Voitures usagées : près de 25 % plus cher même avec un haut kilométrage

Par Francis Halin et Maude Boutet

Alors que l’inflation atteint des sommets records au pays, le prix des voitures usagées vient d’exploser de près de 25% en l’espace d’un an, confirme une analyse de Statistique Canada.

« C’est historique. On doit remonter aux années 1940, à l’après-guerre, pour voir des autos d’occasion rares et chères », observe le président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), George Iny.

« Ceux qui ont 10 000 dollars pour acheter une voiture usagée vont se ramasser avec des véhicules de moins bonne qualité. Contrairement au neuf, il n’y a pas de prix de détail. Donc, le prix demandé sera plus élastique », poursuit-il.

Photo: La Presse Canadienne

Mercredi dernier, Statistique Canada révélait que le prix des véhicules d’occasion a bondi de 24,5% en l’espace d’un an, de mars 2021 à mars 2022.

En comparaison, pour la même période, les véhicules neufs ont bondi de 7%.

Impacts de la pandémie

D’après l’organisme, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement des puces à semi-conducteur et les fermetures d’usines liées à la pandémie continuent d’avoir un impact sur la fabrication de véhicules neufs.

« Cette évolution de la dynamique du marché a entraîné des hausses de prix plus importantes pour les véhicules d’occasion que pour les véhicules neufs », souligne Statistique Canada.

Photo: Honda

Selon Germain Goyer, producteur de contenu automobile pour le Guide de l’auto, des voitures québécoises sont aussi parfois envoyées chez nos voisins du Sud.

Concurrence américaine

« Les véhicules neufs sont rares, alors les gens gardent leurs voitures usagées. Les commerçants trouvent aussi plus rentable de les vendre parfois aux États-Unis », affirme-t-il.

« Même les véhicules qui ont plus de 15 ans se vendent très cher, comme des Toyota Yaris ou des Honda Civic », poursuit-il.

« J’ai vendu une Hyundai Accent 2009, de base, vitre à la main, avec 125 000 kilomètres au compteur, plus de 4000 $ à l’encan. Il y a un an, ça valait 2000 $ ou 2500 $ », partage Maxime Ménard, propriétaire de Financez-vous.ca, à Belœil.

Photo: WheelsAge

« Des Ford Escape 2008 à 2500 $ il y a un an se vendent plus de 4500 $ », ajoute-t-il.

Pour Robert Poëti, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), les personnes qui se sont éloignées du centre-ville durant la pandémie ont de nouveau besoin d’une voiture pour revenir au bureau.

Photo: Marcel Tremblay, Agence QMI

« Il y a des gens qui ont besoin davantage d’une deuxième voiture », dit-il.

« Une personne qui avait un véhicule neuf d’un an et demi se fait offrir le même prix ou un peu plus. L’équité positive, on n’a pas vu ça souvent », observe celui qui ne se souvient pas d’un tel marché dans sa vie.

Dur à justifier

Chez les vendeurs de voitures d’occasion, il devient de plus en plus difficile d’expliquer aux clients pourquoi les prix ont flambé de la sorte.  

« Ça devient dur de justifier le prix. La mécanique coûte plus cher en raison de la pénurie de main-d’œuvre, les pièces, les transports... donc, on se fait plus de profits avec le financement », déplore Maxime Ménard de Financez-vous.ca.
Photo: Photo courtoisie

Hier, Le Journal a parlé à plusieurs clients qui se sont montrés surpris de se faire offrir autant d’argent pour leur voiture usagée. 

L’un d’eux, qui avait payé 4600 dollars pour une voiture avec 110 000 kilomètres au compteur, s’est fait acheter sa «minoune» 1200 $ quatre ans plus tard, même si elle affichait un vénérable... 178 000 kilomètres.

–Avec la collaboration de Charles Mathieu

À voir aussi : comment expliquer la baisse de demande de camionnettes d’occasion sur le marché?

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