Ode à la Subaru Outback
Nous étions en 1995. Les parents d’un ami venaient de se procurer une Subaru Legacy Outback Limited flambant neuve. Comme bien des voitures de l’époque, peinte d’un élégant vert forêt.
Je me rapppelle que cette voiture dégageait ce je-ne-sais-quoi qui la rendait unique et je l’ai instantanément adorée. Parce plus « cool » qu’un Grand Cherokee ou que ce nouveau Pathfinder, et surtout parce que plus noble que n’importe quelle voiture japonaise de grande série. Il faut aussi mentionner qu’à l’époque, la mode des VUS plus contemporains n’avait guère débuté, la plupart utilisant toujours des châssis de camion. Sauf peut-être le Suzuki Sidekick, dont l’exercice de comparaison avec cette Subaru était impossible.
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L’idée d’AMC
Avec la Legacy Outback, Subaru n’allait toutefois pas inventer le genre. Ce mérite revient plutôt à American Motors qui, en 1980, avait eu l’idée de transformer une Concorde en faisant appel à des composants de Jeep. C’est ainsi qu’est née l’AMC Eagle. Carrosserie relevée, évasements d’ailes et système à quatre roues motrices transformaient ainsi cette voiture en une redoutable aventurière, unique en son genre. Une voiture dont la carrière se sera achevée en 1988 suite au rachat d’AMC par Chrysler.
Basée sur la familiale Legacy de seconde génération, l’Outback allait donc reprendre le même principe que l’AMC Eagle. Popularisée par Paul Hogan et son personnage de Crocodile Dundee, la voiture allait connaître un succès instantané. Elle allait alors complètement transformer l’image de la marque, qui attirait désormais une clientèle beaucoup plus sélecte. Celle qui se procurait de luxueuses voitures européennes, forçant d’ailleurs Audi et Volvo à réagir quelques années plus tard, avec les A6 Allroad et 850 Cross Country. Ces voitures étaient toutefois offertes à un prix plus élevé que l’Outback. Remarquez, une Legacy Outback 1997 (il y a 25 ans) coûtait à l’époque 30 695 $. Seulement 500 $ de moins qu’une Outback Commodité 2022, laquelle affiche un prix de 31 195 $.
Appréciant sa polyvalence ainsi que son concept toujours distinct de celui des innombrables VUS qui apparaissaient sur le marché, la clientèle a massivement adopté l’Outback au cours des années 2000. Subaru a d’ailleurs profité de l’occasion pour multiplier les offres, proposant notamment une version berline (plus rare) ainsi qu’une mécanique turbocompressée optionnelle. C’est toutefois en 2010, alors que Subaru abandonnait complètement la familiale Legacy pour laisser toute la place à l’Outback, que les ventes ont explosé. Pour la première fois, plus de 100 000 Américains se procuraient ce modèle, dont les ventes record allaient atteindre 200 376 unités à l’échelle nord-américaine en 2017.
Toujours indétrônée
Après tout près de 30 ans de carrière, la Subaru Outback demeure en Amérique du Nord la voiture la plus populaire de la marque. Un modèle qui a aussi inspiré la création de la Crosstrek, mais qui ne possède encore à ce jour aucune rivale directe. Dans une certaine mesure, on pourrait considérer que Honda a tenté une approche avec l’Accord Crosstour 2010, laquelle s’est avérée être un monumental échec. Or, on peut se demander pour quelle raison des constructeurs comme Mazda, Nissan et Toyota ne répliquent pas au succès de l’Outback. Une voiture qu’on qualifie aujourd’hui de VUS, mais qui ne donne pas cette impression de conduire un produit sans saveur comme un Ford Edge ou un Nissan Murano. Qui plus est, c'est une voiture dont la réputation est enviable, bien qu’on ait connu certains problèmes mécaniques majeurs à une certaine époque.
Dans une industrie où les véhicules se ressemblent de plus en plus et où il est difficile de se distinguer, l’Outback réussit avec brio. Littéralement indémodable, elle propose la même formule qu’à son arrivée en 1994, soit celle d’une familiale haute sur patte et ultra polyvalente, capable de faire face aux pires conditions routières, tout en offrant un niveau de confort exceptionnel. On peut certes lui reprocher sa puissance modeste (2,5 litres) ou même l’absence d’une version hybride, mais on peut deviner que le succès de ce modèle s’explique aussi par le fait qu’elle évolue timidement, sans ne rien brusquer. Après tout, à quoi bon changer une formule gagnante?