portes et des sièges arrière pour la famille. Comme quoi on peut être égoïste sans négliger ses responsabilités parentales.
Les anges
Bien que les grandes berlines n’aient plus la cote auprès des consommateurs nord-américains, Stellantis persiste en offrant la vieillissante Charger ainsi que sa cousine, la Chrysler 300, qui partagent plateforme et composants mécaniques. Avec son rouage à propulsion, la Charger s’avère un anachronisme dans le marché actuel. Par contre, pour affronter l‘hiver, on l’offre avec un rouage intégral qui découple le train avant en conduite relaxe, mais qui alimente rapidement les quatre roues lors de pertes d’adhérence. De plus, l’écart de consommation entre les deux rouages représente à peine 0,4 L/100 km en circulation urbaine.
Pour profiter de la transmission intégrale, on doit toutefois de contenter du V6 de 3,6 litres produisant 300 chevaux, jumelé à une boîte automatique à huit rapports. Heureusement, cette combinaison procure amplement de puissance et de raffinement, sans compter une consommation somme toute raisonnable.
Si certains seront encore et toujours déçus de constater que Stellantis n’offre pas de moteur V8 avec l’assurance des quatre roues motrices, la Charger GT affiche au moins une apparence similaire à celle des versions R/T et Scat Pack, avec sa prise d’air sur le capot et ses ajouts aérodynamiques.
L’habitacle de la Charger est spacieux, même si l’espace pour les jambes à l’arrière fait défaut, surtout pour le passager assis au centre. Le coffre est immense, tout comme son ouverture. La planche de bord mélange un style rétro et une instrumentation moderne, le système multimédia Uconnect 4 étant l’un des plus faciles à utiliser, en conduisant, grâce à son grand écran tactile très réactif et la taille des zones de boutons. Comme on s’y attend, la Charger est une berline très confortable pour les longues randonnées, des trajets agrémentés par de bonnes chaînes audio de surcroît.
Les démons
Ennemie jurée des environnementalistes et portant l’un des noms les plus longs de l’industrie, la Dodge Charger SRT Hellcat Redeye Widebody impose sa présence avec le vrombissement de son V8 suralimenté de 6,2 litres, crachant pas moins de 797 chevaux. Le chant du surcompresseur se fait bien entendre lors des accélérations, même si le grognement du moteur et le bruit de l’échappement prennent toute la place. Mais ce qui impressionne autant, c’est la douceur de ce monstre de moteur en conduite urbaine. Quant à la consommation d’essence, super oblige, il faut s’attendre à une moyenne générale d’au moins 15 L/100 km.
La version Scat Pack 392 n’est pas en reste avec son V8 atmosphérique de 6,4 litres, produisant 485 chevaux. Également livrable en version Widebody, même si elle n’a pas la fougue de la Hellcat en ligne droite, on apprécie son équilibre et la linéarité de sa courbe de puissance. Voilà un beau compromis à prix somme toute raisonnable, avec un style tout aussi tape-à-l’œil. Entre les anges et les démons, il existe toujours la Charger R/T avec son V8 de 5,7 litres, bon pour 370 chevaux. Et même s’il s’agissait de la version la plus désirable il y a 15 ans, elle semble avoir perdu sa raison d’exister dans la gamme actuelle.
Les 84 millimètres additionnels en largeur semblent anodins, mais les ailes gonflées permettent à la Charger Widebody de chausser d’immenses pneus 305/35ZR20 et d’augmenter les voies avant et arrière, accentuant la tenue de route et la stabilité sur piste. Sur les routes publiques, avec du caoutchouc aussi large, la voiture dandine aux moindres imperfections, et il faut bien tenir le volant sur l’autoroute alors que les ornières vous feront subitement dévier de votre trajectoire. Conduire une Charger Widebody au quotidien, ce n’est pas de tout repos.
Si la Charger survit encore, c’est parce qu’elle procure des sensations fortes et constitue un achat plus émotionnel que rationnel. On lui pardonne donc sa conception dépassée, même si le constructeur est parvenu à conserver une certaine modernité. Il ne faut toutefois pas oublier que les versions les plus intéressantes coûteront cher en frais d’entretien, d’immatriculation et de pneus. Néanmoins, si le budget le permet, il faut bien en profiter pendant que nous sommes encore vivants, non?
Feu vert
- Performances et caractère
- Rouage intégral efficace
- Système multimédia toujours aussi convivial
Feu rouge
- Consommation démesurée (moteurs V8)
- Tenue de cap imprécise (Widebody)
- Prix élevé et frais d’entretien élevés (Hellcat)