43% d'augmentation : faites-moi rire!
Il y a quelques jours, on pouvait lire dans divers médias que le coût moyen d’un véhicule d’occasion avait grimpé de 43% en un an au Québec. Une nouvelle qui a fait énormément jaser et qui donne « du gaz » à l’industrie pour justifier des ventes à prix plus élevés.
Plusieurs médias ont publié cette statistique sans trop s’interroger sur sa provenance. Or, connaissant le marché, je n’allais pas avaler cette pilule aussi facilement.
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En vérité, cette statistique provient d’un communiqué émis par Auto Hebdo. Une plate-forme bien connue de vente de véhicules d’occasion qui cumule des données de toutes sortes depuis des décennies. Par une formule mathématique, on a simplement fait une moyenne des prix demandés pour les véhicules d’occasion affichés en la comparant avec celle de l’an dernier. Et vlan, on obtenait LA statistique choc!
On se calme
Maintenant, n’allez pas comprendre par celle-ci que votre Toyota Camry vaut 43% plus cher que l’an passé. Au mieux, elle aura pris un peu de valeur, à l’instar de certains modèles. Cela dit, il faut comprendre que depuis quelques années, le modèle d’affaires d’Auto Hebdo a changé. En effet, si avant, M. et Mme Tout-le-Monde avait l’habitude d’afficher son véhicule d’occasion sur cette plate-forme, il en va aujourd’hui autrement. Bien sûr, il est toujours possible de le faire, sauf que rares sont les particuliers qui y pensent. Ceux-ci favorisent plutôt des sites comme Kijiji ou Marketplace, nettement plus efficaces.
Évidemment, en effectuant une recherche sur un modèle précis et en sélectionnant uniquement les particuliers comme vendeurs, vous trouverez un certain nombre de véhicules à vendre. Cependant, portez attention et vous réaliserez que la majorité de ces « particuliers » sont des commerçants.
Cela fait en sorte que l’on retrouve sur cette plate-forme de moins en moins de véhicules appartenant à des particuliers, et de plus en plus de « fausses voitures d’occasion ». En somme, des véhicules pratiquement neufs ou carrément neufs, mais vendus en surenchère par d’autres bannières ou par des marchands de véhicules d’occasion, ce qui fait gonfler les prix de façon stratosphérique. Par exemple, une Chevrolet Corvette 2022 presque neuve, affichant 683 km au compteur, vendue à 145 995 $, alors que sa valeur à l’état neuf est d’environ 85 000 $. Une voiture d’occasion, dites-vous? Oui, d’accord. Sauf que dans la tête des gens qui s’informent auprès des médias, un véhicule millésimé 2021 ou 2022 n’est pas réellement usagé. Encore moins lorsqu’il affiche quelques centaines de kilomètres au compteur.
Vous avez donc, d’un côté, les bagnoles les moins chères qui n’apparaissent plus sur cette plate-forme, et de l’autre, ces faux véhicules d’occasion aux prix gonflés qui viennent tout chambouler. D’où le communiqué servant à faire comprendre aux acheteurs qu’ils paieront beaucoup plus cher pour leur prochain véhicule.
Une hausse, mais pas aussi drastique
Certains commerçants pourraient ainsi en profiter pour surfer sur la vague et faire grimper artificiellement les prix. Or, ne soyons pas dupes. Ces stratagèmes ne durent qu’un temps. Et bien que certains marchands aient tendance à peser trop fort sur le crayon, je suis d’avis que beaucoup vous diront qu’ils sont eux-mêmes en désaccord avec cet énoncé. Un énoncé qui pourrait bien les servir, mais qui les fait aussi mal paraître.
En terminant, il est vrai que les véhicules d’occasion se paient plus cher à l’encan. On paie par exemple aujourd’hui plus cher pour une Dodge Grand Caravan 2020 que ce que l’on déboursait l’an dernier pour un véhicule de moindre kilométrage. Toutefois, l’augmentation est plutôt de l’ordre de 15% à 20%, selon le modèle. Du moins, pour des véhicules de grande série. Voilà un chiffre un peu plus réaliste.